En raison de la flambée des prix des produits agricoles sur le marché mondial, l'Etat algérien a mis en place un dispositif de soutien et d'appui à la production agricole, notamment pour les produits stratégiques, à l'instar des céréales et du lait, selon Ali Zoubar, chargé de la direction de régulation et du développement des productions agricoles au ministère de l'Agriculture. L'intervenant, qui était hier l'invité de la radio nationale Chaine 3, a affirmé que l'objectif principal de ce dispositif est de réduire les coûts sur les producteurs et les consommateurs suite à cette flambée des prix de toutes les matières premières au niveau international. «On assiste à une augmentation vertigineuse des prix de tous les produits, mais aussi de celui du fret. C'est la conjugaison de plusieurs facteurs qui en est la cause, à savoir la crise en Ukraine, la pandémie du Covid-19, mais aussi les changements climatiques», a-t-il expliqué. Selon M. Zoubar, le ministère de l'Agriculture élabore une note de conjoncture hebdomadaire sur l'état des marchés mondiaux des produits comme les céréales et la poudre de lait. «Notre département ministériel suit d'une façon permanente l'évolution du marché, notamment celui des céréales et du lait », dit-il. Interrogé sur les «récentes mesures» accordant des marges plus importantes aux producteurs de lait en sachet, aux distributeurs et aux détaillants, Ali Zoubar rappelle que la structure de prix du sachet de lait pasteurisé, établie en 2001 puis révisée en 2016, tenait compte de «toutes les charges» des intervenants. «Mais actuellement, compte tenu de l'envolée des prix, notamment du polyéthylène (matière plastique pour la fabrication du sachet, ndlr), la structure du prix du litre de lait pasteurisé en sachet a fait l'objet d'une révision. Celle-ci accorde 1 dinar (par litre, ndlr) pour les transformateurs, 2 dinars pour les distributeurs et 2 dinars pour les détaillants. Tout en gardant inchangé le prix du sachet de lait à 25 dinars». Interrogé également sur l'envolée de la facture d'importation de la poudre de lait qui a atteint 1,2 milliard de dollars en 2021, l'intervenant rappelle que ce montant «représente la totalité des importations de poudre de lait, à savoir l'ONIL et les opérateurs privés». Cette quantité «concerne toutes catégories de laits». «Il ne s'agit pas seulement de lait en sachet, mais tous les dérivés laitiers comme les fromages, les yaourts...», a-t-il précisé. A propos de «production nationale de lait de vache», l'invité de la radio affirme qu'elle «est développée» avec «toutes les contraintes que l'on sait», citant l'alimentation animale qui connaît des difficultés en «raison de la sécheresse depuis quelques années». «La sécheresse a impacté énormément cette filière, mais également la fièvre aphteuse qui sévit de puis 2014, impactant la production nationale», affirme le même responsable qui a annoncé un «ajustement» en cours du dispositif de développement de la filière. Blé: réserves suffisantes Concernant le volet céréales, l'intervenant a affirmé que l'Algérie détient des réserves suffisantes en blé, et ce, grâce au travail qu'effectue l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), «qui a ses clients et sa part dans le marché mondial ». Selon lui, le changement du cahier des charges de l'OAIC par le ministère «a permis de trouver facilement le produit à l'international et au moment voulu, en augmentant la liste des fournisseurs sans trop d'exigences comme c'était le cas avant ». Interrogé sur la prochaine campagne de moisson-battage, qui a commencé au Sud du pays et qui s'étalera jusqu'au mois de juin concernant le Nord, M. Zoubar estime qu'elle sera différente par rapport aux années précédentes, puisque des mesures visant essentiellement à collecter toute la récolte ont été prises. « Il y a tout un travail d'accompagnement qui est en train de se faire, notamment avec nos collègues du ministère de l'Intérieur. Ce qui va, d'ailleurs, nous permettre de collecter presque la totalité de la production, contrairement aux années précédentes. C'est un peu la particularité de cette campagne», explique-t-il. Le ministère de l'Agriculture compte, avec cette démarche, collecter 2,2 millions de tonnes de blé toutes espèces confondues pour cette année, affirme M. Zoubar qui prévoit une bonne récolte en blé dur, plus cher à l'international.