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La politique contre la ville ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 20 - 01 - 2022

L'erreur monumentale que commettait1 notre pays (est-ce par stratégie ou pas ?), c'est de soumettre nos urbanismes au bon vouloir des walis (en plus de distribuer des logements sous les caméras, certains agissaient du temps du Président déchu comme de véritables administrateurs civils des communes mixtes du temps de la colonisation et peut-être plus2), d'en faire des faiseurs incontournables de villes alors que ce n'est pas leur rôle.
L'erreur c'était de persister dans ce choix antidémocratique, et de préférer en général la décision discrétionnaire, désincarnée, arbitraire, répondant à des intérêts politiques et populistes, à la décision des élus (le Président de la République est un élu !) et souveraineté du peuple.
Le résultat c'est que tout le monde s'improvise aujourd'hui en faiseur de ville, et qu'il semble presque impossible d'orienter le développement urbain vers un véritable projet d'urbanisme. En périphéries des villes (/villages) européennes, c'est impossible de parler de paysages urbains puisque la mauvaise qualité domine, nous amenant d'ailleurs à faire dans le néologisme en évoquant la 3 vue urbanismique3 3 en guise d'exprimer un état de fait de la production en urbanisme.
L'urbanisme en Algérie se confond gravement avec la production massive du logement social dont on nous annonce régulièrement la distribution dans les pages de la presse nationale, sur fond d'inexistence avérée de stratégie d'aménagement et ménagement des territoires4.
Dans les conditions actuelles, il n'est pas possible d'envisager un urbanisme réfléchi pouvant prendre racines dans les réalités sociales, culturelles mais surtout économiques le plus souvent informelles. Ce serait un geste d'espoir de créer des centres de prospection -recherche et application en urbanisme, qui jouent un vrai rôle de conseil et pourquoi pas de partage de décision, en étant d'abord une plateforme démocratique qui associe tout le monde à la réflexion et production de l'urbanisme local.
L'urbanisme algérien est multi-polarisé, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas que de la volonté d'Etat. L'Etat est faible ; la preuve est l'impossible application des règles des plus basiques pour la production d'un 3 urbanisme cohérent3 (?)5. La grande trouvaille et très récente consiste à faire monnayer l'illégalité urbaine contre une régularisation qui certainement sera dangereuse pour l'espace public ou encore une fois ce qu'il en reste comme j'ai l'habitude de le répéter pour la société locale.
Avec du recul, je pense comprendre les choix de l'Etat algérien des années 1970 qui persistent à nos jours. Le choix du grand ensemble constituait dès le début pour nos dirigeants la meilleure façon de ne pas s'encombrer de la liberté et opiniâtreté des architectes, et c'était même un choix naturel à la suite de la reconduction très politique du plan de Constantine 1958 et l'esprit d'autoritarisme qu'il portait (c'est une hypothèse que d'autres ont formulée avant moi). C'était aussi la solution pour éviter/ignorer de s'inspirer de la force d'esprit de la ville européenne qui continue à fabriquer des citoyens parmi ses habitants, alors que les périphéries algéro-algériennes encouragent à l'informalité urbaine et à fabriquer de la contre-citoyenneté. Des institutions d'Etat résident encore dans l'héritage du Plan de Constantine et il est même préférable qu'il en soit ainsi eu égard aux productions médiocres actuelles.
Par ailleurs le caractère émietté (les blocs d'habitations collectives sont dispersées hasardement dans la zone d'habitat) du grand ensemble algérien a autorisé toutes les formes de dérive urbaine, de la maîtrise de l'ouvrage, de la maîtrise de l'œuvre et de la population habitante et à telle enseigne que nous voyons des commerces autorisées dans des appartements des RDC6, des extensions et avons vu des ensembles de constructions de bric à brac dans les espaces non bâtis qualifiés par facilité d'espaces libres.
Autrement dit, nous suggérons que l'échec de l'ensemble algérien tient aussi à la pauvreté du dessin, son inconsistance en termes de projet, une attitude justifiée par l'impératif de la technologie de construction utilisée7. En ce sens, j'ai plusieurs fois dénoncé le caractère orthonormé des blocs d'habitations collectives que la promotion immobilière privée n'a pas déjoué sauf quelques rares exceptions qui ont donné la part belle aux commerces et d'autres activités privées aux RDC.
