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CONTRIBUTION : Les huit raisons de la baisse du cours des hydrocarbures et impacts sur les pays mono-exportateurs économique, social et politique

Quel sera l'impact de la chute des cours sur les équilibres économiques et sociaux, quelles incidences politiques des pays mono-exportateurs d'hydrocarbures telle a été l'objet du débat animé par Jean-Pierre BORIS responsable du département Afrique à Radio France Internationale RFI le 25 octobre 2014 ( disponible sur Internet) entre le professeur Antoine HALFF responsable du suivi du marché pétrolier au sein de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ancien économiste en chef au département américain de l'Energie, professeur économie de l'Energie à Columbia University et le professeur Abderrahmane MEBTOUL (Algérie) expert international directeur d'études Ministère Energie-Sonatrach (1974/1979-1990/1995-2000/2006) (1).
Le débat a été animé par Jean-Pierre BORIS responsable du département Afrique à RFI. Ont été abordés les enjeux de la situation actuelle, les perspectives et les mutations futures du marché mondial de l'Energie horizon 2020/2030 et les conséquences en cas de chute des cours des hydrocarbures traditionnels sur les économies des pays dépendants de cette ressource et les stratégies des pays de l'OPEP (35-4O% de la part commercialisée mondiale) et hors OPEP(60/65%) ainsi que l'impact de la commercialisation du pétrole-gaz de schiste. Huit raisons interdépendantes de cette chute, idées que j'ai soutenues, lors du débat que j'ai eu avec le professeur Antoine HALFF de l'AIE à RFI (Paris-France):
Premièrement la récession de l'économie mondiale, dont le ralentissement des pays émergents, Brésil-Inde(entre 1⁄2%), surtout la Chine 7% de taux de croissance due essentiellement au relèvement des taux d'intérêt, le BTPH contribuant à plus de 25% de son PIB et ce afin d'éviter la bulle immobilière. A cela s'ajoute la surproduction par rapport à la demande où existe un écart de 2,5 millions de barils qui est presque l'équivalent de la production des principaux producteurs de pétrole, comme le Mexique, le Koweït, l'Irak, le Venezuela et le Nigéria. Sachant la décision de l'OPEP de maintenir son quota à 30 millions de barils/jour jusqu'à la fin du premier semestre 2015, à moins d'un revirement lors de la réunion de novembre 2014
Deuxièmement de l'introduction du gaz/pétrole de schiste américain qui bouleverse toute la carte énergique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à 8,5 actuellement étant prévu en 2015 9,5 millions de barils jour . Les Etats-Unis, toujours grand importateur actuellement, devraient devenir en 2015 le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte consommation intérieure) devant l'Arabie Saoudite et la Russie, selon Bloomberg, tout dépendant de la stratégie saoudienne où d'ailleurs les grandes compagnies américaines sont fortement implantées. Au cours du premier trimestre 2014, les USA ont produit 11 millions de barils de pétrole brut/jour, étant également devenu le plus grand producteur mondial de gaz naturel depuis 2010.
Dans ce cadre, l'Algérie possède selon un rapport US la troisième réserve mondiale avec 19.800 milliards de mètres cubes gazeux avec un taux de récupération variable entre 15/25% mais se pose la détérioration de l'environnement par la fracturation hydraulique, la forte consommation d'eau douce et surtout la rentabilité avec les investissements additionnels de canalisation et de recyclage d'eau, la loi des hydrocarbures algérienne de janvier 2013 permettant son exploitation mais dont la commercialisation est prévue horizon 2020, l'Algérie allant vers un Mix énergétique devant entre temps investir dans la formation.
