Menacée de dissolution par le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau qui a annoncé avoir engagé une procédure dans ce sens, l'organisation "Urgence Palestine" dénonce un "acharnement" contre les organisations de solidarité avec la Palestine, affirmant que c'est sa "position de soutien à l'autodétermination du peuple palestinien" qui est ciblée. "L'Etat français fait donc le choix de redoubler d'acharnement à l'encontre des organisations qui défendent le peuple palestinien. Cette procédure s'inscrit en effet dans la continuité de la persécution pénale et administrative qui frappe le mouvement de solidarité: interdictions de manifester et de se réunir, condamnations pénales lourdes et maintenant dissolution d'organisations", affirme l'organisation dans un communiqué. Elle rappelle, à ce titre, que de nombreuses organisations de défense des droits humains tout comme le Comité des droits de l'homme des Nations unies ont "alerté sur la nature profondément attentatoire aux libertés des procédures baillons mises en œuvre en France". Soulignant que les positions politiques de l'organisation sont "absolument légitimes" et "conformes aux exigences des textes conventionnels qui protègent les libertés publiques", "Urgence Palestine" estime que "l'Etat cible nos positions de soutien à l'autodétermination du peuple palestinien". "Ces dernières sont conformes au droit international. Tenter de les criminaliser et aller jusqu'à dissoudre notre organisation est une entrave grave à la liberté d'expression et à la liberté d'association", déplore cette organisation. L'annonce de la dissolution d'"Urgence Palestine", en même temps que celle de "Lyon Populaire", un groupe antifasciste, a provoqué l'indignation en France. "Au plus haut niveau de l'Etat, un ministre islamophobe applique des méthodes fascistes pour tenter de faire taire les voix de la paix et antifascistes", a dénoncé, sur les réseaux sociaux, le député de La France insoumise (LFI), Thomas Portes, relevant que ce "même « ministre » n'a pas eu un mot pour condamner l'attaque d'un groupuscule nazi en plein Paris". "Nous serons aux côtés de ces organisations pour mener la bataille contre Retailleau", a-t-il promis. Le "Réseau insoumis antifasciste" a rejeté, dans un communiqué, l'annonce de dissolution d'"Urgence Palestine", qui intervient dans un contexte où "le génocide des Palestiniens se poursuit", affirmant sa "mobilisation aux côtés des forces antiracistes et décoloniales pour ne rien céder face aux forces séditieuses". "Le ministre de l'Intérieur s'enfonce dans l'autoritarisme le plus exalté", dénonce ce réseau, soulignant que "ces procédures n'ont qu'un seul but : bâillonner les voix de la paix, celles qui se dressent contre la déshumanisation du peuple palestinien et contre la politique génocidaire de Netanyahou". Il soutient, à ce titre, que "le ministre de l'Intérieur est un pyromane qui chaque jour promeut la division du peuple français, nie l'Etat de droit et souffle sur les braises du racisme". Selon Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde antifasciste, un mouvement également menacé de dissolution, "Retailleau, en s'en prenant à Urgence Palestine, veille à faire taire toutes les voix de solidarité pour la paix à Ghaza". Apportant son soutien à "Urgence Palestine", l'association "Attac France" appelle à un sursaut collectif "face aux dérives fascistantes de l'exécutif, qui, à la remorque du Rassemblement national, s'emploie à dissoudre les organisations antifascistes et antiracistes". Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dénonce, quant à lui, des "tentatives de faire taire les voix de soutien au peuple palestinien". Il rappelle, dans le contexte, que des groupes comme "Palestine Vaincra" ont déjà été dissous pour des "motifs fumeux qui masquent mal le fait que ce sont des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine", relevant que cette procédure "s'inscrit dans un contexte islamophobe inouï". Le parti "condamne absolument cette tentative de dissolution" et affirme rester "déterminé dans son opposition au génocide, aux politiques coloniales, d'apartheid et de purification ethnique" menées par l'entité sioniste.