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Algérien et patriote avant tout
Il y a 52 ans, le 11 février 1957, était guillotiné à Serkadji le chahid Fernand Iveton
Publié dans El Watan le 11 - 02 - 2009

Le devoir de mémoire revêt une importance particulière pour l'écriture de l'histoire de la guerre de Libération nationale. Cependant, si celle-ci demeure toujours d'une actualité brûlante, elle procède malheureusement de moult surenchères politiciennes s'il en est, elle est souvent interpellée pour justifier et légitimer certaines étapes vécues présentement par le pays.
Il est à craindre que la volonté proclamée d'écrire « une histoire officielle » de la guerre de libération, histoire déjà balisée et jalonnée, ne procède de cette vision manichéenne. Il est de notre devoir de rendre un vibrant hommage à certains héros « oubliés », parmi eux, le chahid Fernand Iveton, guillotiné le 11 février 1957 à la prison de Serkadji. La période de 1954 à 1962 fut dure, terrible, atroce. Elle fut cruelle et douloureuse. Paradoxalement, elle fut militante et fraternelle. Tant d'êtres souffrirent, cependant, c'est dans ces moments que certains Algériens de souche et Algériens d'origine européenne apprirent à mieux se connaître, qui plus est, en ces jours de vérité nue. Quarante-six ans après la fin de la guerre d'Algérie, l'on hésite encore parfois sur le choix du vocabulaire afin de ne pas raviver des blessures non cicatrisées. Qui mieux que le sacrifice d'Iveton pourrait symboliser les passerelles empreintes d'humanisme et de justice, jetées entre les hommes de différents horizons sociaux, raciaux et religieux.
Qu'évoque ce nom pour les jeunes Algériens ? La réponse est douloureuse, et pour cause, l'histoire de ce militant algérien de la première heure est pratiquement méconnue des nouvelles générations de notre pays. La raison est à chercher du côté de la culture de l'oubli, cela en l'absence de toute référence au nom de Fernand Iveton sur les édifices publics. Après l'indépendance, le père de Fernand supplia en vain les autorités algériennes de donner à son fils ne serait-ce qu'un petit bout de rue. Désespéré d'avoir échoué, il appela Villa Fernand le pavillon qu'il possédait en France. Hélas, quelques années plus tard, on s'est rappelé à l'occasion du sacrifice de ce chahid, non pas pour lui rendre hommage et justice en même temps, mais pour redorer le blason des autorités de l'époque, mis à mal par un article de la presse française dans lequel il était question de l'ingratitude des autorités algériennes à l'égard des martyrs algériens d'origine européenne.
Ce faisant, il cite le cas de Fernand Iveton dont le nom n'est porté par aucune rue ni institution publique. Le soir même de la publication de cet article les mettant en cause, les autorités de l'époque, parti unique oblige, ont instruit la kasma FLN d'El Madania (ex-Clos Salembier), quartier natal de Fernand Iveton, de procéder à la baptisation expresse d'une petite ruelle de 30 mètres. Heureusement que cette mascarade post mortem à l'endroit de ce chahid, qu'on ne peut que qualifier d'ubuesque et tragique à la fois, n'altère en rien le parcours de cet authentique patriote qui a été synonyme de courage, de probité et de sacrifice et ce, jusqu'au pied de la guillotine où il a crié « Tahia El Djazaïr » en arabe, avant d'être exécuté. En compagnie de deux autres chahids auxquels nous rendons un vibrant hommage, il s'agit en l'occurrence de Mohamed Ounnouri et Ahmed Lakhnache. Avant son exécution, il a été d'abord conduit au greffe de la prison, là il a déclaré : « La vie d'un homme, la mienne, compte peu, ce qui compte, c'est l'Algérie, son avenir et l'Algérie sera libre demain. »
Le chahid Didouche Mourad, qui était son voisin de quartier (La Redoute, Clos Salembier) disait de lui : « S'il y avait beaucoup de gens comme lui, cela aurait changé bien des choses. » Son avocat, Charles Lainné, a été frappé par l'attitude d'Iveton lors de son exécution, il disait : « Il avait l'attitude d'un homme droit en faisant preuve d'une constance et d'un courage admirable. » Il avait ressenti la condamnation à mort, l'exécution d'Iveton comme une grosse injustice et un déshonneur pour la France. Fernand Meissonnier, son bourreau, disait de lui : « Celui-là fut un condamné à mort modèle, droit, impeccable, courageux jusqu'au couperet. » L'enfant de Clos Salembier a été très sensible à la misère qui frappait la population musulmane de son quartier. Il a d'abord commencé à militer dans la cellule de la Jeunesse communiste de La Redoute-Salembier, en compagnie de ses voisins de quartier les plus connus, Henri Maillot, Myriam Ben (Marylise Benhaïm) et Ahmed Akkache qui seront plus tard des acteurs très actifs de la guerre de Libération nationale.