Troisièmement les rivalités au niveau de l'OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, bien que cette organisation ne représente que 35/40% de la production mondiale commercialisée, 60/65% se faisant hors OPEP, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP), qui ne veut pas perdre ses parts de marché. Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l'Occident dont les USA pour affaiblir la Russie et l'Iran, qui peut avec les Emiraties le Qatar, Oman, le Koweït, se permettre un cours plancher de 75/80 dollars. L'Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix. Cette baisse des prix sert les intérêts stratégiques des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite", assure Thomas Friedman dans le New York Times L'éditorialiste subodore dans cette politique une "guerre par d'autres moyens" à l'encontre de Moscou et de Téhéran. Le 25 avril 2014 , dans un discours prononcé à l'université de Harvard, le prince Turki al-Fayçal, ancien responsable de la principale agence de renseignement d'Arabie saoudite et actuel président du centre de recherches et d'études islamiques Roi Fayçal a déclaré que le royaume entend accroître sa production et la faire passer de 12,5 millions de barils par jour à 15 millions de barils/jour en 2020, devant passer forcément par une entente sur le prix plancher entre l'Arabie Saoudite et les USA. En effet, le cours plancher de certaines grandes compagnies ne peut être inférieur à 80 dollars, le cout du pétrole de schiste US étant déterminant. Lié à cet aspect je précise qu'au-delà d'un cours de 120 dollars des énergies substituables deviennent rentables financièrement comme les énergies renouvelables et le charbon avec le recyclage du CO2 dont les réserves mondiales dépassent les 200 ans produits en Europe, aux USA, en Chine et Afrique devenant rentable au delà de 110 dollars le baril, idem pour les énergies renouvelables.
Quatrièmement, la stratégie expansionniste de Gazprom, notamment à travers les nouvelles canalisations, le North et le South Stream approvisionnant l'Europe (125 milliards de mètres cubes gazeux), la Russie ayant besoin de financement, les tensions en Ukraine n'ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% en 2013 et investissant récemment pour le marché asiatique à travers les canalisations.
Cinquièmement, du retour sur le marché de la Libye 800.000 barils/jour actuellement et pouvant aller vers 2 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7 millions de barils jour (deuxième réservoir mondial à un cout de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions et de l'Iran, 2,7 millions de barils jour pouvant aller vers plus de 5 millions. D'ailleurs avec les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d'or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l'exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux. Selon l'AIE, les analyses du pic hydrocarbures (pétrole-gaz conventionnel et non conventionnel à l'horizon 2020) en vogue dans les années 2009/2010 ne sont plus d'actualité.
Sixièmement, Les perspectives horizon 2017-2020 où les USA risquent de devenir exportateur en plus des nouvelles technologies poussant USA-Europe qui représente actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d'habitants à l' efficacité énergétique , une prévision de réduction de 30%, les tendances à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l'industrie manufacturière forte consommatrice d'énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale, la Chine (d'ailleurs parmi les deux premiers réservoirs mondiaux de gaz de schiste mais dont les importations ont dépassé celles des USA entre 2013/2014 ) et l'Inde notamment, les relations clients –fournisseurs étant à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs pousseront à la baisse des prix.
Septièmement, l'occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers les écoulements au marché noir notamment en Irak pour un baril entre 40/50 dollars.
Huitièmement, l'évolution des cotations du dollar et l'euro, toute hausse du dollar, bien que n'existant pas de corrélation linéaire, pouvant entrainer une baisse du prix du baril. Le gaz naturel est découvert également en abondance et son prix de cession est totalement déconnecté de celui du pétrole. Comme conséquence de ces nouvelles mutations énergétiques et de cette richesse artificielle que la majorité des pays rentiers n'arrivent pas à transformer en richesse réelle, distribuent et subventionnent pour acheter la paix sociale, décourageant les producteurs locaux- syndrome hollandais (subventions et transferts sociaux représentent en Algérie 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB). L'Algérie est le pays qui subventionne le plus au monde, en reconnaissant une répartition plus juste que dans d'autres pays de la rente, bien qu'existe une concentration au profit d'une minorité de rentiers-spéculateurs (dominance des emplois rentes, taux d'intérêts bonifiés, surcouts dans les réalisations, celui qui doit travailler 8h et ne travaille que 4h constituent des transferts de rente) occasionnant un gaspillage alors que toute Nation fiable ne distribue que ce qu'elle a préalablement produite. La consommation intérieure en gaz à ce rythme dépassera les exportations actuelles horizon 2025/2030 qui peinent à arriver à 55 milliards de mètres cubes gazeux. Evitons les illusions, la production certes appréciable, avec une compagnie étrangère annoncée à grandes pompes par Sonatrach de un milliard de barils selon la règle des 49/51% donne au cours de 90 dollars le baril un chiffre d'affaire à Sonatrach (51%) environ 46 milliards de dollars (soit la couverture moyenne de 80% d'une année d'importation de biens) et un profit moyen, déduit des charges (taux de 25%) de 110 millions de dollars.
