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La littérature est un art solitaire
Publié dans El Watan le 02 - 06 - 2005

Dans ce subtil récit qui serait qualifié aujourd'hui de thriller psychologique, Carson McCullers s'attaque aux conventions les plus conservatrices en décrivant le huis clos passionnel entre un homme et une femme sur fond de violence et de crime, avec une écriture qui nomme les choses par leur nom.
Le tour de force de la jeune romancière avait été d'installer ce climat torride dans un milieu militaire. Reflets dans un œil d'or est-il un roman à clé ? Carson McCullers a pu nourrir son roman de personnages qu'elle a connus et c'est ce qui confère ce caractère véridique et sulfureux à son ouvrage. Pour Reflets dans un œil d'or, John Huston avait formé un couple théâtral dans tous les sens du mot : Elisabeth Taylor et Marlon Brando, deux monstres sacrés qui étaient au sommet de leur art. Fait par ailleurs important, l'auteur du roman, porté à l'écran par John Huston, devait décéder l'année même du tournage de ce film. Carson McCullers était, en effet, emportée par une hémorragie cérébrale en septembre 1967. Elle venait d'entrer dans la cinquantaine. Elle était pourtant un auteur largement consacré avant que l'intérêt du grand John Huston se porte sur elle. Carson McCullers avait connu un retentissant succès dès la sortie de son premier roman, Le cœur est un chasseur solitaire (Heart is a Lonely Hunter), écrit alors qu'elle n'avait que 23 ans. Lula Carson Smith – la future Carson McCullers – est née en février 1917 dans la ville de Columbus, en Georgie, Etat du sud des Etats-Unis. Le don d'écriture, manifeste chez elle, la conduit à des premières tentatives littéraires dès l'adolescence et c'est aussi une passion dévorante qui la pousse à s'installer à New York, en 1934. Elle commence à publier des textes dans différentes revues littéraires, mais ce qui l'occupe, c'est la maturation de ce premier roman, Le cœur est un chasseur solitaire. Un roman d'une extraordinaire lucidité qui, dans le cadre d'une ville du Sud – le pendant du Columbus où est née la romancière -, met en scène des personnages attachants et révélateurs des tensions de l'époque. L'œuvre d'une manière ambitieuse pose des caractères aussi complexes que ceux de Jake Blount, le militant de l'idéal socialiste, Copeland, le médecin afro-américain qui se bat contre la ségrégation, ou Biff Brannon, le restaurateur désabusé qui prend aussi peu soin de lui-même que de son commerce. Les deux piliers de la construction romanesque – dans Le cœur est un chasseur solitaire – sont en fait les personnages de Mick, l'adolescente dans laquelle on pourrait retrouver Carson McCullers, et Singer, le sourd-muet autour duquel s'articulent toutes les tensions du récit. Carson McCullers prend ici le contrepied d'un Erskine Caldwell qui, s'il avait décrit avec justesse la vie quotidienne des petits Blancs du Sud dans Le petit arpent du bon Dieu ou Tobacco Road, n'a pas mis dans ses romans le degré sous-jacent de la critique historique et sociale qui existe dans l'œuvre de Carson McCullers. Peut-être existe-t-il une parenté même lointaine avec Faulkner dans ce talent qu'a la romancière de décrire le for intérieur de ses personnages et on en veut pour preuve la force avec laquelle elle traduit les sentiments de Singer, le sourd-muet, et sans doute il y a un peu du Tom Joad des Raisins de la colère de Steinbeck dans Jake Blount.
Cependant, l'œuvre est d'une incontestable puissance et elle démontre que Carson McCullers, déjà jeune, avait une profonde maîtrise de la psychologie humaine et le sens des nuances politiques.
une année après la mort de Carson McCullers, Le cœur est un chasseur solitaire était adapté au cinéma par Robert Ellis Miller qui confiait le rôle de Singer à Alan Arkin, poignant dans ce film souvent montré à la Cinémathèque algérienne, et Sondra Locke dans le rôle de la petite Mick. De tous les romans de Carson McCullers, Le cœur est un chasseur solitaire est celui qui forcera l'intérêt des lecteurs algériens pour la qualité du témoignage qu'il porte sur l'Amérique et l'indiscutable talent d'une romancière dont le coup d'essai avait été un coup de maître.
Après Le cœur est un chasseur solitaire et Reflets dans un œil d'or (1942), Carson McCullers a écrit Frankie Addams, porté à l'écran en 1952 sous le titre The Member of the Wedding par Fred Zinneman – le réalisateur du mythique Le train sifflera trois fois – , La ballade du café triste (Ballad of the Sad café), recueil de nouvelles (1951) qui inspirera à Simon Callow, en 1961, le tournage d'une adaptation cinématographique. L'horloge sans aiguilles (The clock without Hands) est son dernier ouvrage publié de son vivant en 1961. Bien après sa mort, ont paru son recueil de nouvelles Le cœur hypothéqué (1971), puis Illuminations et Nuits blanches (2001), essai dans lequel Carson McCullers a esquissé une autobiographie. L'écrivaine très tôt confrontée à la maladie avait trouvé une raison d'exister dans l'écriture ; et sa production, si elle n'est pas prolifique, témoigne de son incontestable place dans la scène littéraire universelle. Carson McCullers a su marier le sens de l'écriture à celui des images, et c'est ce qui justifie que beaucoup de cinéastes aient été fascinés par ses textes. Mais il n'y avait pas eu que l'épreuve de la maladie dans sa vie. La romancière souffrait depuis son jeune âge des atteintes douloureuses de l'hémiplégie.
Les dernières années de son existence avaient été marquées par une tragédie dont elle ne se remettra jamais réellement : le suicide, en 1953, de son mari, Reeves McCullers. Reeves McCullers était l'inspirateur de Carson McCullers et, dans une large mesure, son modèle. Ils s'étaient mariés en 1940. Carson Smith avait été tout de suite sous l'emprise de ce jeune militaire féru de littérature et qui a sans doute fourni à Carson McCullers la trame de Reflets dans un œil d'or qui a pour cadre une garnison. Reeves McCullers avait des convictions politiques et c'est peut-être lui Jake Blount dans Le cœur est un chasseur solitaire.
Il a joué le rôle du mentor pour Carson McCullers et il est à relever que la mort de son mari a infléchi la production de la romancière. Le seul être qui comptait pour elle lui manquait et du coup tout son univers était dépeuplé.


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