Le projet de la cimenterie de Djelfa suscite actuellement beaucoup d'interrogations. La population locale qui avait mis en elle ses espoirs quant aux 1600 emplois prévus pendant la phase de réalisation de cette usine, est passée d'une attente prolongée aux rumeurs les plus folles. Cette cimenterie qui n'a de cesse de tenir tout le monde en haleine depuis 35 ans, s'apparente à une mystification. Cet état de fait est certainement lié au délai non tenu par les Egyptiens pour engager les travaux de génie civil, promis par Ahmed Khalifa, DG de ASEC Egypte, reprenneur de ce gros investissement, pour le mois d'octobre 2007. Le retard accusé est donc de 14 mois. L'engagement en question a été pris, pour rappel, au cours de la cérémonie ayant marqué le transfert des actifs immobiliers du projet de l'ERCC à ASEC Egypte, le 26 juin 2007, au siège de la wilaya de Djelfa. L'historique de ce projet qui date de 1973 ne pourrait que justifier la crainte d' un énième report quant à sa réalisation. A l'origine, le contexte était des plus favorables pour donner naissance à cette usine, une sorte d'embryon d'un pôle industriel en puissance dans la région et tout rassurait sur les débouchés en termes d'écoulement des produits vers pas moins de 9 wilayas limitrophes de Djelfa. C'est ASEC qui décroche en fin de compte ce contrat d'investissement, après deux avis d'appel d'offres, à manifestation d'intérêt national et international, lancés par la SGP le 1er mars 2004 et le 22 janvier 2006. Pour se défaire de ses concurrents, principalement les Saoudiens qui étaient en pole position eu égard à une excellente étude de mise en place réalisée par Polysius, un bureau d'études allemand, il a fallu que ASEC offre un différentiel positif de 2 millions d'euros et accepte de prendre le projet dans sa totalité. Contrairement aux autres soumissionnaires dont l'offre s'est limitée à un partenariat de 30%. ASEC hérite donc d'un terrain d'assiette de 100 ha nivelés, de deux forages de 22 l/s chacun, d'une ligne moyenne tension de 30KV, des VRD et de 5 villas au chef-lieu de la wilaya. Il ne lui restait que les titres miniers, une simple formalité. L'investissement global de l'usine a été évalué au départ à 413 millions USD puis à 632 millions. Le contrat devient effectif le 1er octobre 2007, une date censée correspondre au début des travaux de construction du futur complexe de la cimenterie, selon Ahmed Khalifa. D'après les dires de ce dernier, durant cette phase, près de 1600 personnes essentiellement des natifs de la région seront employés. Il fera remarquer que l'usine entrera en production le 1er juin 2010 avec une seule ligne de production d'une capacité de 1,5 million de tonnes de clinker par an pour les deux premières années et 3 millions plus tard. De son côté, Achraf Ahmed Talaât, directeur du groupe commercial ASEC Cement spa, avait lui aussi déclaré que ASEC satisfera à la demande nationale en ciment en 5 ans et fera de l'Algérie un pays exportateur. Deux équipes spécialisées en mines et géologie et en génie civil s'étaient effectivement déplacées sur les lieux, ce qui confirme les bonnes intentions de ASEC qui annoncera, plus tard, avoir signé les contrats du projet de la cimenterie de Djelfa avec l'équipementier danois FLSmidh qui a déjà fait ses preuves dans les usines de AïnTouta et Tébessa et dont les équipements sophistiqués sont anti-polluants. Or, actuellement on constate un vide sidéral sur le site où les travaux de construction sont censés se dérouler. Contacté, le DG de ASEC ciment Algérie n'a pas réagi à notre tentative de le joindre. Pour sa part, le wali ne désespère pas de voir démarrer ce projet, du fait que le groupe égyptien a encore devant lui 18 mois, on fait, pour tout refaire de zéro. Reste à savoir si ce délai est suffisant pour que le premier sac de ciment sorte enfin de cette usine longtemps considérée comme un rêve régional.
