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L'ISLAM EN QUESTION(S)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 05 - 2022


Livres
Mon Islam, ma liberté. Essai de Kahina Bahloul. Koukou Editions, Alger 2022. 199 pages, 1500 dinars
Certes, c'est la première femme imame à diriger une mosquée en France (son premier prêche a été donné en février 2020... juste avant que le président Macron ne lâche le nouveau terme de «séparatisme»... («Encore un énième reproche qui vient rallonger les tristes qualificatifs accolés à ma religion ces dernières décennies...» (p173), mais ce n'est pas une première dans l'histoire. Dans plusieurs recueils de la tradition prophétique des hadiths, on rencontre une femme imame, Oum Waraqa. On a plusieurs imams femmes dans les pays occidentaux (Etats-Unis, Canada, Angleterre, Danemark, Allemagne...) mais aussi en Chine... depuis le XVIIIe siècle.
C'est la voie choisie par Kahina Bahloul. Diriger les prières et enseignante au niveau d'une mosquée n'est pas chose aisée. Peut-être même à la limite dangereuse. Au minimum, elle recueillera critiques et insultes quand ce ne sont pas des menaces. Heureusement, elle est à la hauteur de son prénom et de la maîtrise de ses classiques religieux. Avec une grande préférence pour l'œuvre d'Ibn ‘Arabi («Al-Futûhât al-Makkiyya» et «Turjuman Al Ashwaq»), le grand mystique andalou (dont le plus célèbre et le plus fidèle interprète a été l'Emir Abdelkader et ceci transparaît dans l'universalisme et l'humanisme qui caractérisait ses écrits, sa spiritualité et son action d'homme politique). Bref, le soufisme.
Le soufisme a, globalement, une opinion favorable des autres religions en raison de chaque individu de sa vision libérale. Il accorde, en outre, une importance primordiale à l'expérience intérieure de chaque individu et privilégie une approche relativement non dogmatique de la religion musulmane.
L'Auteure : Première femme imame en France. Née d'un père algérien de Kabylie et d'une mère française, elle a grandi en Algérie au plus près de la montée de l'intégrisme islamiste (1991-2002). Spécialiste de la mystique musulmane et plus particulièrement de l'œuvre d'Ibn ‘Arabi, elle décide de s'engager plus activement à la suite des attentats terroristes (en France) de 2015. Elle fonde en 2019 la mosquée Fatima d'inspiration soufie ouverte aux femmes... voilées ou non.
Table : Introduction/ Première partie : Le retour aux sources/ Deuxième partie : Pour une réforme aujourd'hui/Troisième partie : Pour un Islam spirituel/ Conclusion/ Notes/ Bibliographie.
Extraits : «L'islam aujourd'hui plus qu'à toute autre époque se caractérise par une inflation des lectures normatives centrées sur l'interdit et le permis, l'amputant ainsi de toute dimension spéculative ou mystique (p37), «Ce qui pose problème aujourd'hui, ce sont les lectures patriarcales du texte sacré, faites par des hommes ayant évolué dans des traditions misogynes où le rôle de la femme se limite à la sphère domestique (p114), «Le soufisme, courant spirituel de l'islam, a globalement une opinion favorable des autres religions en raison de sa vision libérale» (p137).
Avis : Pour un Islam moderne et libéral. Pour un Islam affranchi des peurs et des scléroses...C'est ce que l'on retrouve dans cet ouvrage franc, courageux et précis dans ses démonstrations.
Citations : «La foi ne s'hérite pas, elle s'acquiert, elle s'embrasse de plein gré, par un assentiment profond du cœur .Il n'y a rien de plus exigeant vis-à-vis de la liberté que la foi. Elle ne supporte ni contrainte ni coercition» (p10), «Sans le doute, aucun processus de recherche ne peut être entamé, que rien ne peut être désiré et découvert (...) Le doute et le questionnement suscitent, alimentent et renouvellent la foi à chaque instant, ils la gardent vivante et en mouvement» (p13), «Isoler la cause féministe des autres combats humanistes est souvent un prétexte pour les disqualifier» (p93), «Le discours des intégristes est un discours totalitaire et essentialiste. S'il y a une seule femme sorcière, elles le deviennent toutes...» (p118), «Ne demandez jamais quelle est l'origine d 'un homme, interrogez plutôt sa vie, ses actes, son courage, ses qualités et vous saurez qui il est» (Emir Abdelkader cité, p 163).
