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La crise financière, comme toile de fond du scrutin
Publié dans El Watan le 30 - 10 - 2008

A la pointe méridionale de l'île de Manhattan, les gratte-ciels s'alignent comme des soldats, droits et fiers, le front haut et la tenue impeccable, tous différents, mais unis et solides.
Encore que... le trou du Ground Zero est là et encore visible, à quelques rues, bien qu'entouré de palissades infranchissables. Les ex-tours du World Trade Center étaient les plus hautes de New York, elles ont été déclassées pour cause d'attentat. La plus haute tour est maintenant l'Empire State Building et, depuis 2001, le site du WTC n'a pas encore été reconstruit, le projet prévoyant une tour (encore), un mémorial (obligé), et un centre culturel (ça ne fait pas de mal). On sent l'angoisse, comme à Wall Street d'ailleurs. Des barrières en fer, des policiers partout et, à part les drapeaux US qui flottent, Wall Street ressemblerait aux abords de la DGSN, à Bab El Oued. Non, Wall Street n'est pas l'Amérique, mais son symbole financier et celui du monde capitaliste et spéculateur, riche et flamboyant. Pourtant, l'heure n'est pas à la dépense. La Bourse joue au yoyo, les banques ne prêtent plus et même le mode de vie change. A Manhattan, on constate l'apparition de taxis collectifs, comme à Alger. Les gens ont jeté leurs téléphones portables, jugés trop chers, car aux USA, même quand on ne fait que recevoir un appel, on paye une partie de la communication. Enfin, dernier signe, les vélos qui pullulent, l'énergie humaine étant la moins chère et la mieux exploitable.
Conséquence ? Un spécialiste des affaires criminelles prédit pour l'année prochaine une série de crimes financiers : « On a déjà des vols d'essence en recrudescence », faisant allusion aux bons pères de famille qui se servent du carburant et s'enfuient sans payer. Tout le monde le sait, le crédit facile et la surconsommation ont ruiné le pays qui reposait déjà sur des bases financières un peu bancales. A l'entrée de Brooklyn, devant un « mall », l'équivalent des centres commerciaux, un Américain résume les Américains : « Buy things they don't need, with money they don't have, for people they don't like », ce qui signifie que les Américains « achètent des choses dont ils n'ont pas besoin, avec de l'argent qu'ils n'ont pas, pour des gens qu'ils n'aiment pas ». Il faut alors refaire Manhattan en sens inverse, passer la frontière faussement naturelle du Central Park qui limite les quartiers nord et les Noirs, Harlem, au croisement du boulevard Malcolm X et de Martin Luther King. Ici, tout est noir, les gens comme la musique. C'est ici d'ailleurs qu'est né le jazz dans les célèbres boîtes qui ont vu défiler les plus grands musiciens américains. Mais à l'image du fameux Cotton Club, ces boîtes ont fermé, parce qu'elles faisaient jouer des Noirs en leur interdisant d'être dans le public, exclusivement blanc. « Maintenant, les Blancs vont danser et nous on va les regarder », prédit un musicien, ampli au pied et r'n'b à fond, qui vend ses disques « home made » sur son trottoir. Oui, les musiciens vont se venger, en votant Obama. A l'est de Harlem, le discours est plus économique. Devant la mosquée de New York, des vendeurs proposent, comme ailleurs, du siwak, du musc et des livres sur l'Islam, des sandwichs hallal et des hijabs. Devant cette bâtisse à l'architecture très moderne, une grosse pancarte indique « don't horn », ne klaxonnez pas. Pourtant, un homme en qamis et barbe, dont on croirait qu'il est sorti tout droit de Kouba, agite un drapeau à la main où il est écrit « La Illah Illa Llah », mais sur fond blanc, pas noir. Il ne klaxonne pas, mais harangue à tue-tête les passants en leur expliquant, en anglais bien sûr, que la seule solution c'est l'Islam. Il s'appelle Ali, mais il est Portoricain. Il explique qu'il était chrétien, mais s'est converti à l'Islam après le 11 septembre. Lui non, il ne votera pas, même si Obama est moins pire, même si selon lui, il est dirigé par des Blancs. Ali est lui-même Blanc mais musulman, « ça change tout », tient-il à préciser, en affirmant que depuis le 11 septembre, c'est un phénomène inverse qui s'est produit, 300% de conversions à l'Islam en plus. Information non vérifiée, Ali reprend son prêche tout en regardant en l'air. Plus haut à New York, c'est le Bronx, un peu en dehors de l'histoire et beaucoup plus radical. Plus bas c'est Brooklyn, vers l'est, c'est l'Atlantique et la vieille Europe. Ici, dans ce quartier de New York en plein Manhattan, « God is the Great ». Mais New York n'est pas l'Amérique.
