Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon; iI me conduit ainsi, loin du regard de Dieu, Et jette dans mes yeux pleins de confusion des vêtements souillés, des blessures ouvertes, Et l'appareil sanglant de la Destruction!- (Charles Baudelaire) Tant que notre jeunesse circonscrit ses inclinations qu'à la consommation du cannabis, il y aura toujours un espoir de recoller les morceaux. Mise à part les cas de poly-consommation qui ne sont pas dépourvus de risques irréversibles, le danger extrême que personne ne souhaite reste par excellence l'éventuelle émergence sur le territoire national de drogues dures, drogues de synthèse et circulation impromptue de précurseurs chimiques. Selon les estimations de l'UNDOC " la fabrication des amphétamines a été signalée dans plus de 60 pays, leur nombre augmente d'année en année. Les changements de lieu de production des pays développés vers les pays en développement, illustre la manière dont les organisations criminelles peuvent utiliser les pays plus vulnérables. S'adonnant à des opérations d'une ampleur et d'une sophistication autrefois inimaginables, les intérêts de ces groupes criminels organisés continuent d'émerger. " (15) Ce que nous considérons aujourd'hui, en abordant le problème des drogues dures , comme un phénomène de moindre ampleur confiné dans des milieux huppés, finira inéluctablement par se démocratiser comme toute chose. La disponibilité et la profusion du produit gagnera la plèbe. Il y a lieu en l'occurrence de saluer tous les efforts entrepris au début de cette année par l'Etat algérien en direction des pays du Sahel afin de les sensibiliser aux multiples dangers que représente nt le terrorisme et la drogue sur la sécurité de toute la région et particulièrement vis à vis du Maghreb. Quant aux précurseurs chimiques, nous devons sans cesse faire preuve d'extrême vigilance quant aux moindres prodromes de cette énième calamité. Au début de cette année, le directeur exécutif de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Unodc), a exprimé ses inquiétudes face à cette menace rampante : " La découverte d'importantes quantités de drogue synthétique et de précurseurs en Guinée (Conakry) l'été dernier est de mauvais augure, car elle indique que l'Afrique de l'Ouest n'est nullement une région de transit, mais devient un lieu de production." On ne cessera jamais assez de rappeler que cette forme sournoise de criminalité finira toujours par se métastaser. Si nous avions maintes fois prouvé lamentablement notre impréparation à contrôler rigoureusement tous les flux commerciaux inhérents à cette terrible mondialisation du commerce. On doit se préparer à régenter de manière drastique la moindre trituration de ces ingrédients de malheur et s'assurer du caractère licite de leur usage. Tout ce qu'on peut savoir actuellement sur le phénomène de la toxicomanie en Algérie, c'est que le pays souffre cruellement d'infrastructures hospitalières, Le Gouvernement algérien a pourtant assez tôt songé à mettre en place une politique visant à traiter ce phénomène dans sa globalité et notamment à travers deux PDN (plans Directeur National de Prévention et de Lutte contre la Drogue (2003-2009/2009- 2013). Aucunes données officielles ne peuvent rendre compte de cette situation alarmante .Il faut seulement espérer que les résultats de l'Enquête Epidémiologique Nationale et globale sur la prévalence de la drogue en Algérie prévus pour les semaines à venir puisse, avec une extrême et incontestable fiabilité, faire le diagnostic de ce phénomène. En attendant, Il est fort déconseillé de recourir à ces enquêtes partielles et incomplètes qui pullulent ça et là, sans prétention à l'exhaustivité et souvent inexactes, celles-ci desservent grandement les efforts des institutions officielles à identifier ce mal dans sa profondeur. Prétendre avancer des chiffres exacts serait pour le moins ridicule. Lors d'un colloque à Tizi-Ouzou, en Février 2010, le docteur A.Messaoudi de l'Hôpital Psychiatrique de Oued-Aïssi aurait affirmé en se référant à des données puisées auprès de l'ONLCDT elle-même, qu'en 2008 pas moins de 45% des lycéens dont 8% seraient des filles, auraient consommé de la drogue (le journal l'Expression-20/2/2010) Ce spécialiste parlait-il de la jeunesse de Tizi-Ouzou , d'une région précise ou de l'ensemble du pays. Apparemment lorsqu'un événement de la