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Cela parle latin, les bêtes ?
Publié dans El Watan le 30 - 10 - 2008

Faut-il répéter à la suite de Victor Hugo : « Cela parle latin, les bêtes ? » En tous les cas, qu'il s'agisse d'un trait de symbolisme pointu mettant l'être humain en exergue, d'une robinsonnade dans une île déserte ou même encore, d'une échappée dans le monde de l'imaginaire tout court, on n'en aura jamais fini avec les extravagances des hommes de lettres. Et pour cause. Si, dans sa solitude de coureur de fond, l'auteur de Don Quichotte, Miguel de Cervantès (1547-1616), avait choisi son vieux canasson pour lui confier ses secrets les plus intimes et ses visions les plus rocambolesques, en revanche, son compatriote, le prix Nobel de littérature Juan Ramon Jiménez (1881-1958), a préféré dialoguer avec son âne Platero dans l'espoir de vaincre sa solitude. « La solitude, écrivait-il, était éternelle/ Et le silence sans fin. / Je me suis arrêté comme un arbre/ Et j'ai entendu les arbres parler. » Divagation de poète ? Peut-être, mais le destinataire n'est qu'un âne qui se voit doté d'un statut particulier et qui raisonne à merveille.
Ce ne fut pas la première fois que l'âne a eu droit à un tel honneur littéraire, pour ainsi dire. Pourtant, cette créature mammifère, réputée « patiente » comme le voudrait la légende, est loin de gagner la sympathie tout aussi bien des créateurs comme des lecteurs en raison même de ce trait de « stupidité » qui lui colle toujours à la peau. Il s'en est trouvé, cependant, dans l'histoire des lettres, des poètes et des prosateurs pour rectifier le tir comme pour atteindre une cible plus noble, entendez pour disposer les pièces d'échecs à leur juste place. Que vaut Don Quichotte en effet sans son compagnon, Sancho Panca, l'homme à la bourrique, qui fait le contrepoids à toutes les extravagances de son fantasque maître ? Sur la rive sud de la Méditerranée, et des siècles auparavant, notre compatriote Apulée de Madaure (125-200), avait déjà eu le mérite de donner le coup d'envoi, dans son récit hautement philosophique, L'Ane d'or, où il est question d'un être humain métamorphosé en âne et dont l'unique moyen de reprendre sa nature première consiste à brouter une plante rose appelée plante de la sagesse. Sur cette même rive encore, et quelque vingt siècles plus tard, l'Egyptien Tawfiq al-Hakim (1899-1988) se fit l'écho, à deux reprises, de cet illustre prédécesseur. La première, durant son séjour à Paris où il s'y trouvait pour faire son droit, et la deuxième, à l'époque où il exerçait le métier de substitut dans la campagne cairote.
Si, à Paris, il avait copié le modèle d'une jeune émigrée russe qui, pour triompher de sa solitude, s'était payé un petit âne, au Caire, bien au contraire, il avait voulu délibérément prendre à contre-pied toute la vie sociopolitique qui lui déplaisait tant. C'est donc le côté humoristique, voire satirique, qui l'intéressait au premier chef. En effet, quoi de plus extravagant pour la société égyptienne des années trente que de voir un grand écrivain se faire accompagner d'un petit âne dans les cafés, les lieux publics, de dialoguer avec cette créature comme s'il s'agissait d'un être véritablement pensant ? Lui emboîtant le pas, l'Algérien Réda Houhou, s'était plu à le pasticher dans son beau livre, Avec l'âne d'El-Hakim, mais, pour se pencher sur le cas de son pays écrasé sous la botte coloniale. En attendant que les écrivains eux-mêmes se mettent aux cours de latin, les bêtes se tiendront toujours tranquilles dans leur enclos puisque l'esprit parvient toujours à se tailler une place là où l'on s'y attend le moins.


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