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L'absentéisme, tout le monde connaît, mais sinon, le présentéisme, qu'est-ce que c'est ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 07 - 2021

Si l'absentéisme est un phénomène bien connu et relativement bien mesuré, le présentéisme ne fait pas encore l'objet d'une grande attention. Après avoir combattu l'absentéisme avec ferveur dans les dernières années, les gestionnaires devraient, maintenant, se consacrer à son autre pendant, le présentéisme.
En Algérie, on ne s'intéresse pas du tout, ou pas encore, à ce problème, et, partant, on a cumulé beaucoup de retard à ce niveau. Or, il existe bel et bien dans nos usines où il est largement répandu, celles, du moins, qui sont encore productives, et il a pris racine dans nos administrations, même les plus reculées, où le minimum de service public n'est pas assuré par la faute de préposés, pourtant bien présents sur leurs lieux de travail, voire, le plus souvent, en surnombre même.
Regardez, par exemple, nos postes, nos mairies et nos banques, où des chaînes interminables se forment sur un seul guichet opérationnel, pendant que les agents d'autres guichets, bien présents, bâillent aux corneilles et se tournent les pouces, à croire qu'ils sont étrangers aux lieux. Si on interrogeait les Algériens sur un panel, par exemple, de 100 personnes : «Etes-vous satisfaits des services publics, et est-ce que vous avez été victimes de la bureaucratie ?», leur réponse serait «oui» à 100% !
L'absentéisme, tout le monde connaît, nul besoin de disserter là-dessus. Ignorer, en revanche, la problématique du présentéisme, c'est le meilleur moyen de faire progresser la bureaucratie et d'exacerber l'impatience des administrés qui sont en droit de revendiquer un service public de qualité.
Doit-on continuer à aller au travail pour le meilleur et pour le pire et être au boulot physiquement et non pas moralement ?
C'est ce qui définit le présentéisme ! Pour clarifier ce paradoxe : l'employé se présente au travail, alors qu'il n'est pas apte (psychologiquement ou physiologiquement) à travailler. Il est présent physiquement dans l'entreprise, au bureau, voire même derrière son guichet, mais avec toutes les traductions du désengagement du salarié ou du collaborateur dans le projet de l'entreprise, ou le programme tracé par sa hiérarchie, ce qui peut entraîner, négligences ou erreurs. Expliqué autrement, on peut dire que le présentéisme est une omission de s'absenter, alors qu'on aurait une bonne raison de le faire.
Plusieurs exemples pour illustrer cette affirmation :
1. Celui qui a mis cinq années à trouver un emploi, même fortement enrhumé, il vient travailler. Ses motivations sont nombreuses : peur d'une sanction; peur d'être remplacé; refus de voir son revenu baisser; sentiment d'être indispensable.
Des chercheurs américains ont voulu savoir, par exemple, si ces travailleurs «au nez bouché» — ponctuellement moins productifs — apportaient, malgré tout, quelque chose à l'entreprise, en se penchant sur le cas de 375.000 salariés.
Résultat : un salarié malade et présent ne rapporte rien; au contraire, il coûte plus cher, car il est moins concentré sur la tâche et fait perdre du temps à ses collègues et à son employeur… sans compter le risque de contamination qu'il peut provoquer dans son sillage.
Cette étude, publiée en 2004, démontre que le présentéisme coûte, minimalement, deux à trois fois plus cher que l'absentéisme : quand le salarié est présent, c'est l'entreprise qui le paie en salaire, mais quand il est absent, pour cause de maladie, c'est la sécurité sociale qui lui verse ses indemnités.
Quand il est absent, sans motif, ce sont des jours de carence qui ne lui sont pas payés.
Le phénomène est à ce point généralisé pour que l'on considère qu'il y a plus de travailleurs malades au travail qu'à la maison.
2. Le travailleur présent mais non performant, à qui on demande d'être polyvalent, c'est-à-dire interchangeable est par extension anonyme. Il perd l'attachement à son travail, il n'est plus productif et son présentéisme, de son point de vue, n'aura pas d'impact sur l'entreprise ou l'administration dont il relève.
3. L'employé à qui on n'a pas assigné des tâches bien définies et qui «se roule les pouces jusqu'à la sortie», «c'est la faute au chef, dit-il, il ne m'a pas donné de travail».
En Algérie, loin de toutes ces préoccupations, on s'entête encore dans les administrations, ministères et autres collectivités locales à voir le problème à l'envers, parce que l'on pense, encore, que le présentéisme c'est le fait d'être au boulot, donc à l'inverse de l'absentéisme.
C'est une vérité à laquelle il faut tordre le cou. On pense l'avoir réglé grâce à la pointeuse ou à la feuille d'émargement. Erreur !
