Cela fait un moment que les gens s'interrogent sur l'intérêt d'imposer ou pas des masques à l'ensemble de la population. Sur le plan scientifique, l'ensemble des travaux scientifiques publiés sur l'utilité du masque pour la population. D'où il ressort que qu'il « existe une distinction essentielle entre absence de preuve et preuve d'absence ». De fait, on est loin d'un consensus scientifique. Ainsi, l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) désapprouve un usage massif du masque chirurgical, mais elle le recommande pour les personnes contaminées. A l'inverse, deux chercheurs de l'Université du Maryland estiment que, « par précaution », il faudrait le généraliser. Même chose pour les masques en tissu : la Société française d'hygiène hospitalière juge leur efficacité « marginale », donc insuffisante, tandis que l'Académie de Médecine préconise fortement leur utilisation et leur fabrication, « fût-ce de fabrication artisanale ». Sur le plan sanitaire, ce n'est pas tellement plus évident. D'un côté, le bon sens nous fait dire que, même s'il n'est pas efficace à 100%, un masque chirurgical limite les risques de transmission. Et qu'un simple masque en tissu, « c'est toujours mieux que rien ». Des spécialistes rappellent que le masque n'est qu'un outil parmi d'autres de réduire les risques. Qu'il doit être accompagné de mesures supplémentaires. En outre, mal mis ou mal porté (et c'est malheureusement souvent le cas, il suffit de se promener dans la rue), le masque peut être vecteur de transmission – notamment quand on le touche avec ses doigts et qu'on le contamine sans s'en rendre compte. Sur le plan pratique, si les pouvoirs publics décident de fournir un masque à chaque citoyen. Comment les distribuer ? Convoquer les habitants à la mairie ou à des points de distribution, c'est prendre le risque de provoquer des attroupements – et, donc, des contaminations supplémentaires. Supposons maintenant qu'il n'y ait pas de distribution. Sur le plan culturel, l'usage généralisé du masque renvoie à un modèle culturel qui nous est étranger – au sens propre du terme. Ce modèle, c'est celui des pays asiatiques, où le port du masque est intégré depuis longtemps. Avec cette particularité qu'on ne le met pas pour se protéger soi, mais pour protéger les autres chaque fois qu'on est malade. Et du coup, si le masque est synonyme de « possiblement malade », il risque de provoquer des réactions de rejet vis-à-vis de ceux qui le portent. Par ailleurs, dans les pays asiatiques, les consignes collectives sont en général très respectées, spontanément ou sous la contrainte c'est un autre débat, mais elles sont respectées. Là encore, à voir les difficultés que rencontrent les forces de l'ordre pour faire respecter les recommandations officielles. L'intime et l'universel ! Pouvons-nous vivre dans un monde où on ne pourrait plus regarder un visage en entier ? Où on ne croiserait plus que des gens masqués ? Anonymes ? Un monde où on ne pourrait plus échanger un sourire ?