La cadence des passagers au poste frontalier de Haddada (Oum Teboul, El Kala, Tarf) est subitement passée d'environ 7000 par jour dans les deux sens, sortie et entrée, à 16 000/jour depuis le 1er août. On a enregistré 9000 passages le week-end dernier. Selon nos interlocuteurs sur les lieux, 160 000 passagers ont emprunté cette route durant juillet 2018, la moitié du nombre comparé à celui de 2017. Selon nos sources, le flux des vacanciers va aller crescendo jusqu'au 15 août pour atteindre et probablement dépasser la moyenne des 25 000 passages jour, du mois d'août 2017. Et il semble que les services de la PAF et des Douanes, côté algérien, se soient préparés à cette déferlante, alors qu'on se pose toujours des questions sur la capacité des services tunisiens à absorber cette vague qui effectue rapidement les formalités algériennes avec la mise en place du dispositif de «l'autopassage», sans descendre du véhicule et de la déclaration du TPD (titre de passage en douane) en ligne sur le site web des Douanes algériennes. Le poste d'Oum Teboul est le plus important poste frontalier du Maghreb avec près de 500 000 passages par an. C'est essentiellement par cette voie que se fait la grande migration annuelle des Algériens vers la Tunisie. Il est préféré à celui d'El Aïoun-Aïn Draham parce qu'on passe par Tabarka et que la route est un plus courte vers Tunis. En revanche, le poste frontalier d'El Aïoun (El Kala, El Tarf), situé à 15 km au sud de celui d'Oum Teboul, a enregistré jusqu'au 31 juillet 2000 passages/jour. Doté lui également du dispositif de «l'autopassage», plutôt commercial, il est moins emprunté par les vacanciers qui doivent encore ignorer que l'autoroute Tunis-Ghardimaou est ouverte depuis novembre 2016 à Bou Salem, entre Djendouba et Béja, à seulement 70 km de la frontière, ce qui réduit également et améliore l'itinéraire vers Tunis par El Aïoun, Aïn Draham. Des habitués aux postes frontaliers conseillent de ne pas se présenter entre 8h et 12h pour éviter la longue file d'attente. Selon eux, on passe à peine quelques minutes dans l'après-midi et le soir. Le signe qui ne trompe pas Les Algériens ne semblent donc pas bouder la Tunisie malgré tout ce qu'on dit sur les réseaux sociaux avec des appels au boycott pour des mésaventures survenues à des vacanciers algériens. Lors d'un rapide séjour vers la mi-juillet, nous avions rapporté dans nos colonnes l'absence presque totale de vacanciers algériens dans les grands centres tunisiens et sur les routes. Il n'y avait même pas de réservations dans les hôtels avant la fin juillet, nous avait-on assuré, bien que la majorité loue des maisons. Il est donc probable que ce soit la baisse du niveau de vie qui pousse les Algériens à réduire la durée de leurs vacances. Le même phénomène s'observe aussi à El Kala, destination balnéaire privilégiée dont la population double carrément en été. Cette année, il y a manifestement moins de monde en ville, pendant la journée et aussi le soir. Un signe qui ne trompe pas. Les vacanciers en nombre n'ont toujours pas montré le bout du nez. Les marchands de sommeil qui louent à la nuit ont dû revoir leurs tarifs à la baisse, ils sont passés de 7000 DA/nuit à moins de 3500 DA/nuit. C'est dire que les commerçants, qui ont fait le plein de leurs stocks avant les vacances, ne désespèrent pas et attendent de pied ferme leurs proies avant l'Aïd, autrement dit dans 20 jours. Peu probable qu'on les aperçoive.