La problématique Amérique post-raciale
Obama et Mc Caïn ne veulent pas parler de ce problème, mais les électeurs eux en parlent. La race, conflit récurrent dans une Amérique qui sort à peine de la ségrégation et du lynchage, reste un sujet tabou chez les politiciens, mais pas chez l'homme de la rue. Une partie des Américains est convaincue que Obama est musulman, voire Arabe. Pour d'autres, Obama est un terroriste puisqu'il a travaillé en collaboration étroite avec le terroriste Bill Ayers, peut-on voir sur les très populaires sites de vidéo en ligne Youtube et Dailymotion. Ce n'est pas vrai, mais comme pour les rumeurs, le mal est déjà fait. Il suffit de taper Obama et terroriste sur le moteur de recherche Google pour avoir 300 réponses. Démenti par le Parti républicain, un e-mail a été envoyé en son nom à 75 000 électeurs juifs de Pennsylvanie, les mettant en garde contre la victoire de Obama, annonçant l'holocauste comme en Allemagne. Et même dans le camp noir, tout n'est pas très clair non plus. Chelsea, au cœur de Manhattan, dans un Starbucks coffee, la plus grande chaîne multinationale de cafés, dans la première entreprise à fournir des assurances santé à ses travailleurs à temps partiel, clientèle et personnel sont résolument à gauche. Pourtant, Ebony, au nom qui ressemble si bien à la couleur de sa peau, est devant son capuccino et campe sur son paradoxe : « Non, je vais voter McCain ». Pour une Noire, jeune et éduquée, l'aveu est étrange. Mais pas autant que ça, Ebony n'est pas d'accord pour payer 700 milliards de dollars, afin de renflouer les banques. « La vie est trop chère, je veux moins d'impôts et moins d'Etat, seul McCain le propose ». Et la couleur ? Ebony se fâche, fronçant ses jolis sourcils impeccables : « Si un Blanc peut voter Noir, comme ceux qui ont choisi Obama, pourquoi une Noire ne peut-elle pas voter pour un Blanc ? » Reste l'ultra-droite qui va se mobiliser contre Obama, à l'image des deux néo-nazis du groupe The Order, affilié à la mouvance White Power, qui fomentait un attentat contre le candidat noir, non sans avoir prévu juste avant « de tuer 88 Noirs, d'en décapiter 14 autres, habillés en smoking blanc et en haut-de-forme », selon l'enquête de police. Mais l'amateurisme de ces derniers a montré que la menace n'est pas aussi forte qu'elle ne paraît. « Ce n'est pas l'Amérique », a simplement commenté Obama, convaincu comme beaucoup qu'il va l'emporter. A J-4, un célèbre commentateur a conclu le match : « On dormira tôt le 4 novembre ». C'est-à-dire que les résultats seront connus en début de soirée, avec une victoire incontestée du premier président noir des Etats-Unis. Au Kenya, pays du père d'Obama, on se prépare déjà à la fête. Mais le Kenya non plus n'est pas l'Amérique.


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