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Les tartufferies de la démocratie bourgeoise
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 12 - 2021

«Le suffrage universel ne me fait pas peur, les gens voteront comme on leur dira», a écrit lucidement le royaliste Alexis de Tocqueville (auteur du livre «De la démocratie en Amérique», par ailleurs laudateur de la conquête génocidaire de l'Algérie par la France. Ce qui prouve bien qu'on peut être un fervent partisan de la démocratie bourgeoise de l'homme blanc et, sans scrupule, un artisan de la conquête coloniale exterminatrice des «peuples de couleur»).
Selon les spécialistes, la démocratie serait le meilleur régime pour maigrir, à force de se nourrir d'espoirs déçus. Selon d'autres, la démocratie serait le meilleur sport pour muscler sa patience, patience jamais fatiguée d'attendre le miracle politique et économique se réaliser.
Selon d'autres, ce serait la plus belle conversion à cette religion des temps modernes : c'est la seule qui promet le paradis sur terre. En Algérie, où l'enfer a élu domicile depuis 1962, le peuple ne risque pas de se convertir à cette chimérique religion paradisiaque électoraliste mercantile. Lucidement abstentionniste, il préfère conserver sa foi en son authentique culte de la démocratie populaire, sociale et égalitaire, vivement établi sur sa terre édénique.
Selon d'autres, la démocratie serait le meilleur système mortuaire du vivant de l'homme : l'homme s'entraîne à enterrer régulièrement sa vie sociale dans l'urne funèbre électorale. En Algérie, où le peuple a été enseveli dès le lendemain de l'indépendance dans le cimetière de la tyrannie, les funérailles politiques font partie intégrante du funeste mode de scrutin organisé par le système.
Selon d'autres, la démocratie serait le plus sincère et loyal mariage de l'existence : l'infidélité est inscrite dans le programme politique. En Algérie, l'infidélité ou plutôt la trahison débuta avant les noces de l'indépendance, aggravée par le viol politique du peuple algérien commis par les révolutionnaires des frontières. Aujourd'hui, immunisé contre l'infidélité et la trahison, le peuple algérien aspire à contracter un authentique mariage institutionnel avec ses représentants légaux et loyaux, issus directement de son corps social sain couronné d'un esprit sain.
Selon d'autres, ce serait le plus bel et aveugle amour passionné témoigné à un inconnu : on offre son cœur à un politicien sans l'avoir jamais rencontré auparavant, ni le côtoyer après les épousailles électorales.
Selon les plus fins escrocs, la démocratie des riches serait la plus ingénieuse des escroqueries : c'est la seule « transaction » où l'on vous vend une marchandise (politique) sans garantie ni obligation de résultats. À l'exception de l'Algérie où l'on est tellement assuré des résultats du scrutin que les successifs régimes ne recoururent ni à une telle «transaction» électorale ni à une période de « transition » démocratique pour escroquer le peuple.
Selon la légende, la démocratie «est un mode de gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple». L'auteur de cette devise devait être en état d'ébriété le jour de la rédaction, expliquant l'enchevêtrement des prépositions lors de la transcription. La citation exacte est : la démocratie est un mode de gouvernement sans le peuple, au-dessus du peuple et contre le peuple.
Selon l'étymologie, le terme démocratie vient de la contraction des deux mots grecs Démos (peuple) et Krâtos (pouvoir, autorité) : apparemment, dès l'origine, les gouvernants n'ont retenu que le second terme comme principe de gouvernance, oubliant au passage le peuple.
On s'obstine à soutenir que la démocratie est un régime politique dans lequel la souveraineté appartient à l'ensemble des citoyens. Il serait plus exact de dire : la démocratie est un régime politique dans lequel l'ensemble des citoyens appartient à la souveraineté d'une classe - caste, oligarchie, monarchie, «militarocratie» (comme le prouve, à la faveur de la pandémie de Covid-19 politiquement instrumentalisée, la gouvernance autocritique instaurée subrepticement par le régime bonapartiste de Macron au vrai la majorité des Etats du monde qui dirige les citoyens français comme s'ils étaient ses sujets, gouverne la France comme si elle était sa propriété privée désormais au moyen de son Cabinet de défense, véritable chambre noire aux délibérations soumises au secret défense. Cet exemple de privatisation d'opacification du pouvoir, forme contemporaine de néo-patrimonialisme marquée par l'extrême personnalisation du pouvoir se répand dans de nombreux pays en proie au prurit totalitaire, caricaturalement illustré par la défunte gouvernance narcissique du président américain Trump qui, après avoir dirigé « Son » pays à coups de tweets personnels, refusa de quitter la Maison-Blanche, devenue à ses yeux sa propriété, et les Américains, ses sujets).
