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Campagne électorale : le discours cosmétique
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 11 - 2019

Je dirais qu'en politique, de surcroît en pleine campagne électorale, le discours est autre que celui du pouvoir. Ferme, décisif. Il doit être mielleux et plein de mots cosmétiques, d'envolées de beauté et d'esthétique. Paroles de candidats, quoi !
Ceux qui font la différence entre un discours politique et un autre électoral sont les mêmes qui prennent toutes les herbes pour une bonne pharmacie. La langue de bois, d'aluminium ou de zinc persiste à habiter les cavités buccales de ceux qui estiment encore que le peuple n'est formé que d'une seule génération docile et molle. Qui remplissaient les salles, applaudissaient sans rien comprendre et sans aucun sentiment. Il y a eu le 22 février un grand soulèvement du peuple mais en vrai, ce soulèvement a tout pour être une révolution... d'une génération.
Mettre du velours dans le verbe
C'est en ce jour du 17 novembre, début officiel de la campagne électorale que les luettes vont s'imbiber certainement d'un tout nouveau langage si comme tiré droitement d'un kiosque à produits cosmétiques. Doux parfums, arômes de sainteté, ambre d'avenir ; celui-ci ainsi vêtu contredira totalement le vocabulaire d'il y a à peine 9 mois. Ni programme de sa majesté, ni ses directives et orientations, ni ses message-discours, rien de tout cela. Du leur, oui ; ils en feront chacun un programme prônant ce que prônait le défunt.
Il est difficile pour ces candidats de renouveler la charpente de leur langage ou de pouvoir puiser d autres formules que celles dont ils se sont habituées durant vingt ans. Les paroles habituelles les hantent encore, l'on y décèle toujours cet engagement passionnel et concurrentiel à l'égard du président déchu et la course du qui mieux que l'autre dira des inepties à faire dormir debout.
Mettre du velours dans leur verbe, sans omettre de citer après chaque virgule et avant le point final le messie national, le sauveur de l'Algérie, le père-moudjahid que l'on enrobe dans ce fameux « son excellence » était leur grande école de l'art oratoire. Ils ne peuvent s'en séparer du jour au lendemain. Ils ne peuvent nous réjouir d'un discours jamais entendu, sincère et émanent du cœur. Juste et pourquoi de ne pas dire un certain mea-culpa pour les uns d'avoir excellé dans l'excès des expressions d'obédience et de servilité et pour les autres de ne pas avoir dit ce qu'ils vont nous confesser.
Avoir été un produit de cette école établie sur un seul mode d'allocution, l'on devient involontairement avec bonheur un bienveillant bonimenteur, un prisonnier de phrases surfaites toutes tissées de fausses allégeances et mauvaise foi.
Cajoler le Hirak, blâmer à demi-mot leur système
La flatterie du Hirak, l'apologie de l'élan populaire et autres délices verbales vont aussi garnir la comédie de ces diseurs de 21 jours. Ils disserteront sur la justice sans aller aux commentaires des jugements actuels, sur le pouvoir et ses détournements sans aller à la pratique excédentaire qui s'exerce.
Croyez-vous que ces candidats oseront citer Toufik, Sellal, Ouyahia ou autres membres tombés sous le coup de la justice et avec qui ils ont pourtant officié aux affaires publiques et privées de l'Etat ? Vont-ils condamner nommément et blâmer ceux qui ont par accusation massacré et démantelé le pays ? Ou titrer à boulets rouges sur les députés qui viennent de « valider » des lois rejetées par ceux qu'ils comptent draguer ? Heureusement pour eux que les techniques du langage, chez ceux du moins qui savent les manier offrent des panoplies entières d'échappatoires, de détours et de raccourcis. Les nôtres en sont tous des spécialistes, ils vont le prouver sans pour autant convaincre. Enfin des simplistes techniciens toujours oublieux et amnésiques du VAR possible, audible et visible. Teboune disait être victime de la France et l'accuse d'ingérence par France 24 et absout la France officielle. Hilarité. De quelle France en Droit et en fait parle-t-il le Monsieur ? Lui et son congénère, Benflis, de la même fibre partisane, du même moule systémique, de la même unicité de vision ; ne peuvent comprendre une jeunesse écrasée par leur âge et emprisonnée dans un schéma qu'eux seuls voient actuel ou rénové. Difficile de changer de pli, lorsqu'on en a pris plusieurs le long de toute une carrière uniciste et monopolaire.
Nous aurons à entendre et voir des inepties, des mots volatiles couchés en programme qu'ils veulent comestible. Il va y avoir un silence sidéral autour des questions qui fâchent une partie ou une autre. La dimension amazighe ne pourra pas dévêtir les orateurs pour laisser libre cours à leurs profondes convictions sur le sujet. Ils vont en parler sur sa solennité constitutionnelle, sa place dans les constantes nationales, sans évoquer en bien ou en mal les « porteurs de drapeaux » leur condamnation par ci, leur relaxe par là.
