J'avais demandé un jour à un ami qui s'était isolé chez-lui, un bon moment, s'il était sorti de sa tanière pour aller prendre un café sur une terrasse ? «Non, m'a-t-il répondu, je suis sorti pour parler, dialoguer, échanger avec les gens». L'être humain, c'est bien connu, est un animal social. Il a besoin de tisser des liens, de communiquer avec ses semblables, de s'investir dans une complicité ou un partage, bref de parler, dialoguer, échanger. L'homme seul, entouré de silence, «est toujours en mauvaise compagnie» car il se retrouve confronté à son plus grand ennemi qui souvent n'est autre que lui-même. Il est alors à la merci de ses pensées qui peuvent l'induire en erreur et le conduire dans une impasse et se prive de l'apport et de la présence d'autrui qui pourtant sont susceptibles de lui apporter un plus, de le rendre peut-être plus sage, plus intelligent ou plus perspicace. «L'enfer, c'est les autres» écrivait le philosophe Jean-Paul Sartre. Mais l'enfer peut tout aussi bien être nous-mêmes, cette prison dans laquelle nous enferment notre orgueil lorsqu'il est mal placé, notre esprit quand il est intolérant, nos vérités lorsqu'elles sont éphémères. Parler, dialoguer, échanger, c'est d'abord écouter et respecter son interlocuteur. C'est défendre son point de vue avec des arguments et non des invectives, c'est reconnaître que personne ici-bas ne possède la science infuse, c'est accepter d'apprendre même de celui avec lequel on est en désaccord. Là où la parole, le dialogue et l'échange irradient, l'entente, l'harmonie et la raison prospèrent... mais à condition que chacun «tourne sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler» comme le rappelle un proverbe célèbre.