La démocratie serait la souveraineté citoyenne du plus grand nombre, mais exercée en vrai par l'Unique divin capital tapi dans l'ombre. La démocratie apparemment s'exerce en notre nom, mais on attend toujours qu'elle nous communique son prénom, pour nous permettre enfin de réellement la fréquenter, établir ensemble un véritable lien d'amitié, un partenariat fondé sur la fraternité, l'égalité, la dignité.
On nous martèle qu'on fait partie d'un peuple souverain, pourtant le souverain pouvoir ne fait pas partie du peuple. S'agirait-il d'une difformité politique ou d'une politique de la conformité? On prétend que, grâce à la démocratie, le citoyen obtient sa libération, pourtant il attend toujours de participer réellement aux délibérations.
La démocratie, prétend-on, est l'émanation de la volonté générale, mais exercée en vrai par l'unique volonté particulière d'un seul président, volontairement adossé à un Général qui, devant l'éruption menaçante du peuple, n'hésite pas, pour blinder sa démocratie caporalisée, à imposer son président garrotté, sa présidence bottée. La démocratie serait un contrat politique établi par le peuple avec le pouvoir pour gouverner la société, mais dans les seuls palais du pouvoir privatisé au profit de la classe dominante. La démocratie est la forme politique de gouvernement la plus accomplie de tous les régimes, prétend-on, mais une politique accomplie par le seul gouvernement imposant un régime sec à toute la société.
En démocratie, à chaque scrutin, on brigue notre bulletin, pour permettre à des requins de faire main basse sur notre national butin.
La démocratie permet aux politiciens de briguer régulièrement le suffrage des citoyens par l'obtention de leurs voix, mais à quoi sert la démocratie si elle ne permet jamais à ces mêmes citoyens de changer le cours de leur vie et d'emprunter une salutaire voie ?
La démocratie s'exercerait, selon ses laudateurs, en toute transparence mais la réalité nous prouve qu'elle use que d'apparence, étant entendu que les véritables décideurs sont l'occulte finance, embusquée dans les coulisses de son opaque gouvernance.
En démocratie, dit-on, l'élu remplit un mandat : aussitôt élu, il s'empresse d'aller encaisser le mandat dans toutes les caisses de l'Etat pour remplir royalement sa maison, oh pardon sa mission.
En démocratie, l'élu, dit-on, doit avoir politiquement beaucoup d'exigence mais, surtout, énormément d'allégeances.
En démocratie, la vie de l'élu est une sinécure affaire de mission, commission, soumission, compromission, prévarication, bassesse, indélicatesse, scélératesse, félonie, infamie, perfidie.
En démocratie, l'élu, dit-on, loyalement rend des comptes au peuple mais, surtout, peuple ses comptes royalement.
Paradoxalement, dans la démocratie, on ne nous implique jamais dans la construction des projets postélectoraux. On nous fait juste voter pour des candidats qui, une fois élus, s'empressent d'enterrer leurs promesses, en se fondant sur la maxime du grand philosophe démocrate Charles Pasqua : «Les promesses des hommes politiques n'engagent que ceux qui les reçoivent».
On se gausse des peuples primitifs qui remettent leur destin entre les mains des esprits seuls aptes à les aider à gérer leur vie. Les estropiés citoyens agissent-ils autrement en déléguant leur pouvoir politique à des mandataires dénués d'esprit ?
En démocratie, la logique de la délégation du pouvoir s'apparente à une forme de castration sexuelle infligée à soi-même : cela revient à se marier à la mairie puis à léguer « son épouse » (époux) définitivement au maire pour qu'il tire seul bénéficie des charmes inhérents au bonheur conjugal.
Le suffrage universel, dans une société capitaliste concentrationnaire, est un tranquillisant destiné, comme chez Staline moins hypocrite en matière de gouvernance despotique, à enfermer la contestation dans une camisole électoraliste réputée pour son pouvoir d'annihilation des manifestations de malaises sociales et des agitations politiques subversives.
L'Etat a toujours ses raisons de prendre un arrêt instaurant la démocratie, mais la démocratie capitaliste s'arrête où commence la raison d'Etat. En démocratie, si le peuple ne vote pas convenablement, on le refait voter (comme au Danemark à propos de Maastricht) ou on annule l'élection au nom, cyniquement, de la défense de la démocratie. Voire on dissout le peuple pour rendre à la démocratie sa vraie nature politique : sa viduité, sa vacuité.
«Le capitalisme, c'est la loi du plus salaud» ! Que peuvent donc la démocratie et le suffrage universel contre lui ?
