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Le palmier qui cache l'oasis
LE GOURARA ENTRE TOURISME ET MISÈRE
Publié dans El Watan le 04 - 01 - 2005

Le réveillon au sud du pays est un moment de bonheur. Les touristes ont choisi cette destination pour franchir le seuil de la nouvelle année. Les agences de tourisme profitent de cette période pour faire de bonnes affaires car le reste de l'année il n'y a pas grand monde.
Quelques manifestations tentent de sortir la région de sa torpeur. Le marathon des dunes, organisé par Sporting Management à Tinerkouk, une localité située à 65 km de Timimoun, du 28 décembre 2004 au 2 janvier 2005, n'a pas tenu toutes ses promesses. Certains participants se sont plaint du manque d'organisation et du « cafouillage » devant le restaurant. Les autorités, à l'exception du président de l'APC, ne se sont pas impliquées. Les coureurs ont fait contre mauvaise fortune bon cœur. Ils ont partagé des moments inoubliables en contact avec la population et en découvrant des sites enchanteurs. A Timimoun, on est loin de l'effervescence particulière de la semaine olympique organisée en 2001 par le Comité olympique algérien (COA) et où le wali d'Adrar a promis à la population locale « la construction d'une piscine olympique mieux que celle du complexe Mohamed Boudiaf (5 Juillet) » et du festival Cannes Junior. En ces temps-là, la wilaya a tenu à faire les choses en grand. Ici, les jeunes manquent terriblement de loisirs. Ils attendent la relance du tourisme qui générera de la croissance et des retombées économiques. Ils se sentent mal dans leur peau. Ils tournent en rond. L'avenir, pour eux, est un grand point d'interrogation. Les lumières brillent dans les rues, mais le vide est grand. Ils s'attachent au passé et à la mémoire familiale, mais éprouvent un intense besoin de danser, de créer, de dialoguer, en un mot de renaître... Le marathon des dunes a mis de l'ambiance au fort de Tinerkouk, connu des habitants par « El Bordj », d'une superficie de 700 m2 et construit en 1957. Il s'élève à 379 m d'altitude, soit 21 m au-dessus du ksar de Zaouïet Debagh. Il a été restauré dans le cadre de la réalisation du projet, initié par l'Unesco, « la route des ksour » qui vise en fait à associer la préservation du patrimoine des ksour à la dynamisation des économies locales par le tourisme en tant qu'activité complémentaire, démontrant ainsi que le désert peut être synonyme de vie, de richesse, de développement, de progrès et de solidarité pour les peuples du désert et pour l'humanité. Les travaux de réhabilitation ont été suivis par le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. « C'est devenu un passage incontournable des touristes », nous a déclaré Hamdi Barka, directeur de l'agence de tourisme et de voyages Takrom. Il propose à ses clients des voyages organisés à thème, des séjours de découverte, du trekking, de la randonnée pédestre et de la méharée. Il était accompagné par un groupe de onze personnes venues de France. Interrogée sur ses impressions, l'une d'elles a affirmé : « C'est magnifique. Marcher dans le désert est une expérience fascinante sur laquelle il est toujours difficile de mettre des mots. » L'agence propose des voyages exceptionnels afin de permettre aux touristes de découvrir les sites les plus grandioses du grand erg occidental, l'immensité des dunes et le chapelet d'oasis verdoyantes de la région du Gourara. Une invitation au dépaysement total et une expérience en contact avec le désert. On va à la découverte de la sebkha (ancien lac asséché), des ksour à l'architecture défensive où l'influence soudanaise est évidente, de la grotte d'Ighzer, Tindjellet, Ouled Saïd et Aghlad où se trouve l'une des forteresses bâtie, dit-on, entre 2000 et 3000 ans avant Jésus-Christ, avec les mêmes matériaux ayant servi à l'édification des pyramides pharaoniques. Le net regain d'intérêt des touristes étrangers pour la wilaya, et particulièrement Timimoun, où on peut contempler le plus beau coucher du soleil au monde, est manifeste. Mais derrière cette belle vitrine, il y a aussi la misère. A Tinerkouk, par exemple, la plupart des 15 000 habitants vivent dans un profond dénuement. L'indigence a un visage. A Tabelkouza, Slimane Tayeb, 60 ans, a les mots amers, des mots de cendre et de poussière, écarlates et brûlants comme des déserts. « Nous sommes les oubliés. Nous sommes sous terre », affirme-t-il. Il était soudeur à In Amenas, mais n'a pas bénéficié de retraite. Il a neuf enfants, dont l'un a décroché son bac et est allé étudier à Oran. Pour se réchauffer, il doit attendre l'approvisionnement en bouteilles de gaz. Cela lui coûte 170 DA lorsque le privé l'apporte. Naftal assure le transport une fois par semaine en moyenne. Les structures de santé sont inexistantes. Pour se soigner, les habitants se réfugient à la zaouïa ou montent par voiture jusqu'à Timimoun à raison de 100 DA la place.