suite est médiatisé, c'est-à-dire couvert par une quelconque presse écrite, qui parmi nous irait contester les déclarations d'un psychiatre .Seulement voilà, le patron antidrogue algérien ne semble pas de cet avis et dément catégoriquement (sur les colonnes du même journal L'Expression du 28/02/2010) les chiffres avancés par ce Docteur. Ces situations fantaisistes ont tendance à discréditer ultérieurement d'autres investigations d'où quelles puissent venir. Cela ne veut en aucun cas dire que les chiffres sont nettement en deçà. La situation est réellement alarmante, néanmoins rien ne nous autorise (qui que nous soyons, personnes privées ou organismes étatiques) à traiter une question aussi sérieuse par le truchement de spéculations et de conjectures stériles. On peut supposer qu'effectivement, Il n'y a pratiquement pas un quartier en Algérie qui soit à l'abri de ce fléau. Combien sommes-nous à y succomber, quel est le profil et l'âge de ces adeptes à la résine et autres poisons, la durée continue ou alternative pendant laquelle ces jeunes fument, sniffent ou se shootent, ça personne ne peut vous le dire. Le cannabis, quant à lui, reste une drogue assez étrange qui s'accorde parfaitement avec notre personnalité relativement borderline. Beaucoup de gens fument du Haschich ou absorbent régulièrement des psychotropes sans présenter le moindre symptôme alarmant et mènent une vie complètement normale pendant des années, personnes paisibles et discrètes, d'honnêtes travailleurs, cette catégorie peu encline aux confidences constitue toujours un pourcentage qui rétrécit la pertinence de nos statistiques. Partout dans le monde, le trafic de drogue arrive à gangréner tous les secteurs, même celui des institutions chargées de le combattre. En Afghanistan, une étude menée conjointement entre la banque mondiale et les Nations Unies avaient mis en évidence la collusion qui existe entre le trafic de drogue et certaines personnalités du Staff Politique, notamment au sein du Ministère de l'Intérieur lui-même(16) Au Maroc, depuis longtemps, Drogue rimait avec concubinage entre barons et commis de l'Etat : "Deux parlementaires , un président d'une chambre de commerce et de l'Industrie et une vingtaine de hauts responsables auraient été interdits de quitter le territoire national. On voit bien que la lutte contre le trafic de drogue n'est pas uniquement une nécessité morale, mais, fondamentalement, un double impératif politique et stratégique. " (17) Suite à ce scandale, le Roi a été contraint d'entamer une véritable purge au sein de l'appareil de l'Etat et notamment l'arrestation du Directeur de la Sécurité des palais royaux ainsi que plusieurs autres responsables de la police, de la gendarmerie et des forces auxiliaires. En Algérie, la presse a fait état de nombreuses affaires très floues comme toujours et qui mettraient en cause tout un paquet de responsables. (18) Récemment, Mr A. SAYAH, Directeur algérien de la lutte antidrogue a affirmé : "Les barons sont intouchables, ils sont dilués dans la société. Ce sont des importateurs, des entrepreneurs, etc.…Les neutraliser c'est évident, mais encore faut-il les identifier. " En Afrique, la situation est, sans commune mesure, encore pus délétère. Les grands cartels d'Amérique latine solidement et durablement implantés affaiblissent dangereusement l'ensemble des institutions et transforment la région en une véritable jungle et où l'Etat n'est devenu qu'un fétu de paille. Les Paradoxes meurtriers d'un combat douteux Depuis une décennie des experts de tout horizon ont mis à notre disposition toute une anthologie sur le caractère transversal, transnational de la drogue et du terrorisme, du danger éminent et imminent que représentaient ces alliances criminelles transnationales sur la paix dans le monde néanmoins cela ne semblait pas inquiéter ou mobiliser outre mesure des nations atomisées et repliées sur elles-mêmes et qui avaient jusqu'à présent accordé peu d'intérêt à ces nombreuses mises en garde.Chaque pays appliquait la célèbre devise de notre sage Djeha :"Takhti Rassi Ouetfoutt " Malheureusement, face à ce laxisme impressionnant, le crime, lui, évoluait à une cadence inquiétante. Aujourd'hui chaque pays est conscient que la sécurité intérieure ne se conçoit plus en intimité et à l'échelle nationale mais bel et bien dans un cadre régional, continental, global. A suivre