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A Ighil Imoula on se remémore la proclamation du 1er Novembre 1954
Publié dans El Watan le 02 - 11 - 2018

Malgré tous ses sacrifices (123 martyrs) et le rôle important joué par son village pour l'indépendance de l'Algérie, les habitants d'Ighil Imoula ne voient rien venir de l'Etat pour améliorer leur cadre de vie et surtout préserver ce haut lieu d'histoire voué à la dégradation.
De jeunes artistes peintres réalisaient les fresques de six architectes de la Révolution -Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem et Larbi Ben M'hid- qui devaient être inaugurées, hier, à l'occasion du 64e anniversaire du déclenchement de la guerre d'Algérie.
C'est à Ighil Imoula, ce village historique, situé dans la commune de Tizi N'Tlata, daïra des Ouadhias, à 40 km au sud de Tizi Ouzou, où a été tirée, en plusieurs exemplaires, la proclamation du 1er Novembre 1954.
Cette bourgade, perchée à 700 m d'altitude face au massif montagneux du Djurdjura, demeure toujours un lieu d'histoire et de mémoire compte tenu de l'importance des événements ayant marqué sa population. Une banderole accrochée à l'entrée du village sur laquelle on peut lire «Ighil Imoula, berceau de la Révolution, est toujours fidèle aux martyrs», en signe de reconnaissance et d'hommage à ceux qui sont tombés au champ d'honneur lors de la lutte armée contre le colonialisme.
Toutefois, aujourd'hui, il est difficile de trouver des gens qui peuvent apporter des témoignages vivants sur les durs moments de la Révolution qu'ont connus les habitants d'Ighil Imoula. «Il ne reste pratiquement plus de moudjahidine qui peuvent témoigner de la guerre contre l'occupant français.
Ceux qui ont survécu aux affres du colonialisme français sont morts en raison des séquelles de torture», nous dit Youcef Messaoudi, membre de la fondation Ighil Imoula, une structure qui a vu le jour l'année dernière à l'effet de préserver les lieux historiques du village. «Notre objectif consiste aussi à collecter les différents témoignages d'anciens moudjahidine», nous a-t-il ajouté, tout en souhaitant que la nouvelle génération puisse connaître son histoire.
D'ailleurs, c'est dans ce sens que des instituteurs de la région organisent des excursions au profit de leurs élèves vers Ighil Imoula. Lors de notre passage, nous avons rencontré des collégiens d'Aït Bouadou, une commune de la même daïra. Ces potaches ont visité le musée, la stèle et la maison historique. Abdellaoui Hamid du comité de village déplore que la maison historique soit délaissée. «Cette maison est vraiment délabrée», nous dit-il.
Nous avons visité cette habitation, propriété de Rabah Idir. Elle est dans un état lamentable. Elle nécessite une réhabilitation étant donné que la toiture, les murs, le parterre sont dégradés. Le village, qui est paré de ses plus beaux atours à l'approche du 1er Novembre, sombre dans le dénuement durant les autres mois de l'année. Les infrastructures de base font cruellement défaut. Aussi, le village n'est accessible que par une seule voie de communication.
Le visiteur, qui se rend vers Ighil Imoula, tombe dans une impasse. «Lors des festivités du 1er Novembre, on trouve vraiment moult difficultés à contenir la foule et les dizaines, voire des centaines de véhicules qui affluent sur le village», nous fait remarquer Omar Tabet, un jeune étudiant, qui active dans le mouvement associatif en vue d'assurer une animation pérennante dans le village. Il nous fait visiter le centre culturel qui fait office de musée où l'on trouve des portraits des martyrs de la guerre de Libération nationale, des objets traditionnels et des livres, revues et autres publications sur l'histoire. Cependant, la gestion de cette belle bâtisse est problématique.
L'infrastructure en question n'est pas dotée d'un personnel permanent et d'un budget de fonctionnement, à l'exception de deux gardiens affectés par l'APC, nous a-t-on informé sur place. Les citoyens de cette localité ont pris leur courage à deux mains pour se prendre en charge. C'est eux qui ont entrepris les travaux d'embellissement de leur contrée, et ce, devant l'absence de l'aide des pouvoirs publics.
Beaucoup de témoins de la Révolution ont disparu
«Notre village a donné beaucoup pour que notre pays soit aujourd'hui indépendant, mais sa population est toujours délaissée», nous font part des habitants relativement âgés mais qui ne se souviennent aucunement du jour de la proclamation du 1er Novembre. Ils ont essayé de nous raconter ce que leurs parents leur ont confié. «Ici, beaucoup de témoins de guerre ont disparu», nous lance Boussad Amrani de la fondation qui nous précise que Ighil Imoula a été choisi pour le tirage de la proclamation de Novembre 1954, en raison de sa situation géographique. C'est une colline qui domine plusieurs localités de la région.
