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Crise politique, justice et invective populaire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 28 - 08 - 2019

  Un directeur d'hôpital à Aïn Mlila a été sorti en plein jour de force de son bureau sous le silence pesant des services de police et des autorités judiciaires.
La vidéo du samedi dernier montrant cette intervention musclée de citoyens qui l'ont jeté dehors, choque les esprits. «La balaakal la oualou (ni doucement ni rien) » ont lâché les deux hommes qui sont rentrés dans le bureau du directeur pour l'en faire sortir par la force en l'accusant de « voleur et de mauvais gestionnaire ». Il est mis tout de suite après dans une voiture de police qui démarre en trombe sous les cris menaçants des citoyens. La scène est délirante. Elle rappelle que l'Etat est en déconfiture et l'absence de ses autorités et démembrements est devenue la règle face à la violence qui sévit quotidiennement à travers le pays. « Les maîtres d'hier découvrent la réalité amère des prisons, de la vindicte populaire et de l'inversion quasi géométrique des rôles, des places et des fonctions », a écrit le chercheur universitaire Mohamed Bahloul en réponse au message de vœux que son ami Taieb Hafsi lui a adressé à l'occasion de l'Aïd Al Adha. (Voir le Quotidien d'Oran du 17 août 2019). « Dans la société du TAG 3ALA MAN TAG où l'homme est un loup pour l'homme selon le bon mot de Hobbs, il y a dans le système qu'ils ont contribué à bâtir en architectes non avertis, cette loi implacable qui a fonctionné: les prédateurs tout puissants d'hier peuvent à tout moment devenir la proie d'aujourd'hui », a-t-il affirmé. Les propos sont lourds de sens. « L'inversion quasi géométrique des rôles, des places et des fonctions » dont parle le professeur Bahloul est aujourd'hui flagrante. L'on a bien vu ces citoyens agir en dehors de tout cadre légal, prendre de force un directeur d'hôpital, le livrer à des policiers (en civil) qui l'ont poussé dans une voiture de service pour l'amener l'on ne sait où. Après l'emmurement des entrées de mairies, de wilayas et d'autres institutions de l'Etat, les fermetures des rues, des routes et autoroutes, la destruction des biens publics et privés, les incendies volontaires des forêts et autres structures, bidonvilles et bâtisses abritant des services publics, les crimes d'enfants, d'adultes et l'enlèvement et le viol des femmes, c'est aujourd'hui une justice de la rue qui se substitue à celle constitutionnelle et légale qui est occupée à donner des numéros d'écrou à tous ceux qu'elle accuse de trahison ou de corruption et que Bahloul qualifie de «prédateurs tout puissants d'hier.»
«Nous avons besoin de comprendre»
La scène de l'hôpital de Aïn Mlila ne rassure en rien. Elle doit interpeller les hommes de lois, les politiques, les institutions de l'Etat notamment la DGSN dont les éléments ont participé à cet enlèvement qui ne dit pas son nom tant que les faits n'ont pas été expliqués et clarifiés par une instance légale. Tout comme l'a avoué le professeur Bahloul dans son texte, «nous avons besoin de comprendre, nous avons besoin d'éclairage ». La scène de ces citoyens qui se sont fait justice eux-mêmes par la force et la violence renseigne sur la gravité de la situation qui prévaut depuis février dernier, depuis le déclenchement de la crise politique. Sous le silence des institutions de l'Etat sur des faits aussi inquiétants, il est possible que les citoyens mettent en place des tribunaux populaires pour juger eux-mêmes tous ceux qu'ils accusent de faillir à leurs missions notamment de service public. Depuis février dernier, le pays tout entier est soumis à des pressions, des menaces, des actes de violence sans qu'aucune autorité ne trouve à redire ou n'interpelle la loi.
