Les responsables et les élèves de l'association musicale Dar El Gharnatia de Koléa (Tipasa) ont pu organiser la 9e édition du Festival koléandalouse au forceps. Le «nif» des animateurs de Dar El Gharnatia a fait son effet. Un programme soft avait été conçu. La pluie n'a pas dissuadé les familles mélomanes à se rendre à la maison de la culture Dr Ahmed Aroua, bien entretenue par le directeur Benslimane. La 1re soirée s'est achevée très tard. Hini Asna, l'Association musicale El Biban de Bordj Bou Arréridj et la troupe musicale tunisienne de Monastir, dirigée par le maestro Frih, avaient chauffé la salle à travers leurs répertoires musicaux variés. La particularité de cette 9e édition restera indéniablement le vibrant hommage rendu à l'un des monuments du secteur de la culture algérienne, en l'occurrence l'ex-ministre, Bechichi Lamine, qui s'est avéré l'un des phares, l'un des repères ayant aiguillé l'association Dar El Gharnatia, depuis sa création en 1972. Selon Abdelkader Bendaâmache, présent lors de la seconde soirée, le premier documentaire sur le parcours du moudjahed Lamine Bechichi vient d'être réalisé par l'association musicale Dar El Gharnatia de Koléa. Sa projection s'est déroulée dans un silence religieux. L'assistance nombreuse avait découvert la personnalité au passé très riche du patriote, du musicien, du comédien, du journaliste, de l'écrivain, du poète, de l'homme de radio, du créateur des émissions télévisées et radiophoniques, du politicien, du diplomate et enfin du maquisard, Lamine Bechichi, âgé aujourd'hui de 91 ans. C'est une figure historique algérienne qui a manifesté son amour pour son pays, désintéressé par la course vers l'argent. Cet Algérien humble a consacré sa vie à son pays, notamment dans le domaine culturel et de l'information. Mohamed Bouchema, wali de Tipasa, endeuillé par la perte de son oncle, avait tenu à être présent lors de cette soirée pour participer à cet hommage. «En 1948, je suis venu depuis la Zitouna de Tunisie jusqu'à Koléa en passant par Alger et Blida, avec une troupe de théâtre composée de 13 étudiants algériens et le Tunisien Mohamed Lahbib, membre de la Sacem, nous dit-il, notre tournée consistait à recueillir de l'argent pour les étudiants algériens, le défunt Mehri Abdelhamid était notre responsable, il y avait Mouloud Kacem et l'enfant de Koléa, qui s'appelait Henni Belkacem, enchaîne-t-il. D'ailleurs c'était lui qui nous avait proposé le détour par Koléa pour jouer notre pièce de théâtre, nous avions mangé chez ses parents un repas délicieux. Ensuite, nous sommes partis au hammam pour passer la nuit, ce fut un merveilleux souvenir pour moi que je viens d'évoquer 70 ans après, ajoute-t-il, mes pensées vont à Cheikh Annani Slimane, j'avais une relation particulière avec ce savant qui a sacrifié sa vie pour la culture, c'est une personnalité incontournable.» L'hommage à Bechichi Lamine avait été précédé par le passage de l'orchestre de Dar El Gharnatia dirigé par Mohamed Cherif Saoudi, qui avait fait découvrir les talentueux musiciens et choristes aux personnes qui n'avaient jamais assisté à leur production musicale. Les rythmes musicaux de l'école Sanâa de la musique andalouse fusaient de la scène magistralement illuminée, de surcroît avec les costumes traditionnels portés par l'ensemble des élèves de la classe supérieure de l'Association dirigée par le duo Hadj Kherrous-Labri. Après le protocole de l'hommage à Bechichi Lamine, c'est au tour de la diva, Lila Borsali, accompagnée par son orchestre, qui avait agrémenté les familles mélomanes par son répertoire. Le public a repris des refrains de la chanteuse, timide sur scène d'ailleurs. La soirée consacrée à Bechichi Lamine avait été un succès. Elle s'est achevée à 22h00. «Je ne m'attendais pas à cela, c'est beaucoup trop pour moi, nous confie Lamine Bechichi, mais je suis heureux d'abord par l'état dans lequel se trouve cette maison de la culture et enfin par la qualité du répertoire musical proposé par la chanteuse et les élèves de Dar El Gharnatia, bravo à eux tous et aux organisateurs», conclut notre interlocuteur. La salle de spectacles s'est avérée trop exiguë. Beaucoup de familles n'avaient pas trouvé de place pour assister à la soirée de clôture. Les musiciens algériens, marocains et tunisiens s'étaient réunis pour offrir un produit musical andalou de haute qualité aux familles mélomanes. Parmi l'assistance, nous avons relevé la présence inattendue du ministre de l'Intérieur, Bedoui Noreddine, d'ex-ministres habitués de Koléandalouse, y compris les chanteuses Behidja Rahal et Zakia Torki. Le wali de Tipasa avait apprécié le spectacle musical proposé par Dar El Gharnatia de Koléa, une association qu'il venait de découvrir lors de la 2e soirée de Koléandalouse. Les musicologues tunisiens, marocains et algériens étaient optimistes à l'issue de Koléandalouse 2018, qui a baissé rideau samedi dernier, en apothéose. Pour les mélomanes, vivement la 10e édition.