Au détour de ruelles en labyrinthe
A Tinerkouk, ce n'est guère mieux. Le taux de chômage atteint les 90%. Les gens vivent d'agriculture et de commerce de dattes. L'artisanat est aussi une activité très répandue. Bouleghiti Mohamed, président de l'APC, nous explique dans son bureau que les citoyens ont du mal à honorer leur quittance d'électricité et de gaz. Les inondations des 14 et 15 mai dernier ont causé le sinistre de 629 familles et provoqué d'importants dégâts matériels. Ici, on vit toujours des moments pénibles. 58 familles ont bénéficié de 20 millions pour construire deux chambres, 203 familles ont bénéficié de 10 millions pour construire une chambre et 385 sinistrés ont eu 5 millions pour réhabiliter leur logement. Cependant, cette main tendue de l'Etat n'est pas suffisante, car la Caisse nationale du logement (CNL) exige la fin des travaux pour verser les sommes allouées. Il est très difficile de briser le cercle vicieux. Selon les statistiques du maire, seules 15 familles ont pu bâtir les deux chambres et 54 autres une seule chambre. Le reste s'est débrouillé, chacun comme il peut, avec les moyens dont il dispose en ayant recours à de l'argile et à de la chaux. L'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) n'a construit depuis l'indépendance que 50 logements. La région de Fatis est sans eau potable. Les habitants ont recours aux puits pour boire. Les eaux sont toutefois purifiées par les agents de l'APC. Parmi les projets qui tiennent à cœur le président de l'APC figure celui de l'ouverture de la route qui reliera Tinerkouk à El Bayadh (550 km). Un avant-projet est à l'étude et en attendant sa probable réalisation la route qui relie Tinerkouk à Timimoun fait l'objet d'une réhabilitation. Ce qui permettra de désenclaver la région où peu de ministres se sont déplacés. Le président Bouteflika a fait quand même un crochet pour inaugurer un technicum et visiter le fort. En matière de télécommunications, Tinerkouk a le strict minimum. A l'occasion du marathon des dunes, une antenne-relais de Mobilis a permis de rester joignable et de sortir la région de l'isolement, alors que l'événement a été sponsorisé entre autres par Djezzy ! Cependant, ici, on est encore loin de la révolution Internet et de la percée de la téléphonie mobile qui transcende les générations, les catégories sociales et les milieux professionnels. Contrairement à Timimoun où « le champ » existe, dans les petites localités, on reste frustrés. Les jeunes rêvent d'un avenir meilleur. Pour subvenir à leurs besoins, ils vivent d'expédients : vente de cigarettes, de produits importés (jean's, chaussures de contrefaçon et chaînes stéréo). La solidarité familiale faisant le reste. Il y a aussi ceux qui quittent le patelin pour le nord du pays. Ils travaillent dans le gardiennage, la vente de cacahuètes et de thé ou du « business de la rue ». Une aventure qu'ils préfèrent à une situation de précarité où ils se consument à petit feu... A l'oasis de Ouled Saïd, la promenade à pied est agréable. Les habitants sont accueillants. Une ribambelle d'enfants courent dans tous les sens. Les uns en voyant des touristes tentent de vendre des objets d'artisanat. Une fillette, les yeux pétillants d'innocence, s'avance vers nous pour demander un stylo. Les autres enfants la rejoignent. Tous réclament des stylos. La plupart sont scolarisés. Après la famille, l'école est leur seul univers. Le désert est leur terre promise sans plus. A Timimoun, on se balade dans l'oasis qui se trouve en plein centre-ville. Le système des fouggaras rythme la vie. Chaque rigole a son histoire, une généalogie propre. Chacune d'elles a permis l'installation d'une famille et l'a fait vivre. Au détour de ruelles en labyrinthe, de sable et de poussière vivent encore dans la précarité une centaine de familles. Il faut rentrer dans le rythme du désert et se laisser bercer. Il faut faire l'apprentissage de la lenteur. Le Sahara offre un répit et une suspension dans l'espace et le temps. L'Oasis rouge captive encore les visiteurs. On a le temps d'apprécier la vie, de prendre du recul, de réfléchir, de méditer et de comprendre que si tout est vanité et poursuite de vent, la vie est d'une extrême richesse.


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