La politique de manifestation sportive du Qatar n'est pas nouvelle en soi, Ce pays apporte un changement d'échelle, et avec elle d'ambition. Il entreprend ce que ses voisins régionaux n'ont jamais pu faire, en se construisant une véritable industrie sportive intégrée dans la mondialisation économique du sport. Dans la même idée, l'opérateur principal de ces investissements sportifs cherche à développer une multitude de synergie afin d'établir des liens à différentes échelles assurant la notoriété presque continue du pays. En fait, par le sport, le Qatar postule à développer des canaux d'influences d'une réussite sportive mondiale. Et avec lui à entraîner d'autres pays émergents. Ainsi, comme le souligne Pascal Boniface, entre 2008 et 2022, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et le Qatar sont au centre des compétitions sportives mondiales. La Coupe du monde va être organisée par le plus grand état du monde (la Russie) en 2018, puis par l'un des plus petits en 2022 ! N'est ce pas là le plus bel exemple de la mondialisation du sport ? Plus qu'une dépense, le sport, objet culturel omniprésent, est un investissement rationnel qui donne du sens et de la valeur à l'ambition du pays. Mais sur le long terme, le Qatar parviendra t-il à garder cette capacité d'influence? Si les défis sont colossaux, les opportunités sont à la mesure de l'ambition du pays. Le sport, ainsi, incarne un enjeu majeur dans la Stratégie Nationale de développement et la Vision Nationale du Qatar à 2030. Pour servir cette ambition, il est le produit d'une réflexion insérée dans une stratégie globale, qui doit permettre en théorie au pays d'exister dans un environnement complexe. Reprenant les dires de l'émir Al Thani, de "positionner le Qatar sur la carte du monde".