Alors que les commerçants ont été sommés d'être au service du citoyen, seuls les chinois ont respecté le mot d'ordre du ministère du commerce, et ont matinalement ouvert leurs commerces, contrairement aux algériens occupés par le méchoui. Pour une célébration de l'aïd el-kébir, cette année les femmes ne se sont pas plaintes de la fermeture des boulangers comme ces derniers les ont épargnées de retrousser les manches pour pétrir du pain-maison. Mais du reste, presque tous les commerces ont bel et bien gardé leurs rideaux baissés. Ainsi, les hommes qui ont espéré de tout cœur que les boulangers n'honorassent pas la notion de service public en cet aïd, dans l'espoir de gouter au pain-maison de leurs bourgeoises et non pas celui étalé du côté du pénalty ou sur l'autoroute, n'ont pas été exhaussés. Donc, la crainte des pouvoirs publics d'une récidive de fermeture prolongée des boulangers comme à l'accoutumée, n'eut pas lieu cette fois-ci, à l'effet des mesures coercitives brandies par le ministère du commerce qui commenta l'obligation édictée aux concernés par « un acte humanitaire ». Vu autrement, cet acte humanitaire qui d'une manière ou d'une autre dissuade à bien des égards les ménagères de pétrir du « matloû » même en de pareils jours sacrés alors qu'il se raréfie dans nos foyers, risque de signer l'acte de décès de ce pain de mie bien prématurément. Voilà comment on réoriente les sociétés, après le substitut du four en argile par la cuisinière, puis celle-ci avec le micro-onde. Ainsi, hier matin comme durant l'après-midi, les paniers de pain industriel ou de campagne s'offraient en pagaille. Or, à l'exception de cette denrée, la ville ne présenta en ces deux premiers jours de fête, aucun autre signe de vie. Ce qui laisse entendre que les menaces lancés à l'égard des commerçants, étaient de la poudre aux yeux. Car à l'exception des boulangers, tous les autres commerces, les pharmacies, les épiceries des quartiers, les coiffeurs, les restaurants, les fast-food, les boutiques, les marchés de fruits et légumes et même la majorité écrasante des cafés où l'on ne fout rien, n'ont pas ouvert. Ce qui a porté notre ami le boulanger à nous faire cette remarque : « dites leur que la notion de service public que les pouvoirs publics voudraient imposer, devrait concerner tous les acteurs, pas uniquement une certaine catégorie ». Et à une autre personne d'ajouter lors de l'attente d'un fatidique bus pour regagner la ville : « certes, l'on se plaint du fait que le boulanger ferme les jours de l'Aïd, et même au-delà. Mais est-ce qu'il est normal que ces pouvoirs publics ne s'adressent pas aux épiciers, aux cafetiers, aux restaurateurs, aux chauffeurs de taxi, les bus de transport privé et les pharmacies, les banques et tout ce qui a trait aux besoins ordinaires des citoyens » ?! Les Chinois ont ouvert ! De toute façon, Mostaganem dont le commerce fonctionne le long de l'année aux heures de bureau contrairement à toutes les villes de l'Oranie à l'exception de Tlemcen, ressemblait hier plus à une ville morte qu'autre chose. Ce qui remet sérieusement en cause le tapage médiatique auquel se sont adonnés les pouvoirs publics. Mais delà à voir toutes les multitudes de commerce qui sont dans les alentours du marché couvert de la ville clos comme ce dernier, au moment où les chinois restaient ouverts le plus normalement du monde, c'est à croire que la ville est à vendre. Ce qu'explique bien l'ambiance nocturne vécue du côté de La Salamandre quandils'avère que ces commerçants viennent de lointaines régions qui ne ressemblent pas aux « h'dars » qui ferment laville à 17h !