«Les préparatifs de la guerre avaient commencé avant 1954. Krim Belkacem venait souvent dans notre village. C'est lui qui avait chargé justement Ali Zamoum, enfant d'Ighil Imoula, de cette tâche. Il y avait des militants sincères. L'opération est tenue en secret total. Même les militants, à l'exception des initiateurs, n'étaient pas au courant de ce qui allait se passer.
Et pour faire diversion et ne pas permettre aux citoyens d'entendre le bruit de la ronéo lors du tirage au risque d'attirer l'attention du garde champêtre du village, une tombola a été organisée dans l'épicerie sise en bas de la chambre du tirage clandestin du document», nous raconte notre interlocuteur qui rappelle qu'un journaliste, Laichaoui Mohamed en l'occurrence, a été amené par Ali Zammoum depuis Tizi Ouzou pour s'occuper de la frappe des stencils de la déclaration à l'aide d'une machine à écrire. «La ronéo manuelle utilisée pour le tirage du texte fondateur de la Révolution algérienne avait été récupérée par Mohamed Saâd et Ben Ramdani Mohamed à Aït Abdelmoumène chez un autre militant, Taleb Moh N'Amar.
Puis, après l'impression du document qui s'est terminée vers 3h du matin, un autre militant a été chargé de transporter, dans un bus, une valise remplie des exemplaires de la proclamation du 1er Novembre vers Alger. Il y avait des militants qui ont participé à l'organisation sans savoir de quoi s'agit-il d'où la discrétion qui avait entouré l'événement.
Le travail commence, d'abord au domicile d'Omar Benramdani, où la déclaration a été tapée, avant d'être acheminée à la maison d'Idir Rabah», nous confie-t-il, tout en soulignant que le village a été un théâtre de résistance contre l'occupant lors de plusieurs insurrections. Il a été même le PC de Boubaghla. «Même durant la période des Turcs, il y avait toute une armée dans cette région. D'ailleurs, les Turcs n'avaient pas pu pénétrer dans le village», nous dit Madjid Yountrun. Selon lui, le village était également structuré avant la Révolution par Krim et Ouamrane.
Parmi ceux qui sont partis de la Kabylie vers la Mitidja pour le déclenchement de la guerre, il y avait cinq personnes d'Ighil Imoula, ajoute notre interlocuteur, qui précise que malgré tous ses sacrifices (123 martyrs) et le rôle important joué par son village pour l'indépendance de l'Algérie, les habitants d'Ighil Imoula ne voient rien venir de l'Etat pour améliorer leur cadre de vie et surtout préserver ce haut lieu d'histoire voué à la dégradation.
La maison historique se dégrade
Les membres du comité tout comme ceux de la fondation ne cessent d'interpeller les autorités concernées pour faire de leur bourgade un endroit touristique et historique. Oui, l'état de la stèle et de la maison historique laisse vraiment à désirer, tant la toiture est dégradée. «Il y a toujours des infiltrations d'eau. Comment voulez-vous que ce site soit préservé alors qu'il est dans un état de délabrement», regrette-t-on. «Nous attendons toujours la réhabilitation du site. Nous avons fait des démarches auprès de la direction de la culture pour qu'il soit pris en charge», nous confient des membres du comité. Depuis mardi, les habitants d'Ighil Imoula sont au rendez-vous avec l'histoire.
Et pour honorer la mémoire des martyrs, un riche programme d'activités a été mis sur pied par le comité d'organisation des festivités commémoratives. Des conférences sur la guerre d'Algérie, dépôt de gerbes de fleurs devant les stèles érigées à la mémoire des chouhada et des pièces théâtrales étaient au menu de cette commémoration.
Ainsi, comme à l'accoutumée, histoire est revisitée dans ce haut lieu de mémoire qui a enfanté des hommes au combat mémorable, à l'image de Mohamed Zamoum, dit colonel Si Salah, son frère Ali Zamoum, Kacer Mouloud, Lounas Amar, Dris Ahmed, Idir Rabah, Halliche Hocine, Mohammedi Saâd, Si Yahia Mohand Ouali, Iraten Mouloud, Mohand Akli Benchaâbane, Tabet Ahmed, Tabet Chabane, Halli Ahmed, Achour Ali Benmohamed… Des centaines de citoyens se rendent ainsi à Ighil Imoula, chaque 1er Novembre, pour un rappel d'histoire et un pèlerinage de mémoire.


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