Les participants à un atelier sur les étapes juridiques et techniques d'intervention sur les biens culturels immobiliers protégés ont plaidé mercredi à Ghardaïa pour l'élaboration d'une Charte d'éthique sur les pratiques de restauration et de réhabilitations des biens classés et protégés. Organisé à Béni-Isguen (Ghardaia) à l'initiative de l'Office de protection et de préservation de la vallée du M'zab (OPVM), en présence d'un aréopage d'experts, d'universitaires et de chercheurs de différentes régions du pays, en matière de préservation et de réhabilitation du patrimoine culturel matériel protégé, cet atelier de deux jours s'inscrit dans le cadre des activités de l'OPVM visant la préservation de l'héritage culturel et architectural de la région du M'zab, classé patrimoine mondial en 1982. Les participants à cette rencontre ont appelé à adopter une "démarche participative" de l'ensemble des acteurs et partenaires sur le terrain, concernés par les pratiques de la restauration et de la sauvegarde des monuments et autres biens culturels, tout en s'inspirant des expériences de différents pays pour l élaboration de la Charte d'éthique. Cette charte a pour objectif la prise de conscience collective et l'engagement des différents acteurs de la société à la préservation du patrimoine culturel dans ses différentes facettes, particulièrement l'architecture et l'urbanisme, ont-t-ils souligné. Ce texte d'éthique, dont la teneur n'a pas été dévoilée, fera l'objet d'une concertation élargie avec les composantes de la société, avant son élaboration et son adoption afin de concrétiser objectivement et scientifiquement les actions de restauration et de sauvegarde de monuments historiques, culturels et architecturaux. Mettant en valeur les ressources humaines et naturelles dont regorge l'Algérie, les participants aux travaux de cet atelier ont appelé l'ensemble des présidents des Assemblées communales à recenser, inventorier et à élaborer des monographies des monuments et autres biens culturels, afin de les valoriser et de les promouvoir pour en faire "un moteur de développement de l'économie locale", notamment pour les collectivités territoriales pauvres en ressources fiscales. "La préservation et la mise en valeur du patrimoine, aussi bien naturel que matériel et immatériel, est devenu ces dernières années au centre d'intérêt des pouvoirs publics en Algérie", a déclaré à l'APS le directeur de l'OPVM, Younes Babanadjar, ajoutant que cet atelier vise à échanger les expériences entres différents acteurs dans le but d'évaluer les actions de préservation et de restauration et de corriger les dysfonctionnements, notamment en ce qui concerne la loi sur le patrimoine de 1995. Au cours de cette rencontre, les experts ont appelé l'ensemble des citoyens à contribuer à la protection de l'héritage civilisationnel légué par les aïeux, un patrimoine hors normes qui se dégrade de jour en jour du fait des vicissitudes du temps, de la cruauté des intempéries et de la précarité des habitants. Ils ont appelé, de plus, à établir des mécanismes pragmatiques, scientifiques pour approfondir la prise de conscience sur l'importance du patrimoine, à travers des plans culturels et des manuels scolaires, en vue de permettre aux générations futures de contribuer à préserver l'héritage culturel, civilisationnel matériel et immatériel. Les organisateurs de cet atelier de deux jours qui s'achève mercredi par une visite sur le terrain des projets de restauration des monuments historiques dans la vallée du M'zab ont précisé que cet événement intellectuel est une occasion d'impliquer davantage, les responsables, chercheurs, acteurs de la société civile et citoyens afin de fédérer leurs efforts pour mettre en place des approches visant à protéger ce patrimoine inestimable et de développer une stratégie participative à même de le valoriser. La région de Ghardaïa, avec l'ensemble de ses ksour conçus magistralement sous forme architecturale "d'amphithéâtre" épousant le site rocailleux, dont s'est inspiré Le Corbusier, ainsi que ses ouvrages et systèmes de partage hydrique traditionnel, attire annuellement la curiosité de nombreux chercheurs et spécialistes en la matière, soutient le Directeur de l'OPVM. Depuis 1982, date de classement par l'Unesco de la vallée du M'zab sur la liste du patrimoine mondial, plusieurs opérations de restauration des monuments, sites et habitations ont été lancées par les pouvoirs publics. Selon un bilan de l'OPVM, prés de 2.000 habitations traditionnelles dans les différents ksour de la vallée du M'zab ont été restaurées et renforcées, avec un traitement de façades et de nombreuses opérations de réhabilitation des Bordjs (tours), de rénovation des portes des ksour, de réhabilitation des monuments funéraires, des aires de prières, mosquées et remparts, en plus du système de partage des eaux et les places de souk, fait-on savoir. Cet atelier s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du programme de Sauvegarde du patrimoine culturel matériel et immatériel à travers le renforcement des capacités nationales et sa valorisation pour être un vecteur de développement durable, indique-t-on.