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Djanet suspend ses espoirs au statut de wilaya
L'éden touristique contraste avec misère, chômage et mal vie
Publié dans El Watan le 01 - 12 - 2008

A 2200 kilomètres de la capitale Alger, la ville de Djanet semble soumise à la damnation d'avoir une telle distance géographique la séparant du pouvoir décisionnel. Comme si le temps s'était arrêté dans cette daïra de l'extrême sud-est du pays, la ville est restée figée dans son décor d'antan.
Les choses semblent évoluer très lentement, et même à tâtons comme si la machine du progrès a décidé de bouder cette parcelle du pays qui pourtant, de par sa surface, dépasse de quatre fois le territoire belge. Chômage, absence de loisirs, manque d'infrastructures, mauvaise couverture sanitaire et éducative, et cherté de la vie, l'envers du miroir idyllique de la capitale du Tassili N'ajjer n'est perçu que par ses habitants, ceux qui voient à longueur d'année ce qu'un touriste de passage ne peut percevoir. Ce qui est vu comme une pointe d'exotisme par un étranger à la région, est ressenti comme une régression, voire une privation de la modernité. Même le bulletin météo télévisé est ressenti comme une atteinte, voire même l'expression de la vision des gens du nord pour le sud.
Même le bulletin météo est décrié
La phrase « le reste du pays », prononcée par les présentateurs de la météo est perçue par les habitants de la région comme un déni de droit à une citoyenneté pleine et entière. « C'est un reste qui reçoit des restes », nous dit bon nombre de personnes. La ville de Djanet et ses habitants réclament un meilleur sort, une plus belle destinée digne de témoigner du présent d'une région riche de milliers d'années d'histoire. Ils dénoncent le statut de citoyens algériens de seconde zone et réclament une répartition équitable des richesses du pays émanant de surcroît des mamelles du sud. Le ksar Mihan ou Mizan selon les choix linguistiques, trône, comme par défiance au temps, à l'entrée de la ville en signe d'attachement à ce qui constitue les racines identitaires de la région et de ses habitants. Difficile toutefois de discerner du premier coup d'œil les vieilles des nouvelles demeures. Le blanc couvrant les murs de la ville cache mal la dégradation de ses habitations. Exception faite des édifices publics qui témoignent d'une présence étatique en bonne et due forme. Les venelles menant aux hauteurs de la ville sont quasi impraticables, pourtant la résidence présidentielle y est perchée et y manifeste une présence très remarquée de la plus haute autorité de l'Etat.
L'oisiveté s'empare des jeunes
C'est aussi le point de rencontre des jeunes gens. Garçons et filles se pavanent dans la « cité » à glaner la moindre nouveauté venant du nord ou bien du sud. Il faut savoir que Djanet est une région frontalière avec le Niger et la Libye ; elle est de ce fait un passage sensible qui s'ouvre sur des influences multiples. De nombreux Maliens et Nigériens y élisent domicile, d'autres l'utilisent comme une passerelle pour atteindre la Libye où ils bénéficieront d'une carte de séjour leur permettant de patienter un moment avant de tenter d'atteindre l'Europe. Il est 16h, le soleil a quitté son zénith, la température est à la baisse, le moment est propice pour sortir profiter des dernières heures de la journée et voir du monde. C'est la haute saison touristique, le va-et-vient des touristes étrangers est là pour le prouver. Ces touristes qui arrivent avec leurs yeux pleins de curiosité, en scrutant la ville à la recherche d'exotisme, deviennent eux aussi un objet de curiosité pour les autochtones. Ils deviennent même un moyen de distraction pour les jeunes de la ville qui, installés dans les cafés où juchés sur des barrières, regardent passer le temps et les touristes. Du haut de ses 36 ans, Abassi Mohamed est assis à la table d'un des cafés du centre-ville. Les jambes croisées et l'esprit semblant ailleurs, Mohamed Abassi ne se fera pas toutefois prier pour répondre à nos questions. Il semble même étonné de voir quelqu'un venir lui demander de s'exprimer sur son vécu. « Je suis chômeur », nous dit-il de prime à bord. Un statut qu'il collectionne depuis de nombreuses années et qui semble lui coller comme une seconde peau, et ce pas faute d'avoir essayé de s'en débarrasser en tout cas. « J'ai une formation de soudeur, mais je n'ai pas trouvé de travail. J'ai fait des demandes un peu partout, je me suis inscrit à la commune et à la daïra mais pas