Le gouvernement danois vient de prendre cette semaine une décision aussi indicible qu'imbécile comme seuls les extrémistes savent cuisiner. Il enjoint les demandeurs d'asile d'être d'abord parqués dans des «réserves indiennes» de pays étrangers réceptacles acceptant de les recevoir en attendant que les demandes soient agréées. Le pourquoi d'un dévolu sur ces pays est connu et il n'est pas un hasard si l'Erythrée, la Somalie ou d'autres vrais territoires où la misère sévit soient choisis. Le Danemark, pays hautement civilisé n'ignore pourtant pas que l'initiation de sa nouvelle procédure saugrenue n'est ni plus ni moins qu'un marchandage négrier où des êtres humains seront l'objet d'un troc esclavagiste que l'on croyait disparu à jamais. Des pays pauvres et dans le besoin s'impliqueront évidemment dans ce nouveau marchandage, disposés à récolter un pactole financier tombé du ciel. Le troc se fera sur le dos d'hommes, de femmes et d'enfants errants et désemparés victimes encore une fois par les vicissitudes que l'Histoire impose avec une perversité renouvelée. L'extrême droite danoise a eu raison des prétentions humanistes occidentales et les a fait revêtir de leurs réels habits pour que la grande démocratie souvent mise en avant avec une compassion feinte soit dévoilée telle qu'elle est. Avec la montée de l'extrémisme européen la puanteur des drames des derniers siècles passés remonte à la surface pour laisser apparaître les signes précurseurs d'un nazisme d'un nouveau genre. L'immigration est de plus en plus mise à l'index accusée de mettre la civilisation occidentale en danger. On a oublié que c'est la transhumance des êtres qui a été en grande partie le terreau des avancées civilisationnelles et que les émigrés sont les enfants des territoires où les instruments et les ressources du progrès ont été puisés sans retenue et souvent avec sauvagerie. Si d'aventure ces territoires prennent conscience de la nécessité de mieux capitaliser leurs fabuleuses richesses pour leur accorder une bien meilleure et profitable destinée, ceux qui crient à l'invasion se rendront vite compte que la malveillance de s'arcbouter sur leurs provisoires puissances est la meilleure manière de se suicider.
