La république des copains sait aussi transmettre le «virus». Le lecteur me pardonnera ce terme péjoratif. Ce n'est pas le moindre des paradoxes d'un authentique fiasco des valeurs humaines, d'une perte des repères. Il y a comme une névrose obsessionnelle, un fantasme qui souffle partout, telle une déferlante. Loin de moi l'idée de succomber à la tentation du «tous pourris», mais il y a des signes qui montrent bien que le mal est profond. les rédactions des journaux n'arrêtent plus de recueillir les échos d'atteintes répétées aux droits des citoyens, faisant les frais de comportements indignes, perpétrés par de petits caïds véreux. De fieffés diablotins, planqués dans les services de l'administration publique, se moquent des gens et s'ingénient à leur compliquer la tâche. N'a-t-on pas vu, en différentes occasions, une affaire se régler rapidement grâce aux bons soins des recommandations, des vertus du bakchich, de la «tchippa» qui ramollit le cœur et ouvre les portes les plus hermétiques. Le laxisme, le favoritisme, les passe-droits, la concupiscence s'observent et se constatent jusque dans les gestes les plus quotidiens. Il y a de nombreuses personnes qui s'éclatent en diable, se sentent pousser des cornes, dès lors qu'une toute petite responsabilité leur est octroyée. C'est la porte ouverte à la mauvaise foi, à la paresse et à l'abus d'autorité. La proximité des cercles de relation, l'ombre protectrice d'un patron, donnent des ailes à des subalternes, ravis de l'aubaine. C'est peut-être défoncer des portes ouvertes, que de remettre sur le tapis cette philosophie de sous-fifres, mais le comble peut être atteint, à défaut de mettre un holà. Rien n'est aussi pire que la banalisation du vice.