On est vraiment rivés sur l'absentéisme et ce qu'il faut éviter, c'est que des mesures destinées à l'éradiquer, qui sont parfois simples, entraînent une augmentation du présentéisme.
Ainsi, une autre étude menée dès 2009 au Royaume-Uni a estimé que les jours perdus attribués au présentéisme étaient 1,5 fois plus importants que ceux imputés à l'absentéisme. Chez nous, les absences et les horaires laxistes sont remarqués et négativement connotés et pointés. A l'inverse, la présence est d'autant louée qu'elle dépasse, le plus souvent, les normes exigées et paradoxalement on ne fait pas rimer absence avec constance (dans la production ou sur les idées). Etre encore à son poste à 20 heures est un signe d'abnégation et de forte implication dans son travail. Peu importe que la productivité de l'individu concerné n'ait pas été au top durant la journée.
4. L'instituteur qui n'a pas préparé sa leçon et qui demande à un élève de surveiller la classe pendant que lui, bien présent pourtant, papote avec un collègue ou discute au téléphone.
En réalité, le présentéisme est loin d'être souhaitable, car, en définitive, il est ravageur : qu'il soit le fait de salariés malades qui viennent travailler alors qu'ils feraient mieux de rester chez eux pour se soigner, ou de fonctionnaires zélés qui demeurent au bureau plus que ce qui serait, strictement, nécessaire, parce que, pensent-ils, leur carrière l'exige, comme sont enclins à le penser tous ces jeunes frais émoulus énarques. Or, un salarié «présent», en apparence seulement, dégrade la productivité d'une équipe, il finit par pécher par manque de concentration et son travail est à refaire.
De plus, les coûts liés au présentéisme - climatisation, chauffage, téléphone, internet, etc. - sont difficilement supportables et grèvent conséquemment le budget de l'employeur. Plus encore, et cet exemple nous vient de la haute administration, d'un ministère de souveraineté, où certains chefs obligés d'être présents au-delà de l'horaire légal après une injonction ferme de leur nouveau mais néanmoins dynamique ministre, n'avaient plus de nerfs et s'avèreraient, en définitive, incapables de diriger un staff ou une équipe, sans hurlements, insultes, humiliations, chantages et vexations. Tout cela, parce que ces messieurs avaient besoin de se défouler et qu'ils n'avaient plus aucun recul. Ces personnes représenteraient et représentent, assurément, un vrai danger psychosocial pour leurs subordonnés qui «sont au boulot, sans y être !». Ces derniers, oisifs par devers eux, ont d'ailleurs le sentiment qu'on leur a infligé des «heures de colle» comme dans les années du lycée.
Dans l'entreprise, l'idée qui prospère dans le milieu des cadres est celle qui les définit comme ceux qui ne pointent pas, qui n'ont pas d'horaires fixes, qui toucheraient un bon salaire…, et qui éteignent les lumières en partant.
Le seul pays en fait où cette notion est présente, c'est le Japon, où le cadre sort, dans les deux sens du terme, avec ses collègues de travail. Ailleurs, et aussi surprenant que cela puisse paraître, les champions des jours congés sont les pays nordiques rester au travail au-delà de 18h ou 19h, c'est mal vu, c'est louche. Ce serait plutôt révélateur de votre manque d'équilibre. On vous dira que vous négligez soit votre couple, soit vos enfants et ce n'est pas très sain, y compris pour l'entreprise. De ce qui précède, que faut-il faire pour résoudre cette équation : «absentéisme-présentéisme-rentabilité» ?
Par le passé, le Premier ministre a été rendu destinataire d'un rapport comprenant tous les éléments relatifs à l'accueil et à la prise en charge des citoyens et leurs problèmes, à l'information et à l'orientation des usagers de l'administration, à l'allègement des procédures, à l'amélioration de l'encadrement humain et à l'état des services et institutions publiques. En réalité, il s'agissait d'un ancien rapport qui a été «dépoussiéré» pour la circonstance. Du «déjà-vu», du «déjà-entendu» !
On l'a affublé du titre ronflant de «bonne gouvernance», thème qui a été par le passé tant et tant galvaudé, sans suite probante. C'est comme du sable qui vous glisse entre les doigts, il n'en est resté que quelques recommandations, aussi plates que redondantes, qui ont été vite remisées dans les tiroirs.
En conclusion, si l'absentéisme pourrait être combattu par des méthodes plus ou moins radicales, autant plancher sur le présentéisme, cet autre fléau qui gangrène le monde du travail, et impacte négativement les services publics.
Toute une réflexion à entreprendre, en vue d'aboutir à la mise en place d'un ministère en charge du service public, « transversal », qui se nourrirait des propositions qui seront portées par le département et institutions concernés pour mettre fin à l'impatience des administrés qui sont en droit de revendiquer un service public de qualité.


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