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Que reste-t-il de l'esprit de Bandoeng ?
Publié dans El Watan le 18 - 04 - 2005

Le «neutralisme» émergent, qui se donnera six années plus tard, à Belgrade en 1961, le nom de «Mouvement des non-alignés», s'il s'apparentait à un minestrone politico-idéologique, n'en constitue pas moins, sinon la fin de l'époque coloniale, mais à tout le moins le départ d'un mouvement planétaire d'émancipation des «humiliés et offensés». Une date et un lieu où le nom de l'Algérie sera porté par les représentants d'une part immense de ce que comptait d'humanité cette planète.
Qu'est-ce qui pouvait donc unir le Premier ministre indien Jawaharlal Nehru, bras politique du défunt Mahatma Gandhi, et Zhou Enlai, placide et redoutable ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, compagnon de la longue marche du «grand timonier» Mao Zedong ? Qu'est-ce qui pouvait bien rassembler le maréchal Josip Broz Tito, président de la Fédération yougoslave, poste avancé du camp communiste en Occident, malgré sa brouille sévère avec Staline, et le bouillant colonel Gamal Abdel Nasser, chef des «Officiers libres» égyptiens qui venait d'écarter le président Muhammad Néguib, après avoir, tous deux, renversé le roi Farouk ? Qu'est-ce qui pouvait bien y avoir de commun entre Pham Van Dong, le représentant du Nord Vietnam qui venait de mortifier la France à Diên Biên Phu et Sir John Kowetawala, Premier ministre du Sri Lanka, la voix de l'Amérique dans le sous-continent indien, soutenu dans cette mission d'infiltration par l'Irak, le Pakistan, la Turquie, l'Iran, lesquels, deux mois auparavant (février 1955), signaient avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis le pacte de Baghdad, pour contenir toute avancée communiste au Proche et au Moyen-Orient ? C'était l'époque de la «pactomanie», l'époque où le secrétaire d'Etat américain, John Foster Dulles du gouvernement Eisenhower, considérait toute forme de neutralisme comme «une vertu douteuse».
la force de la solidarité
Mais ainsi que le relevait le journaliste et globe-trotter C. L. Sulzberger «les pays du Tiers-Monde n'ont pas de points communs hormis la pauvreté et un solide complexe d'infériorité». Et c'est sans doute pour secouer ces terribles pesanteurs que tous ces peuples, «les damnés de la terre» de Frantz Fanon, avaient tenté, pour la première fois au niveau intercontinental, de trouver les voies et moyens de s'en sortir par leurs propres moyens et par la force de la solidarité, si on excepte les brèves rencontres entre mouvements nationalistes ici et là, sous des égides charitables du Komintern ou de partis de gauche d'Europe, généralement chatouilleux sur la question coloniale.
Dire que Bandoeng fut un éclatant succès, même si son retentissement est considérable, ou que les précurseurs du mouvement des non-alignés, qui marquera la double décennie 1960-1980, serait prétentieux. Mais l'orientation résolument anticolonialiste et la volonté, par la suite, de se démarquer des deux blocs, même si une certaine tendance s'était dégagée après le sixième sommet de La Havane, de développer un «non-alignement positif», c'est-à- dire moins exigeant envers le bloc socialiste et plus radical contre les Etats-Unis, conduisent à dire que le «tiers-mondisme» a apporté aux peuples les plus démunis un sentiment d'appartenance à un ensemble qui comptait dans la conduite des affaires du monde.
L'Algérie combattante, dont la délégation était conduite par Hocine Aït Ahmed accompagné de M'hamed Yazid, a trouvé un écho international à sa lutte. Ce que Slimane Cheikh appelle «l'unité d'émergence» a permis au FLN de prendre une part active dans le débat instauré à l'échelle mondiale entre les grandes puissances et les nouvelles forces montantes du Tiers-Monde. Le mouvement de libération algérien se considérant comme partie intégrante du mouvement plus général d'émancipation des peuples colonisés confère à son action une dimension planétaire. Aspirant sinon au leadership du moins à un rôle principal dans ce vaste mouvement d'émancipation du Tiers-Monde, le FLN se présente comme un «interlocuteur valable» non seulement face au pouvoir colonial français, mais également face aux puissances du «centre bipolaire». Depuis Bandoeng, la cause algérienne sera évoquée dans tous les forums où se débattaient les problèmes du monde. Tous les dirigeants ayant participé à cette conférence historique reconnaîtront, de jure et de fait, explicitement ou implicitement le FLN comme seul et unique représentant du peuple algérien, reconnaissance qu'ils exprimeront ensuite, à sa création, au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
Tous ces pays d'Asie accueilleront des représentations algériennes et apporteront à des niveaux variables d'engagement leur aide politique et/ou financière à l'Algérie. La cause de son peuple sera dès lors, systématiquement soutenue, particulièrement auprès des Nations unies, où les demandes d'inscription aux sessions de l'Assemblée générale ne cesseront jamais d'être formulées par les groupes solidaires d'Afrique et d'Asie.
Bandoeng sera damasquiné dans les pages de l'histoire contemporaine comme un des derniers grands rêves des humbles de voir s'instaurer entre le monde d'en haut et le purgatoire d'en bas un peu d'équité, un peu de justice, quant à la solidarité, aujourd'hui, c'est sans doute trop en demander.
– Histoire intérieure du FLN. G. Meynier. Casbah Ed. Alger 2003
– L'Algérie en armes. S. Cheikh. Casbah Ed. Alger 1998
– Les Etats-Unis et le Tiers-Monde. C. L. Sulzberger. Plon 1966
– Le Monde diplomatique. Avril 2005.


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