Le travail des enfants est une problématique qui prend de l'ampleur en Algérie tout comme dans les autres pays du monde. En l'absence de statistiques fiables sur le nombre d'enfants « astreints » au travail sous toute forme, les estimations vont bon train. En Algérie, quelque 500 000 enfants sont exploités dans différentes activités dont 200 000 scolarisés, selon une enquête menée en 2007. C'est dans cette optique que la direction de l'Action sociale (DAS) de Béjaïa a initié, lundi dernier à la Maison de la culture, une journée de sensibilisation contre le travail « parallèle » qui touche les enfants. Cette initiative à laquelle se sont jointes l'APC de Béjaïa, la Sûreté de wilaya et la DJS, est la première du genre dans la wilaya. Placée sous le slogan « Protégeons nos enfants contre le travail », la rencontre, voulue comme une approche sociologique du phénomène, a vu l'implication des acteurs de la société civile dont notamment le mouvement associatif. A ce propos, faut-il le souligner, huit associations activent à Béjaïa pour la protection des enfants. Ainsi, le programme de la manifestation consistant en trois ateliers a vu l'intervention de plusieurs représentants du mouvement associatif engagé dans la défense et la protection des droits de l'enfant. Il a été donc question du travail des enfants en Algérie tout en mettant l'accent sur l'ampleur du phénomène à Béjaïa. Les participants ont abordé également les secteurs où les enfants sont « surexploités » tout en débattant des raisons qui les poussent à travailler et des conséquences induites par cette situation. L'agriculture, le transport (convoyeurs), le bâtiment, la restauration et même les décharges publiques sont, entre autres, les domaines et lieux qui recrutent des enfants travailleurs. Si certains trouvent dans les emplois saisonniers ou autres petits métiers, comme la vente de tabac, une sorte de passe-temps, d'autres « bossent » à longueur de journée. « Les enfants sont contraints de travailler parce que leur survie et celle de leur famille en dépendent », explique un des intervenants. Pauvreté oblige, certains enfants de Béjaïa, engagés dans le travail informel, sont livrés à une sorte d'esclavage moderne et même à l'exploitation sexuelle que certains subissent sur leur lieu de travail. Ce constat est appuyé par un autre participant, un psychologue qui témoigne de certains cas d'enfants victimes d'abus sexuels. Une autre jeune fille présente à cet atelier a marqué les esprits avec son témoignage. « J'ai commencé à travailler à l'âge de 8 ans alors que j'allais à l'école. J'aidais ma mère qui travaillait comme femme de ménage chez un particulier. Et je continue à travailler présentement », confie-t-elle, tourmentée. Aussi, il faut dire que les enfants démunis dénichent souvent un gagne-pain dans des endroits qui échappent plus ou moins au contrôle de l'Etat, particulièrement les restaurants et les cafétérias. Les travaux de la journée de sensibilisation ont eu aussi à traiter de la mendicité des enfants. Sans conteste, la précarité et la pauvreté qui rongent certaines familles a fait de la mendicité un « ultime » recours pour la survie. Le rôle de l'Etat et de la société civile dans la prévention et la lutte contre le travail des enfants a été aussi l'objet d'un atelier sanctionné par des recommandations. Par ailleurs, d'autres ateliers ont débattu des conventions internationales des droits de l'enfant, dont notamment celle de 1989 que notre pays a, pourtant, ratifiée le 19 décembre 1992.