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«Sur le terrain, nous avons plus affaire à une eau usée qu'à une eau naturelle»
Farès Kessasra. Maître de conférences à l'université de Jijel et consultant auprès de l'Unesco
Publié dans El Watan le 29 - 08 - 2018

– Vous avez fait plusieurs enquêtes sur le terrain quant à l'irrigation des terres agricoles. Quel constat faites-vous ?
Mes enquêtes de terrain que je mène depuis 2010 avec mes étudiants de mastère et de doctorat répondent à cette problématique à double sens. Mes terrains de prédilection sont généralement des vallées alluviales vulnérables, appartenant à des bassins versants agricoles ou largement anthorpisés telles que la vallée du Sahel à Bouira, la vallée de la Soummam à Béjaïa, les vallées alluviales de Jijel, la Seybouse, depuis sa source à Guelma jusqu'à son embouchure dans la baie de Annaba. Le constat auquel j'ai abouti est accablant, il se résume en deux effets.
Un effet universel qu'est le réchauffement climatique, lequel a impacté la disponibilité de l'eau, modifié les modes d'irrigation et multiplié l'origine des eaux agricoles, et un effet local plus ou moins nuancé qu'est l'absence d'un contrôle coordonné des autorités de l'eau et de l'agriculture quant à l'origine et la qualité des eaux d'irrigation.
– Donc, il y a un vrai problème de disponibilité des eaux agricoles en Algérie…
Absolument, la sécheresse sévit en Algérie, l'un des rares phénomènes qu'on n'arrive pas à remettre en cause. Les ressources en eau superficielles font face à des taux d'évapotranspiration faramineux, au point où toute la lame d'eau précipitée est restituée à l'atmosphère sous forme de vapeur d'eau. L'entrée en eau est quasiment nulle dans la majorité des bassins versants, je citerai en exemple Laghouat, Biskra, Batna, El Oued, Ouargla.
Si l'on extrapole ce constat sur la centaine de barrages d'Algérie, leur déficit en eau par évaporation est inestimable. Il y a pire : des nappes d'eau souterraines subissent de plein fouet l'effet d'évaporation dans les premières dizaines de mètres du sol, une perte en termes de productivité des forages et un stress hydrique qui affecte directement les plantations, donc ces cultures pour leur croissance demandent de plus en plus d'eau.
Quand les oueds s'amenuisent en écoulement début mai, les agriculteurs sont poussés à compléter le déficit en eau avec de l'eau souterraine. Sur la moitié des forages que j'ai inventoriés dans la vallée de la Soummam, l'eau est pompée illicitement. Tout le monde pompe au même endroit et en même temps.
Ce n'est qu'à partir du début juin que les rabattements de la nappe commencent à se faire sentir en raison de ce pompage excessif et non régulé. J'ai relevé des rabattements de la nappe de 15 à 20 m par rapport à son niveau en hiver à Tazmalt, voire 25 à 30 m près d'Akbou. Conséquence : la moitié des forages de la région se retrouvent à sec en août et septembre.
– Justement, comment font-ils pour trouver de l'eau ?
Certains disposent de plusieurs forages qu'ils utilisent par intermittence. D'autres se rabattent sur l'oued et les plus véreux d'entre eux n'hésitent pas à détourner les effluents d'eaux usées qui se trouvent à proximité de leurs champs.
Un constat relevé tout au long de la vallée du Sahel entre Bouira, M'chedellah et Tazmalt, dans la vallée de la Soummam surtout près des Exploitations agricoles collectives (EAC) à El Kseur, Amizour et Oued Ghir.
Nous avons repéré des centaines de pompes et de tuyaux qui pompent de l'eau soit une prise d'oued dans son habit noir et infect, soit une prise des effluents d'eau usées qui semblent pour le commun des mortels des cours d'eau naturels, or ce n'est pas le cas. Il en est de même sur les berges de la Seybouse dans les plaines cultivées de Guelma et à Annaba.
Le cocktail y est explosif car les rejets liquides industriels viennent renforcer la charge polluante des eaux de la Seybouse qu'on utilise pour irriguer les champs de tomates et courgettes environnants. Quand on se rapproche de ces lieux, mes étudiants utilisent des masques chirurgicaux car l'odeur est étouffante.
En termes de qualité, l'eau est extrêmement infestée de germes, bactéries, bacilles, nitrites, ammonium et métaux lourds. Sa température est assez élevée en raison des eaux usées urbaines déversées directement dans l'oued, je citerai le cas du bidonville de Takrietz. Cette condition augmente l'activité microbienne et appauvrit le milieu aquatique en oxygène dissous. Il faut savoir que les eaux d'irrigation sont contrôlées par des normes usuelles. Les normes d'irrigation de la FAO sont les plus utilisées. Sur le terrain, j'ai constaté qu'on avait plus affaire à une eau usée qu'à une eau naturelle.
– Quelles sont les solutions, à votre avis ?
En premier lieu, il faut que les responsables de ce secteur névralgique finissent avec les politiques à court terme et les mesures de circonstance, comme c'est le cas dans la présente épidémie à transmission hydrique. En plus d'un programme à long terme, il faudrait mettre en place une commission mixte (Ressources en eau, Agriculture, Santé, Commerce) qui placera derrière chaque agriculteur un conseiller local.
Ce dernier disposera de larges prérogatives, comme assurer la formation des agriculteurs, favoriser une politique de conseil technique et éthique et d'accompagnement, et mettre en place, en cas de défaillance, des mécanismes de contrôle, de suivi et de pénalisation. Opter pour des cultures moins consommatrices d'eau en respectant les cycles et les rotations, soutenir les agriculteurs à généraliser le goutte-à-goutte, un mode plus économique mais plus coûteux, et en dernier recours ficeler toute une stratégie de contrôle antifraude pour traquer tout acte suspect.


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