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Le général Salan a institué les premiers centres de torture à Béni Saf
Publié dans El Watan le 24 - 08 - 2018

«Quand le mort repose, laisse reposer sa mémoire.» Proverbe arabe
Algérie 1958, une année très dure, difficile, une année charnière pour la Révolution algérienne et également pour le colonisateur français. Après le 13 mai 1958, putsch ou coup d'Etat, les partisans de l'Algérie française ont pris le pouvoir en Algérie, forçant le gouvernement de Pierre Pflimlin, à Paris, à donner les pleins pouvoirs au général Salan.
Ces événements ont eu des conséquences fâcheuses au niveau des localités régionales algériennes, en l'occurrence la région de Béni Saf qui va retenir plus notre attention plutôt historique par témoignages interposés.
C'était en septembre 1958 que le général Salan a débarqué à Béni Saf où il a livré à une population arabe venue de force assister à son discours programme historique au niveau de la plage du Puits dans le but d'institutionnaliser des «paras» mais aussi la milice OAS afin de saper par une main de fer la résistance algérienne (FLN et ALN) ; entre-temps, il avait traité les Bénisafiens de «fellagas» et avait nommé le libraire Garcia de chef de la milice... OAS.
L'instabilité qui suivra entraînera la fin de la IVe République, le retour au pouvoir du général de Gaulle et le soulèvement des milices de droite.
De Gaule reprend le pouvoir
Il asseoit un gouvernement acquis à la cause de l'Algérie française ; une idiologie ancienne, confrontée par le recul du socialiste Guy Mollet. Ce dernier, élu en 1955 sur un programme de paix en Algérie, sera convaincu par les Français d'Algérie.
Le 6 février 1956, ces derniers manifestent contre cette politique, à leur tête P. Lagaillarde, ancien avocat et député (sans étiquette) du département d'Alger, activiste nationaliste et anti-indépendantiste, partisan de l'Algérie française, Joseph Ortiz, activiste français ; Jean-Jacques Susini, né à Alger, homme politique français, cofondateur de l'Organisation armée secrète (OAS) et consorts.
L'Algérie de 1958 avait réussi la structuration politique et militaire à l'intérieur du pays et renforçait ses liens à l'extérieur par son réseau diplomatique et ses diverses représentations.
Il s'ensuivit la formation d'un gouvernement provisoire (GPRA) et même la formation d'une équipe de football par l'appel de tous les joueurs de la discipline. La plupart venaient de France qui disputait cette année 1958 la Coupe du monde en Suède. Cet été 1958 de la sixième Coupe qui s'est déroulée du 8 au 29 juin.
Le regroupement de nos footballeurs s'est effectué par analogie à l'appel de l'UGEMA sous le slogan historique : «… Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ! A quoi donc serviraient ces diplômes qu'on continue à nous offrir pendant que notre peuple lutte héroïquement…». L'UGEMA représentait l'organisation estudiantine, le 14 juillet 1955, à l'initiative d'un groupe d'étudiants. Taleb Ibrahimi en sera son premier président.
Par ailleurs, le général Challe mit en place une opération de grande envergure sur toute l'Algérie avec l'opération «Pierre précieuse» ; le but était de briser les structures militaires politiques du FLN-ALN. L'Algérie a été ceinturée par les lignes Morice et Challe, ces deux lignes (en fils barbelés électrifiés et minées) de la frontière Ouest (Morice 1958) et (Challe 1959) s'étendent sur la frontière marocaine et tunisienne.
«Celui qui compte sur les chaussures d'un mort, marchera longtemps pieds nus.» Proverbe arabe
1957-1958 étaient des années ascendantes de la lutte armée, les combattants affluaient et les zones d'insécurité s'étendaient et étaient hors de portée et le seul chef de la wilaya d'un QG à l'extérieur du pays était hors de portée de l'armée française. Houari Boumediène en tant que chef d'état-major disposait des meilleures communications avec les points chauds de la guerre d'Algérie à l'intérieur comme à l'extérieur.
Il était plus question d'avoir des renseignements sur une personne pour son arrestation, un filet tendu ramenait toute personne à prime soupçonnée.
«Ne dis pas tes peines à autrui ; l'épervier et le vautour s'abattent sur le blessé qui gémit» Proverbe arabe
C'est ainsi qu'à Béni Saf, et ce, pendant plus d'un mois, la population a vécu des journées noires et atroces car les directives de Salan s'exécutaient d'une manière très forte.
Les accusations s'opéraient en plein jour sans discontinuer. Toutes les structures administratives, socio-économiques furent touchées de plein fouet : l'unique pharmacien arabe et musulman nommé Rahal, membre de l'association des Ulémas et son fils ont été fait prisonniers ainsi que les commerçants arabes jeunes et vieux, les fonctionnaires arabes de la mairie, les politiciens faisant partie de l'OCFLN, les pêcheurs arabes et les ouvriers arabes de la mine de fer, les hommes et les femmes.
Aucune de ces personnes n'échappa à la torture et à l'embastillement. Il faut croire que c'est cette année 1958 que furent intronisés par le général Salan les centres de tortures ; il s'agissait du sous-sol de la salle des fêtes (2e bureau) où mon père, Benallal Missoum, était parmi les premiers à subir les atrocités de la torture dans ce centre, et le second centre de torture se situait dans la villa dite «Labilla» (5e bureau) ; aujourd'hui, elle abrite le Musée des anciens moudjahidine et dont les centres de torture sont conservés pour le musée.
