Des moudjahidine de Sidi Bel-Abbes se remémorent encore les scènes de liesse populaire qui avaient marqué le jour de l'indépendance il y a 63 ans, gardant en mémoire les "circonstances exceptionnelles" qui ont entouré ce grand événement qu'est le recouvrement de la souveraineté nationale. Le Moudjahid Ahmed Naoual, Secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) et ancien membre de l'Armée de libération nationale (ALN) entre 1957 et 1962, a relaté avec précision les derniers instants précédant le recouvrement de la souveraineté nationale, le 5 juillet 1962. Il a affirmé que "les prémices de la victoire commençaient déjà à se faire sentir dans les cœurs des Algériens, dès l'annonce du cessez-le-feu, le 19 mars 1962, malgré la méfiance persistante vis-à-vis des intentions du colonisateur français". Dans un témoignage livré à l'APS, le Moudjahid Naoual a déclaré : "nous suivions les développements des négociations à travers les ondes de la radio « Sawt Al Arab » du Caire, et nous attendions avec impatience la signature des Accords d'Evian, mais nous ne faisions pas confiance à l'ennemi", car rien n'était encore acquis. "Des centres pour les moudjahidine avaient été ouverts à travers le pays, et nous nous réunissions au centre de Oued Tourira, où affluaient des citoyens de toutes parts pour rencontrer les moudjahidine ou connaitre le sort des martyrs, dans des scènes émouvantes et inoubliables", se souvient-il. M. Naoual a également évoqué l'esprit de solidarité entre le peuple et l'ALN, signalant que "le peuple répondait à tous nos besoins, nourriture et hébergement compris, et l'Armée de libération nationale veillait à protéger les biens du peuple et à défendre sa dignité, dans le seul but de recouvrer la souveraineté nationale". Concernant l'atmosphère du jour de l'indépendance, il a rapporté avec émotion que "le drapeau français fut descendu et le drapeau national hissé pour la première fois, au milieu des youyous des femmes et des larmes des personnes âgées et des enfants. Ce fut un moment historique dans tous les sens du terme, mêlant joie et larmes, après sept ans et demi de lutte acharnée". "Les enfants imitaient, ce jour-là, les Moudjahidine qu'ils voyaient pour la première fois en uniforme militaire, et les femmes chantaient et pleuraient en signe de gratitude pour ces hommes qui ont tenu leur promesse et arraché l'indépendance". De son côté, le Moudjahid Adnane Lakhdar, dit "Si Noureddine", moudjahid de la zone V de la wilaya V historique, a indiqué que "la France ne s'attendait pas à sortir vaincue d'Algérie. Mais la détermination des Moudjahidine et leur refus de tout compromis sur l'unité du territoire national ont contraint le colonisateur à reconnaître l'indépendance de l'Algérie". Pour lui, l'indépendance "n'a été un don de personne, mais le fruit de lourds sacrifices". "Les Moudjahidine n'acceptaient rien d'autre que la pleine souveraineté, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Et ils l'ont obtenue", a-t-il martelé.