Les ensembles algériens ont pour nom des chiffres désignant le nombre de logements comme s'il était question de démontrer les performances de construction des autorités et des noms de martyrs qui certainement n'auraient pas voulu voir leurs noms attribués à des cités n'ayant aucune qualité architecturale ni urbaine8. De la même manière c'est toujours tendance d'entendre certains professionnels faire les louanges du chemin de grue qui a permis la construction des programmes ZHUN9 au lieu de déplorer leur caractère parmi d'autres, ghettoïsant depuis le passage d'un wali qui s'est mis à les border avec des murets d'une laideur avilissante.
Cette pauvreté du projet d'urbanisme algérien se traduit terriblement dans l'habitude de la laideur devenue quasiment une norme nationale. Les programmes formule AADL10 (formule détournée de ses objectifs initiaux selon un ancien Président d'Ordre des Architectes) par leur misère architecturale et pauvreté urbaine du quatrième périphérique d'Oran, témoigneront sûrement longtemps de l'incapacité de nos dirigeants de ces vingt dernières années, d'imaginer des cités paysagères qui logent l'être et qui ne soient pas seulement que des satisfactions de demandes chiffrées de logements distribués en guise de contenir la grogne populaire.
C'est certain que la décennie 1990 qui a fait l'effet de goulot sur la société algérienne, et qui a été le théâtre de dilapidations inédites de foncier agricole dont de nombreux acteurs sont restés impunis (cas de Bir el Djir à Oran), a accéléré cette tendance de la « politique contre la ville » et l'a même consacrée au plus haut niveau de l'Etat.
En effet, cette décennie goulot (ayant engendré une autre société de moins en moins républicaine) n'a fait que conduire à la reproduction/reconduction tout en l'accentuant du discours de l'urgence, de la priorité dans le domaine de l'urbanisme, mais dotée d'une plus grande vélocité et une érosion de fait des savoir-faire/penser de la ville. En d'autres termes, sous l'effet désastreux de la décennie goulot, la société a changé, mais la politique n'a pas changé puisque les mêmes mécanismes de production (comportements et «règles issues de la pratique») de l'urbanisme antidémocratique persistent et persévèrent.
11 Cette phrase est un sujet en soi malgré son caractère laconique et caricatural en raison de l'urgence de bien faire puisque le 3 mal faire3 s'est imposé en tradition aussi bien dans le secteur public que privé.
Notes :
1- On ne peut pas ignorer la volonté politique actuelle de valoriser la représentation locale.
2- Nous devons nous poser plus que sérieusement la question de pourquoi les dirigeants algériens ont du mal, beaucoup de mal, à remettre les walis dans leurs prérogatives de base, et valoriser les élus locaux ce qui serait valorisant pour le pays et son image, et bien sûr un véritable gage de démocratie puisque les populations locales manifesteront dès lors leur mécontentement directement auprès de leurs interlocuteurs directs, c'est-à-dire les élus locaux et à leur tête le maire.
3- Par souci de remplacement plus adapté à la réalité urbaine de l'expression paysage urbain qui demeure méliorative.
4- Cette phrase est un sujet en soi malgré son caractère laconique et caricatural en raison de l'urgence de bien faire puisque le 3 mal faire 3 s'est imposé en tradition aussi bien dans le secteur public que privé.
5- J'ai rajouté ce point d'interrogation pour signifier l'intérêt, pas nécessairement de définir, mais d'expliquer ce qu'est un urbanisme cohérent dans une publication ultérieure.
6- Ceci étant je comprends ces habitants qui n'ont pas d'autres choix de survivre en la disparition soutenue des politiques sociales mais aussi leur inexistence depuis quelque temps dans certains secteurs (flambées des prix).
7- Emile Aillaud a dessiné des ensembles qui sont à la fois de véritables projets d'architecture et d'urbanisme. Je cite la cité des Courtillières dont l'espace intérieur est destiné d'abord aux jeux imaginés pour enfants, mais aussi le quartier de Picasso où je me promenais étant doctorant à Paris et qui je dois dire me faisait rêver par son caractère urbainement artistique.
8- C'est aussi intéressant de prêter attention à la toponymie des promotions immobilières privées : Zianides, Riad, etc., appellations plutôt fortuites mais surtout manifestant la glorification d'un passé victorieux qui laisse des traces tangibles dans la culture populaire, ou rappelant ce qu 'il y a de plus espéré dans la culture religieuse comme le paradis. Hypothèses et suggestions à étudier. La véritable question : est-ce qu'il y a un lien entre l'architecture et la toponymie de l'architecture-objet ? (en posant cette question je pense à l'Institut du Monde Arabe à Paris...)
9- S'agit-il en réalité de projets d'urbanisme sans vision ou de projets politiques tout court ? La question il faut bien la poser sérieusement malgré son caractère naïf.
10- Agence de l'Amélioration et du Développement du Logement


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