La boîte noire de l'Islam. Le sacré et la discorde contemporaine. Essai de Amin Zaoui. Tafat Editions, Alger 2018, 500 dinars, 155 pages. (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel)
Pas si drôle que ça, le titre de l'essai. Tragique même. Car un avion qui a perdu sa «boîte noire» est un appareil qui, de toute évidence, s'est écrasé, emportant avec lui, dans un «autre monde» la quasi-totalité, sinon la totalité de ses passagers.
Mais que s'est-il donc passé ? Depuis quelques siècles, en matière de religion en général et d'Islam en particulier, chacun y est allé de son approche, de ses analyses, de ses observations, de ses critiques... et, depuis quelques décennies, la cogitation n'a fait que croître.
Un phénomène naturel ! La disparition des colonialismes classiques alors bien visibles, l'apparition de substituts moins présents mais plus pernicieux comme la mondialisation, la globalisation... et, surtout, l'«invasion» des nouvelles technologies de la communication qui a entraîné de nouvelles formes de vie culturelle et cultuelle... Elles ont donc relancé les débats... puis des ««conflits» que l'on croyait oubliés ou à jamais enterrés, d'où de nouvelles interrogations et d'autres recherches, analyses et propositions. Des plus sérieuses aux plus farfelues. Des plus compréhensives aux plus intolérantes. Des plus pacifiques aux plus belliqueuses.
L'auteur, qui n'en est pas à sa première incursion en la matière, a emprunté (plutôt, a continué) une voie qui est, peut-être, la plus simple et la plus porteuse d'espoir d'un «vivre ensemble» selon sa foi, dans le respect de la loi... et surtout dans la tolérance et l'amour du prochain. Pour le plus grand bien-être de la collectivité.
Il n'y va pas par quatre chemins (et ce qui est le plus pédagogique quand on vise le plus large public) pour se (nous) sortir de la «boîte noire»: ne plus vivre en otage d'un côté par la chariâa et de l'autre par les ulémas de cette chariâa.
Pour lui, la chariâa islamique n'est autre que des interprétations temporelles (d'ailleurs contestées et sources de conflits et de différends, pour la plupart sanglants) des textes sacrés, des lectures controversées réalisées par des êtres humains. Des «Ulémas» (traduits par «Savants» bien qu'ils n'aient rien inventé, «moulins de la rhétorique»... ce qui a amené une historienne, je crois, à utiliser le mot de «Sachants»), certes... mais qui «avec le temps qui passe et l'ignorance qui s'installe» se sont métamorphosés en gourous.
Ajoutez-y les intrigues pour la subordination de la chariâa à la politique et aux politiciens au pouvoir (ou à sa prise) et l'on commencera à déchiffrer -difficilement et à v(n)os risques et périls- la «boîte noire».
Au total, plus d'une cinquantaine d'articles et autant de sujets. Des chroniques sociétales et cultuelles ? Des articles critiques ? Plus que ça. Des pensées (des «dits») raisonnées qui prennent leur source dans une vaste culture religieuse et une observation multi-directionnelle des terrains.
Quelques exemples: Le racisme («l'homme noir dans l'imaginaire musulman»), la «boîte noire de l'Islam» (une personne... Abou Hourayra), l'athéisme, le terrorisme, les musulmans, leur Livre et les livres, les imams, l'amour, le fatalisme (au pays d'inch'Allah»), le voile islamique, l'islamisation en Kabylie, les juifs maghrébins, le juste milieu, La Mecque, Le halal et le haram, le citoyen et le croyant, le corps féminin, l'école coranique, la poupée Barbie, patrie et religion, l'humiliation des femmes berbères... par un calife omeyade, la colonisation turco-ottomane (1515-1830), la haine (structurée et graduée... contre la femme, contre le juif, contre l'Occident, la laïcité, l'athée, le communiste, les droits de l'homme, le temps)...