Si voter pouvait changer le sort des citoyens, ce serait proscrit. Comme c'est un placebo politique, il est massivement prescrit. Fabriqué à base d'inoffensifs et démagogiques mots, tout scrutin n'a aucune chance de guérir nos sociaux maux. Au contraire, tels les frauduleux vaccins géniques ARN-m injectés indéfiniment dans notre organisme sans aucune garantie d'éviter ni la contagion ni la transmission, encore moins la mort certaine, les récurrents suffrages dolosifs, administrés dans le corps social par ailleurs meurtri par les injonctions despotiques et les injections antisociales distillées par les gouvernants, ne nous prémunissent ni contre la misère, ni contre la répression, encore moins contre la mort de notre liberté actuellement programmée par le grand capital en phase de fascisation.
La démocratie marchande, oracle des temps modernes érigé par le Dieu-Capital, a tellement perdu sa crédibilité que la bourgeoisie contemporaine est disposée à s'endetter pour payer les électeurs afin d'acheter leurs suffrages aux fins de perpétuer la mystification électoraliste, la croyance citoyenniste. Même les Etats compradores de nombreux pays, réputés pour leur séculaire idolâtrie de la dictature, se sont convertis pieusement à la religion de la démocratie bourgeoise, depuis qu'il ont découvert le fabuleux pouvoir de subjugation des mascarades électorales, renommées pour leur inefficience politique, leur impuissance économique, leur force de dévoiement de la conscience de classe, leur pouvoir d'inhibition des revendications sociales, leurs vertus en matière d'érosion de la combativité, leur efficacité au plan de la neutralisation du peuple en révolte.
C'est comme pour le travail, la classe dominante nous serine que travailler c'est bon pour la santé. C'est pourquoi elle s'est toujours ingéniée à l'abandonner aux seuls prolétaires pour mieux profiter démocratiquement de son oisiveté lucrative, de sa paresse prédatrice, de son inactivité prospère.
En démocratie, les patrons, paradoxalement, sont les seuls dirigeants à ne jamais être élus par les citoyens. Pourtant, l'établissement professionnel est le lieu de production au sein duquel s'écoule et s'écroule presque un demi-siècle de notre vie laborieuse à produire des richesses curieusement accaparées par d'autres (la classe possédante des moyens de production). La démocratie s'est installée dans tous les espaces honorifiques de la société, mais jamais dans ces honorables espaces de la production de la vie : l'économie, cette instance de création de richesses privatisées au seul profit de la classe régnante.
La bourgeoisie préfère la lutte électorale à la lutte des classes ; la bataille soporifique des scrutins au salvateur combat mutin.
Avec la démocratie, l'exercice électoral se limite à donner dans l'anonymat sa voix. Quand, enfin, déciderions-nous à reprendre de la voix et prendre nous-mêmes la parole afin d'exercer publiquement notre pouvoir décisionnel pour imposer notre voie au sein de nos propres institutions politiques novatrices bâties par nos luttes libératrices, au cœur de nos collectives instances économiques et sociales égalitaires érigées par nos glorieux combats émancipateurs ?
La démocratie bourgeoise est affligée d'une stérilité congénitale. Même les choix électoraux les plus audacieux (Podemos en Espagne, Syriza en Grèce) se révèlent impuissants à engendrer la moindre réforme avantageuse pour les électeurs prolétaires, pourtant révolutionnairement courtisés par un programme supposément subversif, mais en vérité corseté par le capital ou garrotté par l'armée.
En réalité, dans notre société démocratique formelle, le suffrage universel est partout, mais la réelle démocratie sociale nulle part.
Un homme digne ne s'avilit pas à choisir «ses» maîtres, mais se dresse pour les destituer.
L'Histoire retiendra plus tard que la société démocratique capitaliste aura été la seule structure sociale où ses citoyens auront cultivé la servitude volontaire jusqu'au délire d'élire eux-mêmes intrépidement leurs propres maîtres.
Il est plus facile de ramper vers une urne électorale que de se lever comme le « Che »1 (ou comme les glorieux martyrs Larbi Ben M'hidi, Abane Ramdane, Ali La Pointe) pour ensevelir les cendres de l'ordre existant (colonial, impérialiste, capitaliste : tous trois synonymes, convergents) dans l'urne mortuaire de l'Histoire.
Le vote, c'est ce que concède le capital (l'Etat des riches) au vaincu pour qu'il accepte sa défaite sociale, son abdication politique, son assujettissement économique, mais, bien sûr, dans la dignité électorale démocratique et l'honorabilité constitutionnelle bourgeoise.
Jamais une transformation sociale n'a jailli des urnes « démocratiques ». Les urnes électorales bourgeoises représentent les réceptacles mortuaires des vivantes luttes sociales. Les luttes sociales s'enterrent quand l'Urne électorale leur sert de programme politique, programme qui a le goût macabre des cendres révolutionnaires immolés sur l'autel de la démocratie capitaliste. «Les enfants croient au Père Noël, les adultes votent», Pierre Desproges.
1. Ernesto Guevara (1928-1967), plus connu comme «Che Guevara» ou le «Che», révolutionnaire internationaliste sud-américain.


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