de réponse », nous dit-il presque honteux d'avoir ce sort qui dessine sur ses yeux tristesse et désespoir. D'une voix timide et d'un verbe hésitant, notre interlocuteur nous confie que c'est son frère aîné, infirmier de son état, qui subvient à ses besoins. S'asseoir et siroter un café est la seule distraction que Mohamed est en droit de s'offrir. « La seule salle de cinéma qui existait a été fermée il y a une année. Il n'y a pas de lieux de rencontres excepté ces trois cafés que vous voyez », déplore-t-il. Dans un autre coin de la rue, deux jeunes adossés au mur discutent. « Je ne suis pas d'ici. Je suis un militaire qui est là pour quelque temps », nous dit l'un d'eux très disposé à nous répondre. Nous lui demandons alors ce qu'il pense de Djanet, il ne tarde pas à dire que « la vie est trop chère ici, surtout pour un père de famille », en déplorant que les jeunes de la région n'aient pas des moyens de distraction « à l'exception de ceux qui peuvent accompagner les touristes, je ne vois pas d'autres moyens d'évasion pour les jeunes de la région », affirme notre interlocuteur dans un élan de compassion pour ses congénères de Djanet. Plus le soleil se fait clément, plus des groupuscules de jeunes se forment ça et là. Le même jugement est avancé par un autre jeune de la région qui est assis sur une barrière d'un mini pont dressé sur l'oued de Djanet. « Tout est plus cher ici qu'ailleurs à cause du mauvais état des routes, ce qui fait que le transport des marchandises est toujours plus cher », nous dit-il pour confirmer le constat que nous avons nous mêmes fait et que de nombreux citoyens ont décrié. Les prix des denrées alimentaires atteignent des seuils ahurissants ; à Djanet, c'est Ramadhan toute l'année. Les transporteurs de marchandises semblent faire payer aux consommateurs le prix de la distance parcourue entre le nord et le sud et surtout le mauvais état des routes. « Heureusement que je travaille à In Amenas dans une des bases de Sonatrach. Je m'estime chanceux d'avoir pu trouver du boulot. Il faut savoir que le chômage est le grand problème ici », nous confie ce jeune homme qui s'étonne de nos questions, pensant être interrogé par les services de sécurité. Une fois rassuré sur notre appartenance, le jeune homme semble plus détendu et nous lance : « C'est une région pétrolière et les jeunes ne trouvent pas de travail, ce n'est pas pour rien si les jeunes se sont révoltés il y a quelques années. »
« Il faut mener une guerre contre le chômage »
Il faut savoir que la localité de Djanet a connu, à l'instar d'autres villes du pays, des émeutes d'abord en 2001 pour réclamer le travail et une meilleure vie, puis en 2005 pour dénoncer la mauvaise prise en charge des citoyens suite aux inondations. Depuis, la confiance entre les citoyens et les autorités n'est plus que lettre sans portée. Nous quittons le jeune touareg à ses espoirs de se voir marié dans deux ans, pour rejoindre un autre groupe qui réclame pour sa part d'être interviewé. C'est un homme d'une quarantaine d'années qui ouvrira la liste des revendications sans même attendre les questions.« Nous voulons qu'une guerre soit menée contre le chômage. A mon âge, je n'ai pas trouvé de travail. Je vis chez ma sœur qui a aussi une famille à nourrir », nous dit-il avec une pointe de désarroi. Le cœur lourd et la patience entamée, il ajoute : « nous sommes privés de tout, même des journaux. Voyez les jeunes comment ils passent leur temps, ils n'ont que les cafés pour les accueillir. Pourquoi ne pas construire des bibliothèques, des clubs de sports et de jeux d'échecs. J'aimerais bien voir s'organiser ici des colloques sur l'histoire ou sur l'art dans cette patrie des touaregs source de notre grande histoire », martèle notre interlocuteur pour dénoncer une injustice multiforme. « Notre salut est dans le travail, nous manquons de sociétés et d'entreprises. Et lorsque nous tentons de proposer des projets, c'est le refus que nous rencontrons », lance-t-il encore en guise de dernière salve qu'il espère salvatrice. A ses côtés, un élève de quatrième année dénonce le manque d'enseignants à Djanet : « Même ceux qui existent passent leur temps à s'absenter. » Tel un malade aux mille maux, Djanet collectionne les souffrances. Ses habitants se sentent lésés et condamnés pour être nés dans le sud du pays, une terre riche qui ne nourrit pas ses enfants. Ils espèrent qu'avec le statut de wilaya, Djanet sortira de sa torpeur.


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