L'Auteur : Né en novembre 1956 à Bab El Assa (Msirda/Tlemcen). Etudes primaires au Maroc, Lycée à Tlemcen, Université d'Oran, Docteur d'Etat à Damas, Enseignant de littérature puis Directeur du Palais des Arts et de la Culture d'Oran et de 2003 à 2008, Directeur général de la Bibliothèque nationale d'Algérie (un «Âge d'or» selon moi, mais vite étouffé)... Ecrivain bilingue (arabe et français), auteur de plusieurs ouvrages (des romans, des essais, un beau livre...) dont certains traduits dans plus d'une dizaine de langues... chroniqueur de presse...
Extraits : «L'époque des lumières de Tolède musulmane fut un exemple du «vivre ensemble». Dans cette ville, plutôt cette principauté, vivaient en harmonie les juifs, les chrétiens, les musulmans et non-croyants, faisant de leur cité un espace de respect et d'échange. Et cette vie en commun, avec sa diversité religieuse et culturelle, a engendré un mode de vie exceptionnel et harmonieux dans l'histoire de l'Andalousie musulmane» (p 21), «Critiquer l'islam radical, en Europe, cela signifie que vous êtes automatiquement taxés d'islamophobe... Critiquer l'islam radical en terre d'Islam, dans le monde arabo-musulman, cela signifie que vous êtes un aliéné» (p 22), «L'Algérie a vécu deux épreuves historiques consécutives : le mal de la colonisation orientale et celui de la colonisation occidentale. Notre peuple a goûté aux deux recettes !! Shawarma et Omelette !» (p 139), «Sans la réconciliation avec notre patrimoine local et universel de rationalité, le fanatique prendra le dessus par rapport à la critique, le féqih vaincra le philosophe, le charlatan battra le scientifique, l'hypocrisie voilera la sincérité » (p 144).
Avis : Un livre pamphlet écrit rageusement par un intellectuel vrai, bien ancré dans le réel... par un homme fidèle à son engagement et un auteur fidèle à son style. Avec une plaidoirie solidement argumentée et courageuse en faveur des valeurs de la citoyenneté («la religion commune dans une société moderne»)... avant tout... «la patrie étant plus vaste que la religion».
Sur le plan de la forme, beaucoup de coquilles. Dommage ! Ce qui est certainement dû à une certaine précipitation dans l'édition... et les auteurs devraient automatiquement et sans complexe s'astreindre (ou demander) l'épreuve des corrections avant tout B.a.t et impression.
Citations : «L'athéisme est le miroir fidèle de la foi. Il n'y a pas de foi sans la présence de l'athéisme. Une présence chez l'individu ou dans le collectif. L'athéisme n'est pas l'équivalent de l'égarement ou de l'erreur. Il est l'image humaine d'un état de questionnement éternel» (p 19), «Dans la religion des salafistes, on parle beaucoup de sexe, mais rien sur l'amour» (p 44) , «Dieu n'habite pas La Mecque ; il habite les cœurs pleins d'amour et d'adoration» (p 73), «Lire, c'est chercher à multiplier sa vie individuelle par le nombre de livres lus» (p 77), «Dans le monde arabo-musulman, la seule guerre qui, depuis quinze siècles, arrive à faire rassembler tout le monde, c'est celle déclenchée contre la femme» (p 93), «Notre société a perdu l'islam en adoptant l'islamisme» (p 124), «Si l'Histoire est un rouleau compresseur, les intellectuels sont les faiseurs de cette Histoire. Par la raison, par la lumière, par la science, ils font bouger les lignes de l'interdit, reculer la zone de l'ignorance et de la peur et élargir le champ de la liberté de pensée» (p 129), «La société arabo-musulmane vomit tout respect à la notion du temps. Elle n'a aucune estimation, aucune considération pour le temps, parce que le temps est lié au travail, parce que le travail est lié au capital, parce que le capital est l'image du juif et de l'Occident athée...» (p 152).


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