Douze pays latino-américains se sont réunis hier dans la capitale équatorienne Quito pour élaborer des moyens d'action communs à l'effet de faire face à l'exode massif des Vénézuéliens qui fuient leur pays, rapportent des médias. Exode suscité par la situation économique et politique qui se dégrade de jour en jour. A l'initiative de l'Equateur, l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, le Chili, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou et l'Uruguay ont répondu présents à cette rencontre qui s'étendra jusqu'à aujourd'hui. Invité à cette réunion, le Venezuela, de plus en plus isolé sur le continent du fait de la politique du président Nicolas Maduro, n'a pas confirmé dimanche sa participation. «Un effort régional permettra à nos pays de mieux répondre à cette situation» migratoire, a déclaré le ministre équatorien des Affaires étrangères, José Valencia. Les propositions qui devraient être débattues vont de l'élimination des restrictions à l'unification des mesures régissant le transit des Vénézuéliens, en passant par la constitution d'un fonds commun à l'initiative de l'Organisation des Nations unies (ONU), comme le propose la Colombie. Il sera aussi question d'un système de quotas de migrants, comme l'a suggéré le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, lors de sa récente visite à Bogota, où il a annoncé un apport européen de 35 millions de dollars (environ 30 millions d'euros) pour gérer cette «crise migratoire» niée par Caracas. «Il est indispensable que chaque pays assume sa part de responsabilité», a estimé le vice-ministre équatorien de la Mobilité humaine, Santiago Chavez. Ceci inclut le Venezuela, auquel les pays réunis à Quito vont demander qu'«il mette en œuvre des politiques» afin que la migration soit «gérée de manière adéquate», a-t-il ajouté. La réunion portera aussi sur les «nécessités financières» des pays d'accueil et l'Equateur lancera un appel à des fonds internationaux, selon le vice-ministre. Environ 2,3 millions de Vénézuéliens (7,5% d'une population de 30,6 millions) vivent à l'étranger, dont 1,6 million qui ont émigré depuis 2015 quand les pénuries de nourriture et de médicaments se sont aggravées, parallèlement à l'hyperinflation. La Colombie, le Pérou et l'Equateur sont les principaux pays d'accueil de ce flux qui s'étend à d'autres pays sud-américains comme le Brésil. L'OEA a, pour sa part, convoqué une réunion extraordinaire pour demain. Caracas a qualifié de montage «type Hollywood» les images des milliers de Vénézuéliens marchant sur les routes, avec leurs enfants et leurs maigres biens. Absence d'une politique régionale commune En Amérique latine, il n'y a pas de position unique face à la crise au Venezuela. A chaque frontière, les Vénézuéliens sont confrontés à des formalités différentes. La Colombie demande une carte d'identité en cas de transit, un passeport à ceux qui veulent rester sur son territoire. L'Equateur exige une carte d'identité certifiée. Le Pérou un passeport ou une demande de statut de réfugié. Cette migration pourrait submerger les capacités d'attention des pays d'accueil, où surgissent parfois des réactions de xénophobie et de violence comme dans l'Etat brésilien de Roraima. Ainsi, le 28 août, le président brésilien, Michel Temer, est contraint de décréter l'envoi de forces armées à la frontière du pays avec le Venezuela. Il a évoqué en la circonstance le souci «de garantir la sécurité des citoyens brésiliens mais aussi des immigrants vénézuéliens qui fuient leur pays». Il a qualifié la situation migratoire de «tragique» et qui «menaçait l'harmonie de quasiment tout le continent». «Ce n'est pas seulement le Brésil qui endure ses conséquences, mais le Pérou, l'Equateur, la Colombie et d'autres pays d'Amérique latine», a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée. «Pour cette raison, nous devons trouver de toute urgence un chemin pour changer cette situation.» Pour le président, «le Brésil respecte la souveraineté des Etats, mais nous devons nous souvenir que seul est souverain un pays qui respecte son peuple et en prend soin». De son côté, le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), l'Uruguayen Luis Almagro, a appelé les pays de la région à adopter des sanctions contre le gouvernement vénézuélien, qu'il a qualifié de «dictature». «La priorité pour le Venezuela est que les pays latino-américains appliquent des sanctions, et encore davantage de sanctions de la part de l'Union européenne et des Etats-Unis», a-t-il déclaré lors d'un forum à Saint-Domingue. Quito a été jeudi dernier le théâtre de deux manifestations contraires : l'une de vendeurs des rues contre les migrants vénézuéliens, l'autre dénonçant la xénophobie.