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« La motivation des djihadistes est la conviction et non la misère »
Abderrahim Gamal. Membre du syndicat des journalistes égyptiens
Publié dans El Watan le 10 - 12 - 2008

Membre du bureau du Syndicat des journalistes égyptiens, auteur de cinq livres sur l'islamisme en Egypte, Abderrahim Gamal, journaliste à El Gomhoria, affirme que la misère n'a jamais été la motivation des djihadistes dans son pays. Dans l'entretien qu'il nous a accordé en marge des travaux du colloque international sur le terrorisme et les médias, à Grenade, en Espagne, il donne un aperçu sur les groupes islamistes égyptiens et les étapes qu'ils ont traversées pour se transformer en mouvement djihadiste.
Vous avez déclaré, lors des ateliers du colloque, que le terrorisme en Egypte est apparu en réaction à la répression des forces de sécurité. Est-ce la seule motivation des groupes islamistes ?
J'ai dit que le terrorisme islamiste en Egypte a ses origines. Il est né par vengeance puis il a évolué pour se transformer en violence idéologique. J'ai donné l'exemple de l'assassinat de Sadat, en disant que cet acte avait été précédé, un mois auparavant, par l'arrestation massive, sur ordre de l'ancien Président, de quelque 3000 personnalités intellectuelles et activistes islamistes entre journalistes, écrivains et syndicalistes les plus célèbres en Egypte. Le frère de Khaled Stambouli, l'officier qui l'a assassiné, a lui aussi fait partie de ces rafles. Je peux dire que l'assassinat de Sadat est une réaction de vengeance et non un acte idéologique.
N'y avait-il pas l'ombre des accords de camp David avec Israël ?
Les accords de camp David ont été signés deux ans avant l'assassinat. Je suis convaincu que ce sont les arrestations massives qui étaient à l'origine de l'assassinat de Sadat. Les accords avec Israël constituent un motif secondaire et les arrestations en sont les principales causes. Sadat menaçait, dans son discours, de ne jamais libérer les détenus. Ses propos étaient virulents à l'égard de la mouvance islamiste, y compris contre ceux qui ne faisaient pas de politique. Il est allé jusqu'à maltraiter une grande figure de l'Islam, Cheikh Al Mahalaoui, en déclarant qu'il est détenu comme un chien. Ce sont des propos qu'on ne pardonne pas. Puis des opérations de vengeance contre le gouvernement ont commencé. La région de Port-Saïd était le berceau de cette violence. Le phénomène de vengeance est une pratique courante chez les habitants de cette région, soit pour laver un affront ou pour réhabiliter un honneur perdu. Derrière chaque attentat, il y a un acte de vengeance contre les actions du gouvernement. Parce qu'il faut rappeler que lorsque les policiers entraient dans les quartiers et qu'ils ne trouvaient pas les personnes qu'ils recherchaient, ils s'en prenaient à leurs familles. C'est-à-dire tous ceux qu'ils trouvaient sur leur chemin, à savoir le père, la mère, la sœur, l'épouse, le frère ou la fille. Ils les torturaient pour les humilier et de ce fait, la réaction des fugitifs était de se venger de l'officier qui a déshonoré la famille. Toutes les opérations qui ont eu lieu durant les années 1980 et 1990 sont des actes de vengeance personnels contre les policiers….
Et les assassinats des coptes alors ?
Les auteurs expliquent que les coptes sont des informateurs de la police. Ils ne les tuaient pas parce qu'ils sont coptes, mais parce qu'ils étaient, selon les islamistes, des délateurs…
Et les attentats qui ont visé les touristes ?
Ils ont été visés non pas parce que ce sont des touristes ou des non- croyants, les islamistes disent que ces actes visent en fait l'économie du pays. Vous savez bien que l'Egypte vit du tourisme, et de ce fait, selon le raisonnement des islamistes, en frappant ce secteur, c'est le gouvernement qui sera touché directement. Durant leur existence, les groupes islamistes égyptiens n'ont jamais ciblé un civil. Les rares qui ont été tués c'est parce qu'ils se trouvaient sur le chemin d'une cible, c'est-à-dire un ministre, un policier ou un responsable.