Marx, Keynes, Mesdour et Semchou
Pour ce qui est rattaché au plan économique, quel est ce candidat osé qui aura toute l'audace nécessaire de déclarer mettre fin à la domination oligarchique qui a ruiné les caisses de l'Etat et ne s'est bâtie que sur la dépense publique et renforcer l'entreprise publique en la dotant d'une gestion moderne loin d'une entreprise ne faisant que du social ? La grosse trouille qui mine le pays au lendemain du 12 décembre, elle aura certes un habit politique mais au fond elle n'est que profondément économique. « Le pétrole est à enlever de nos têtes » disait récemment l'un d'eux. Tous pensent pouvoir dissiper cette trouille et échafaudent leur programme pour ce faire de phraséologies pompeuses et de volutes lyriques déjà lues chez tous les gouvernements qui se sont succédés. L'après-pétrole est un axe commun que se partagent tous les feuillets tenant lieu de programme pour un président qui ne verra, une fois élu que le baril et toujours le baril.
La diversification de l'industrie et l'intelligence économique avec toute la batterie des grandes théories tirées de Marx ou de Keynes, de Mesdour ou de Semchou, copiées d'Ankara ou Kuala Lumpur ne pourront convaincre un électeur qui ne cherche que la sincérité, le bon sens en plus d'un pain, d'un emploi et d'un toit. Oui, l'Etat a consenti d'énormes efforts pour l'amélioration de la qualité de vie citoyenne, des écoles, des logements, des routes et autres choses, le diront-ils en s'accusant cependant de ne pas avoir été à la hauteur des charges ministérielles endossées pour certains ? De leur passivité et complaisance sinon rétribution pour les autres ?
Distribuer le rêve, discourir sur ce qui paye et rapporte
Qui s'aventurera à citer Zoukh pour le replâtrage façadier de la capitale ou Sellal pour son programme d'eau Alger 7/7 ? Ils ne vont pas pour être dans l'estime de l'opinion critiquer personne par son nom en ne s'empêchant pas toutefois de faire des insinuations à des secteurs différents. Alors lancer des fleurs à l'un ou à l'autre qui sont en prison ou chuchoter leur innocence sera un suicide en direct. La négation et le reniement les gagnent déjà. Sinon qui n'a pas couru surabondamment avec ardeur et entêtement pour être dans la sainteté de Saïd Bouteflika, d'un général-major déchu ou d'un oligarque entremettant ? Dévoileront-ils les procédés de leur nomination, de leur parrainage ou de maintien en vie ? Ces choses là n'ont pas de mots pour être dites dans une campagne électorale. Distribuer le rêve, discourir sur ce qui paye et rapporte ; voilà le grand discours cosmétique que l'on croira plaire à l'assistance.
Recroquevillés sur leurs bornes collées encore au système, ils ne diront mot qui puisse faire rapidement un raccourci vers leur devoir raté à temps opportun pour dénoncer et décrier toute la gabegie et la forfaiture dont ils seraient témoins s'ils n'étaient pas acteurs d'une façon ou d'une autre.
La baraka des Saints et vitamine-jus
Les premiers jours de cette timide campagne avait connu des heurts. Ceci était prévisible. Tizi-Ouzou, Adrar, Tlemcen, Tindouf ou la grande poste ont inauguré le bal tant attendu par les anti-élections forçant à l'annulation de certaines rencontres. Est-ce là de la démocratie, entre nous ? Eux ne doivent pas pour autant se décourager ; ils ont la tête à cela. La liberté de pensée ou de croyance idéologique des uns ne doit en rien se différencier de celle des autres. Refuser l'ensemble des candidats retenus n'exprime pas en soi un refus de l'opération électorale. Il peut s'agir d'une non satisfaction des fondamentaux revendicatifs, à savoir le changement foncièrement radical du système. Ces candidats, chez certains représentent différemment ce même système qui aspire à se renouveler à travers eux. Ainsi les voit-on garder avec parcimonie et haute fausseté des distances avec un passé à forte répugnance. Chez les autres, qui ont tout de même le même droit de pensée et d'expression ces candidats imaginent un nouveau monde. Tant mieux.
Quel discours tenir face à un mausolée, face à un saint, un mort ? Juste pour La photo et la mise en confiance en sa baraka. Le geste sans palabres, avec éventuellement beaucoup de prières discrètes et invocations muettes estiment-ils fera impact sur toute la confrérie, les adeptes du rite et les gens de la région.
A-t-on atteint par ailleurs, tout en flattant le changement, le stade préliminaire de l'exécution de ce changement trop galvaudé et communément sacralisé ? Agir comme hier et essayer de ramasser quelques consentements par le jet de boîtes vita-jutées, n'est qu'une signature attestant que l'on est encore et toujours dans une pratique d'indigénat où la politique pervertit la bienfaisance et détraque la dignité.
Cette campagne qui se joue presque à huis-clos avec toutes ses trompettes nous aurait encore une fois démontré l'incapacité de notre effectif politique à inspirer par l'ingénierie de la parole et de la parole d'honneur des revirements extraordinaires et engendrer un engouement sans scrupule. Son défi reste à ramener les gens à lire et élire les programmes et le meilleur. Si programme y sont, y a-t-il un meilleur ?


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