Le centre du groupement militaire de la plage du Puits était aussi un lieu de torture, de même que le 3e bureau de la plage du Puits. Le nombre de centres de torture était impressionnant pour dire que la torture était bel et bien institutionnalisée par la France officielle et que les Bénisafiens n'ont pas échappé aux supplices comme tous les Algériens.
«N'ouvre la bouche que si tu es sûr que ce que tu vas dire est plus beau que le silence. Proverbe »arabe
Des dizaines de révolutionnaires furent assassinés sous la torture ou jetés vivants dans les galeries de la mine de Camerata et Sidi Ali, ou encore dans le puits de l'actuel «Makam Echahid».
Nous retenons, pour l'exemple, Safi Ould Tonio Moro ou Fatima la couturière, ainsi que Mankouri Halima en une seule nuit ! Ces deux martyres furent exécutées parmi un groupe de 35 victimes ; à ce jour, leurs corps n'ont pas encore été retrouvés.
Les sept frères Boubakeur (voir l'article sur Réflexion du 05/02/2017 : «La famille aux 7 chouhada de Béni Saf : l'histoire d'une famille décimée par la France», dont certains ont été enterrés vivants après avoir été torturés ; un autre après avoir subi la torture a été jeté en pâture à un chien pour être dévoré jusqu'à ce que la mort l'emporte et bien d'autres personnes décédées sous la torture, comme les frères Zenasni Amar et Kadar dit «Tekfa», ils ont été ligotés à un poteau électrique en bois près de l'actuel «Makam Echahid» et déchiquetés par une bombe que l'armée française avait placée sur eux.
Les pires atrocités ont été l'œuvre de l'armée française officielle après la venue du général Salan. La cité minière avait connu d'autres vagues d'arrestations en 1955.
Elles eurent lieu dans les administrations où plus de 100 personnes furent emprisonnées au camp de saint Lieu en février 1957 ; cinq Bénisafiens, parmi lesquels les enseignants Benabdallah Mohamed et Berkane Mohamed (mineur de l'époque), connurent le camp de la région d'Aïn Eddjaj ; cette opération fut la plus terrible et la plus meurtrière.
Les survivants à cette tuerie seront isolés dans un camp de Sidi Benadda, dit «Trois marabouts», un autre centre de détention et de torture ainsi que celui de Rio Salado, dit El Malah. Le nom de Si El Missoum est intimement lié à la guerre de Libération nationale, lui, le martyr qui a choisi de donner sa vie pour l'Algérie.
Un chahid sans tombe
Natif de la nouvelle commune Emir Abdelkader, mon père Benallal Missoum est présumé né en 1920. Après une solide formation en langue arabe et en sciences islamiques acquise auprès de l'imam Ahmed Ben Bakhit, Benallal Missoum devient vers la fin des années 1940 et début des années 1950 l'un des membres actifs du mouvement réformiste religieux, créé par Abdelhamid Ibn Badis en Algérie et dont le slogan est l'affirmation de l'identité algérienne avec ses trois constantes : l'Islam est notre religion, la langue arabe est notre langue, l'Algérie est notre patrie.
Convaincu que l'ancrage identitaire et religieux de la société algérienne passe aussi par les lieux de culte, Benallal Missoum se voit chargé de la construction de plusieurs mosquées à travers les villes et même les zones rurales. L'une de ces mosquées sera érigée dans le quartier de son grand-père qui était le lieutenant de l'Emir Abdelkader et abrite à ce jour des caches souterraines utilisées pendant la guerre de la Révolution algérienne.
Mais bien qu'impliqué dans la vie religieuse et socio-éducative de sa communauté, il n'en oublie pas pour autant ses engagements militants. Aussi, dès le déclenchement de la guerre de Libération nationale, il n'hésite pas à prendre les armes, multipliant avec son ami et beau-frère, Belharizi Belabes, les opérations d'éclat, visant des intérêts français.
Toujours en contact avec Si Kaddour et son frère Si Tahar, ses compagnons d'armes, Si El Missoum met en place des plans d'action avec toute la logistique nécessaire, toujours dans la discrétion la plus absolue pour ne pas éveiller les soupçons.
Il parvient même à faire construire des casemates, dans la discrétion la plus totale, dans les parages de la plâtrière. Certaines de ces caches seront détruites lors de la bataille des M'Kadids durant l'été 1956. Contraint de déménager à Béni Saf, chez son père, pour échapper aux éventuelles accusations qui pouvaient peser sur lui à la suite des opérations d'incendie de plusieurs fermes coloniales, Benallal ne se sent pas plus en sécurité.
Il déménage donc à Oran et s'installe quelques jours chez son oncle M'Jahed avant de trouver une location. Après une première perquisition du domicile familial qui s'est avérée infructueuse, les éléments de l'armée française finiront par arrêter Si El Missoum lors d'une visite impromptue à sa famille en cette fin de l'année 1958.
Conduit dans une caserne située dans le quartier Plan 2, il sera torturé pendant plusieurs jours avant d'être transféré vers la prison de la caserne de Remich. Là, il subira encore toutes sortes de tortures et de sévices avant de disparaître. Depuis, nous n'avons plus aucune nouvelle de lui, il paraît selon certains témoignages, qu'il a été tué et enterré dans la région montagneuse de Sidi Bounouar ( region de Béni Ouarssous).


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