Pourtant, à Sharm El Cheikh, les attentats kamikazes ont visé un hôtel qui abritait des civils, notamment des Egyptiens…
En fait, les islamistes visaient les touristes. Ces hôtels sont fréquentés majoritairement pas des étrangers. Néanmoins, je dois reconnaître qu'il y a une grande différence entre ce qui s'est passé durant les années 1980-1990 et début 2000 et les attentats de Sharm El Cheikh et Daheb. Ces derniers ne sont pas le fait des islamistes djihadistes. Les auteurs sont de simples citoyens qui ont d'autres motivations à l'opposé de celles des islamistes. Parmi les auteurs, il y avait des Palestiniens et des nomades du Sinaï qui voulaient frapper Israël, en visant l'hôtel Taba, très fréquenté par des Israéliens.
L'erreur des policiers a été leur réaction violente à l'égard des proches des auteurs. Comme je disais plus haut, en Egypte, il y a deux types d'islamistes. Le premier est implanté à Port-Saïd et son émir est Omar Abderrahmane, l'auteur des attentats du World Center aux Etats-Unis, au début des années 1990. Il y a aussi de nombreux cadres, actuellement en fuite à l'étranger. Les autres islamistes sont dirigés par Aymen Ezawahiri et font partie de ce que certains appellent Al Qaïda. Les deux groupes sont des djihadistes et utilisent le terrorisme comme moyen d'accès au pouvoir en ciblant le gouvernement.
Il faut reconnaître que durant les années 1980 jusqu'à 2000, les motivations du terrorisme islamiste ont changé. Elles sont passées d'une réaction de vengeance à une réaction idéologique. Aujourd'hui, les djihadistes tuent uniquement pour leurs idées...
Ne voyez-vous pas dans les attentats kamikazes une nouvelle stratégie de terreur ?
Pour moi, les attentats kamikazes constituent le nouveau mode d'action des djihadistes. Cela a commencé en Afghanistan, puis au Pakistan, avant d'atteindre les ambassades des USA à Nairobi, au Kenya, et à Dar Essalam, en Tanzanie, puis au Yémen, etc. Pour moi, c'est malheureusement leur propagation qui est dangereuse, d'autant plus qu'ils visent surtout des civils.
Selon vous, la misère peut-elle être le terreau qui nourrit le phénomène kamikaze ?
Il est important de préciser que les djihadistes ne croient pas aux délices de la vie et à ce qui est matériel. Leurs actes véhiculent le message d'une idéologie nihiliste. Juste ou non, cela n'est pas important. La misère n'a jamais poussé les jeunes à se faire tuer en emportant avec eux le maximum de victimes. Les motivations des djihadistes sont les idées. Ils sont convaincus qu'en tuant, en se transformant en bombe humaine, ils vont aller au paradis. Est-ce que la misère se trouve uniquement dans les pays musulmans ? Les djihadistes, que dirige Aymen Ezawahiri, véhiculent une idéologie. Ils parlent de l'ennemi proche et de l'ennemi lointain.
Pour eux, le gouvernement actuel, allié de l'Amérique, est un ennemi proche. En le visant, c'est en fait l'Amérique, l'ennemi lointain qui est ciblé. Leurs actions ont été toutes dirigées contre le pouvoir. Je peux citer les tentatives d'assassinat du Premier ministre, des ministres de l'Intérieur, de la Communication, ou de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros Ghali, etc. Mais ils n'ont jamais commis d'attentats contre les civils, contrairement aux djihadistes algériens qui visent les populations désarmées. C'est pour cela que le peuple égyptien a de l'estime pour eux. D'ailleurs Aymen Ezawahiri jouit d'une bonne réputation chez nous, tout comme Ben Laden. Pour le peuple, le fait qu'ils soient contre l'Amérique, c'est largement suffisant pour les soutenir.
Dans un pays où le gouvernement contrôle la presse, comment faites- vous pour pouvoir écrire sur le terrorisme sans tomber sous le coup de la manipulation ?
C'est regrettable de le dire. Nous ne faisons que reprendre la thèse du gouvernement. Dans le cas contraire, nous risquons la prison. Nous avons des lois qui permettent au gouvernement de traduire en justice les journalistes qui veulent faire correctement leur travail. Si des informations sécuritaires non officielles sont diffusées, les auteurs peuvent être emprisonnés et taxés même de djihadistes. C'est un vrai problème, parce qu'il s'agit de sujets très sensibles et non pas de match de foot.
Par exemple, je peux vous dire qu'il m'arrive souvent de sortir sur le terrain pour couvrir un attentat et lorsque je rentre à la rédaction, je trouve un communiqué du ministère de l'Intérieur qui fait état d'une vérité autre que celle que j'ai constatée de visu. Que peut faire le journal ? Publier mon reportage et donc prendre le risque de la suspension, des poursuites judiciaires et de la prison ou se contenter du communiqué officiel ? Le choix est très difficile mais inévitable…


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