Au milieu de ce marasme effrayant, les politiques continuent de se bousculer devant les médias pour présenter leurs alternatives de sortie de crise dont une grande partie se télescopent dans le moindre de leurs détails. Tous ceux qui sont comptés dans le courant nationaliste, conservateur et islamiste (à quelques exceptions près) ont en principe adhéré au dialogue national, à l'idée d'une conférence nationale et à la tenue d'élections présidentielles «dans les plus brefs délais » après l'installation d'une autorité indépendante chargée de leur organisation, leur suivi et leur contrôle. La récente sortie médiatique du FFS pourrait être ce signe de révision de position des plus récalcitrants à cet ordre de mesures. Elle laisse penser que le pôle « démocratique » ou « laïc » qui s'identifie aux «alternatives démocratiques » commence à se fissurer. Le FFS sort complètement de ce lot pour affirmer qu'il n'a été associé «ni de près ni de loin, à la rédaction de la déclaration finale de cette rencontre (celle du samedi dernier à la safex ndlr), à laquelle il n'avait accepté de participer que parce qu'elle devait se limiter à des échanges dans le cadre du dialogue ». Dans leur déclaration finale, les participants à cette réunion ont annoncé l‘installation prochaine d'«une instance de coordination et de suivi chargée d'élaborer des propositions et de rapprocher les points de vue sur la base des documents du 15 juin, du 26 juin et du 6 juillet». Pour rappel, le document du 6 juillet constitue la plate-forme de Ain Benian à laquelle adhèrent tous ceux qui acceptent de dialoguer avec le panel. Le FFS se détache ainsi d'un groupement au sein duquel le RCD, son frère ennemi, joue un rôle prépondérant même si ses rangs vivent des dissensions profondes.
L'invective populaire contre l'Etat de droit
Ce groupement exige une période de transition illimitée sans institutions et la mise en place d'une assemblée constituante. Le chef d'état-major, vice ministre de la Défense, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah leur a signifié dimanche dernier à partir de la 2e Région militaire, son rejet de « toute période de transition périlleuse » et l'impératif d'organiser des présidentielles « dans les plus brefs délais ». Pour cette fois, il prévient que ceux qui veulent une période de transition «n'ont d'autres objectifs que l'aboutissement de leurs intérêts étroits et ceux de leurs maîtres(...) ». Il les qualifie de «quelques voix fourbes dont les intentions malveillantes sont bien connues, ayant vendu leurs âmes pour servir les intérêts de la bande et ceux de leurs maîtres» et dont l'objectif est d'«entraver le travail de l'instance nationale de la médiation et du dialogue». Il condamne le fait qu'«ils tentent notamment d'imposer des conditions irréalisables et des exigences rejetées dans leur totalité, notamment en faisant la promotion de l'idée de la négociation au lieu du dialogue et de la désignation plutôt que l'élection». En plus, ajoute-t-il, ils usent «de manœuvres flagrantes en portant l'attention sur des questions marginales et sans aucun intérêt, outre la tentative de diffuser des idées sombres qui condamnent le futur président et lui imposent des agendas préétablis». Pour lui, c'est «une pratique inacceptable, car incompatible avec les dispositions de la Constitution». Il promet qu' « ils commencent à être démasqués» et qu'il va divulguer «au moment opportun les informations confirmées de leur implication ». Le chef d'état-major de l'ANP déploie ainsi la feuille de route qu'il compte mettre en œuvre et ce quels que soient les agissements de ses détracteurs. Mais tout autant que tous les autres politiques, le général de corps d'armée semble radoter. Mis l'un à côté de l'autre, ses discours se suivent et se ressemblent à des exceptions près dans des situations bien précises. L'on se demande parfois à qui s'adresse Gaïd Salah et quel consensus attend-il alors qu'il sait que le pouvoir qu'il incarne depuis le 2 avril dernier dans toute son ampleur, a toujours eu comme opposants ces partis politiques qui refusent aujourd'hui de dialoguer avec le panel. «Les plus brefs délais » qu'il évoque pour la tenue d'élections présidentielles, semble se diluer dans cette anarchie ambiante et s'étale dans le temps sans qu'il ne lui soit fixé aucun délai. Pourtant, il pense toujours que «le temps n'est pas de notre côté». Il n'y a pas que « les alternatives démocratiques » qui parlent de transition. Le panel en a aussi évoqué une mais qu'il appose au futur président de la République. En plus de la charte d'éthique qu'il veut lui faire signer, il compte confiner son mandat d'élu dans une période de transition dont il n'a pas expliqué l'utilité.
L'on pourrait croire que le général de corps d'armée laisse le panel innover en matière de politique et se débattre pour mettre les jalons de résolution de la crise. Il attend de voir qui pense quoi avant d'agir avec fermeté comme il l'a fait pour l'application de l'article 102. Mais le tout se fait sur fond de menaces de désobéissance civile qui parviennent au pays d'au-delà des mers et trouvent leurs relais au sein du pays. La vidéo tournée à l'intérieur de l'hôpital de Aïn Mlila fait craindre le pire à cet effet. Ceux qui y figurent ont agi en dehors de toute procédure légale.
Il suffit de rien pour que ces actes de bandes révoltées se propagent pour consacrer l'invective populaire comme mode de gouvernance.


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