On nombre de pays africains) dotés en hydrocarbures (l'Afrique représente 12% des exportations mondiales en 2013) montrent clairement que nous avons des Etats riches mais des populations de plus en plus pauvres (concentration des revenus, fuite des capitaux, corruption), faute d'une bonne gouvernance et d'une vision stratégique de développement dans le cadre des valeurs internationales. Cette baisse des cours accroîtra les tensions budgétaires de bon nombre de pays pétroliers et bien entendu l'Algérie qui risque d'éponger le fonds de régulation des recettes et une grande fraction des réserves de change horizon 2020. Aussi pour la majorité des pays mono exportateurs, qui ont une très faible structure productive compétitive hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Ces pays ne peuvent continuer à dépenser sans compter , à importer massivement à subventionner à coup de milliards de dollars permis sur la base d'un cours de pétrole de 110 dollars le baril pour les uns et entre 115/125 dollars pour d'autres,( la loi de finances 2015 pour l'Algérie étant de 125/130 dollars le baril), le prix du gaz découvert en abondance, étant bas et déconnecté depuis des années par rapport à celui du pétrole. Car on peut découvrir des centaines de gisements mais non rentables, les réserves étant fonction du taux de récupération, du vecteur prix international des différentes sources d'énergie concurrentes et des couts. Selon les rapports internationaux, si le cours est tourné entre 80/85 dollars le baril des pays comme la Russie et l'Algérie ont en fonction de leurs réserves de change un répit de trois à quatre années, l'Iran risque de subir des turbulences et le Venezuela déjà en semi faillite risque d'être hypothéqué. Le cas serait encore plus dramatique en dessous de 80 dollars. Le défi donc pour ces pays afin de dépasser l'entropie actuelle est d'engager des réformes micro-économiques et institutionnelles indispensables devant s'adapter tant aux nouvelles mutations mondiales qu'aux mutations internes impliquant l'instauration de l'économie de marché concurrentielle à finalité sociale, qui est inséparable de l'Etat de droit, de la démocratie sociale et politique. C'est la condition de la transition tant énergétique économique que politique solidaires(1). Le cadre macro-économique relativement stabilisé grâce à la rente des hydrocarbures que connaissent ces pays est éphémère, sans de profondes réformes structurelles nécessitant de profonds réaménagements dans les structures des pouvoirs. Le défi majeur, est donc de réfléchir aux voies et moyens nécessaires de dynamiser le tissu productif, entreprises publiques et privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée interne , devant se fonder sur l'économie de la connaissance et une meilleure gouvernance dans le cadre des valeurs internationales,. Face à la chute des cours des hydrocarbures, une bénédiction si cette rente est bien utilisée (cas de la Norvège) mais une malédiction gaspillée, la rationalisation des choix budgétaires devient une urgence de l'heure conciliant efficacité économique et une très profonde justice sociale. Les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux, nécessitant un langage de la vérité loin du populisme dévastateur et donc une grande moralité de ceux qui dirigent la Cité et on revient à la bonne gouvernance.
(1) Débat à RFI diffusion heure de Paris 12h-13h le 25 octobre 2015 entre le professeur Antoine HALFF responsable du suivi du marché pétrolier au sein de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ancien économiste en chef au département américain de l'Energie, professeur économie de l'Energie à Columbia University et le professeur Abderrahmane MEBTOUL (Algérie) expert international directeur d'études Ministère Energie-Sonatrach (1974/1979-1990/1995-2000/2006). Le débat a été animé par Jean-Pierre BORIS responsable du département Afrique à RFI


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