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Yamina Benmoukadem, l'artiste au dé d'or
Broderie artisanale du Chenoua
Publié dans El Watan le 06 - 01 - 2005

Agée de 67 ans, elle se sacrifie jusqu'à nos jours pour perpétuer la broderie berbère du Chenoua. Les hommes et les femmes du gigantesque et majestueux mont du Chenoua, imposante montagne qui domine la wilaya de Tipaza, avaient pu survivre grâce à la richesse de l'artisanat depuis plusieurs sicèles.
En sa compagnie, le temps passe à la vitesse du son. Elle nous relate, avec une incroyable simplicité, les différentes étapes traversées par cet artisanat : la broderie berbère. C'est une mémoire vivante qui continue à transmettre son savoir à ces jeunes filles de l'Algérie profonde. Elle détient un puzzle de l'artisanat berbère. Au centre de formation de la broderie berbère de Cherchell, qui fonctionne depuis plus d'un siècle, Mme Yamina Benmokadem, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, veille depuis plus d'un demi-siècle à maintenir la production et la formation de ce chapitre de broderie très particulière de cette partie du territoire du bassin méditerranéen. Cette femme algérienne très discrète, grand-mère aujourd'hui, nous exhibe des diplômes et des attestations. Le plus grand document attire notre attention. En effet, en décembre 1961 en France, à la suite de sa participation à un concours, elle avait décroché la première place. Le document en question est signé par M. Lucien Paye, ancien ministre français de l'Education nationale. Mme Yamina Benmokadem nous a fait sortir d'une petite boîte, sa médaille d'or qui demeure attachée à un bout de tissu tricolore. C'est une manière pour elle de nous prouver sa participation à la 10e exposition du travail qui s'était déroulée à Paris, du Groupe des Métiers d'art, une manifestation de l'artisanat organisée sous le haut patronage du président de la République française. Son œuvre d'une dimension de 9 m2, avait été très appréciée par les membres du jury et un public très connaisseur. C'est une œuvre très complexe qui avait été réalisée sans aucun soutien, par cette artisane algérienne à l'aide, de moyens dérisoires, au bout de dix-huit mois d'effort. « Je me rappelle que j'avais passé deux Ramadhans autour du grand morceau de tissu, pour coudre, broder et enfin réaliser ce produit », nous dit-elle. Elle est à l'origine du développement de la broderie berbère (ndlr, du Chenoua). Son œuvre inédite après 1962, se trouvait au musée d'Alger, selon notre interlocutrice, hélas, ce patrimoine artisanal s'est volatilisé, pourtant il était répertorié. Cette autre artisane cherchelloise est également une créatrice des thèmes. Elle propose aux clients des motifs pour embellir leurs nappes, serviettes, trousseaux de mariée, burnous, écharpes, suivant l'art de la broderie berbère du Chenoua. Pour obtenir un produit de l'artisanat de grande qualité, de surcroît broderie berbère du Chenoua, il faut que la toile métisse qui couvre le petit métier soit de couleur blanche ou crème. L'artisane orne ainsi ses toiles en tissu, de différentes dimensions, avec du fil de couleur rouge grenat, de couleur marron, et naturellement avec une aiguille. Or, le Nabeul est un style différent de la broderie, même les couleurs des fils ne sont pas identiques et spécifiques comme celles du berbère de Chenoua. Mme Yamina Benmokadem née Chenaoui, en dépit du règlement très strict observé par sa cellule familiale, avait réussi à prendre attache avec la responsable de cet atelier de broderie, une école de formation et de production, Mme Gérard, au début des années 1950. Elle avait appris les techniques et rudiments de la broderie berbère du Chenoua. L'amour pour cet art lui avait permis une assimilation facile. La confiance gagnée auprès de ses parents, avait fortement aidé et mis en confiance cette « gamine, frêle et tenace », pour qu'elle puisse s'investir entièrement dans la broderie berbère, d'autant qu'elle est issue d'une famille de révolutionnaires et qu'elle avait abandonné les bancs de son école prématurément. Après l'indépendance de l'Algérie, l'artisane Yamina ne voulait pas renoncer à la formation des jeunes filles et délaisser cette « caverne » qui renferme des trésors. Si pendant ces moments de liesse qui ont suivi la libération du pays, des usurpateurs s'adonnaient à des scènes de pillage, l'artisane avait d'autres soucis, elle s'était mobilisée pour ne pas faire cesser le fonctionnement de cette école anonyme, méconnue, un authentique joyau d'une partie de l'artisanat de notre pays. Grâce au stock très important de matière première, de surcroît de très bonne qualité, représentant une valeur certaine, qui se trouvait au niveau de cet espace insignifiant, Mme Benmokadem était arrivée à assurer la formation et la production des articles de broderie berbère pendant 84 mois (7 ans), sans être approvisionnée, ni même financée. C'est la période de l'autosuffisance pour ce centre de broderie berbère qui se contentait de former des futures artisanes, produire et vendre ses produits. Les délégations officielles et les visiteurs avertis se sont rendus vers ce point « touristique » de l'ex-Cesarée et se sont aperçus du génie de l'artisane algérienne, qui s'est sacrifiée pour la vie de la broderie berbère, au détriment de son confort matériel. Un bon exemple pour les donneurs de leçons. L'artisane a eu droit à moult promesses de la part d'une multitude de responsables dans le secteur de l'artisanat malmené.

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