Ensuite, après le déclenchement de la Révolution, sa démarche était celle d'un homme qui n'était ni un idéologue ni un aventurier, pas de rupture dramatique avec le parti, mais un glissement progressif vers les combattants du FLN, réunions clandestines, asile offert à des militants recherchés, au fil des mois, une interrogation lancinante : « Que fait le parti ? » Iveton est de ceux qui souhaitent un total engagement. Il s'enrôle dans les Combattants de la libération (CDL), structure clandestine armée créée par le Parti communiste algérien en juin 1955. Mais son groupe ne lui propose que des actions dérisoires qu'il exécute avec son camarade de parti, Félix Colozi (cet homme qui a survécu aux geôles colonialistes n'a jamais quitté l'Algérie et il y vit toujours d'ailleurs). Tandis que son ami d'enfance et voisin, Henri Maillot, officier déserteur, tombe au combat, Iveton s'impatiente.
L'absorption des CDL par le FLN va lui ouvrir les voies de l'action. Il accepte de poser à l'usine de gaz du Ruisseau où il travaille, une seule bombe au lieu des deux que lui ramène Jacqueline Guerroudj, et ce, faute de place dans son sac de travail. Iveton réprouve la violence aveugle. Sa bombe ne devra tuer personne, qui plus est, ses camarades de travail. Il s'entoure pour cela de toutes les précautions possibles. Pierre Vidal-Naquet a raison d'écrire « Iveton ne voulait pas d'une explosion meurtre. Il voulait une explosion témoignage ». Lors de son arrestation et en dépit des tortures atroces qu'il avait subies pour permettre à la deuxième bombe que transportait Jacqueline d'exploser et aussi permettre à ses camarades de s'échapper, il a pu orienter les enquêteurs sur une fausse piste, en parlant de la fameuse femme blonde, conduisant une 2 CV, alors que Jacqueline avait les cheveux noirs et était au volant d'une voiture Dyna (Panhard). Cette résistance a permis de retarder l'arrestation de Jacqueline et des autres.
A travers cette description, on a longtemps cru qu'il s'agissait de Raymonde Peschard, la fille de St-Eugène, morte au maquis quelques mois après dans la Wilaya III (une autre chahida à qui nous devrons rendre hommage). A ce chahid qui a su vivre et mourir pour son idéal avec tant de simplicité et de grandeur, nous devons bien un hommage à la hauteur de son sacrifice, qui le sortira de la nuit de l'oubli où il a été longtemps confiné par l'histoire officielle. Une initiative qu'il y a lieu de sacraliser et d'étendre à d'autres victimes de la culture de l'oubli, car ils ont tant souffert pour faire sortir le peuple algérien des ténèbres dans lesquelles il a été très longtemps confiné par le système colonial. En rendant hommage à ces héros, nous contribuons à renforcer davantage les valeurs de fraternité, d'humanisme, de tolérance et de liberté dans l'Algérie d'aujourd'hui dont on a grandement besoin pour se comprendre et se respecter.
L'auteur est ingénieur, cadre supérieur


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