Les romanciers Roubeï El Medhoun (Palestine) et français Jean-Noël Pancrazi ont livré, jeudi à Alger en marge du 21e Salon international du livre d'Alger (SILA), leurs expériences respectives dans le domaine de la littérature. Invités d' "Estrades", un programme présentant les expériences d'écrivains participant au 21e Sila, les deux romanciers, plusieurs fois primés et qui ont en partage une enfance marquée par la guerre, ont évoqué, devant un public épars, leur approche d'une "littérature (en temps) de crise". Le romancier palestinien Roubeï El Medhoun a indiqué que l'occupant israélien craignait la littérature palestinienne "qui offre aujourd'hui une version de l'histoire et du quotidien contredisant les mensonges justifiant l'occupation" israélienne. Lauréat du prix Arab Booker Price 2015 pour son roman "Destinés: le concerto de l'Holocauste et de la Naqba", Roubeï El Medhoun a expliqué que l'imaginaire collectif israélien se référait à des "croyances confessionnelles et (des) fondements religieux instrumentalisés pour justifier la colonisation". Ce romancier né en Palestine en 1945 dit avoir subi une campagne de dénigrement "orchestrée par des lobbies juifs" qui avaient demandé son "expulsion" du Festival mondial de la littérature à Berlin de 2016 pour l'empêcher de témoigner en tant qu'écrivain. Membre du jury du Prix littéraire français "Renaudot", Jean-Noël Pancrazi a, pour sa part, estimé que l'écriture en temps de crise et de bouleversements était un acte "nécessaire pour apporter la paix et dominer la douleur". Né à Sétif en 1949, l'écrivain qui a vécu à Batna jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962, a expliqué l'influence de son enfance sur ses écrits notamment "Madame Arnoul" (1995) ou "Les quartiers d'hiver" (1990), tous deux primés en France: en portant sur "cette période de la guerre de libération" un regard d'enfant, il lui a été possible, affirme-t-il, d' "écrire sans condamner ni porter de jugements" . Pour lui, il s'agit de "l'unique moyen d'appréhender les bouleversements vécus sans parti pris". Ouvert au public jeudi, le 21e SILA se poursuivra jusqu'au 5 novembre avec encore au programme des "Estrades" dédiées à des écrivains comme Habib Sayeh, Waciny Laredj, Amine Zaoui les Français Jean-Christophe Rufin et Edwy Plenel ou encore le Mexicain Alberto Ruy-Sanchez.