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Loin du showbiz, loin du public
Publié dans El Watan le 27 - 10 - 2005

Un de nos confrères signalait récemment avec pertinence l'absence pesante du cheikh, durant ce mois de Ramadhan, au même titre d'ailleurs que d'autres maîtres. Sans eux, notait-il fort justement, il n'y a pas la saveur d'antan. Ezzahi et la scène, c'est souvent une relation d'attraction, de répulsion, voire d'incompréhension. Cela dure depuis des années, au grand dam de ses admirateurs qui en pâtissent en silence. Ezzahi, comme on le sait, a fait l'impasse sur les sorties publiques. Il est toujours quelque part, mais allez savoir où ? Ne vous avisez surtout pas à aller à sa rencontre, là où il s'est toujours retiré dans le café l'Etoile de la Rampe Vallée. Il ne le fréquente plus, ou rarement, depuis qu'il a eu des ennuis de santé. D'ailleurs, même si d'aventure vous réussissez à le trouver, cela ne vous avancera pas à grand-chose, puisque l'homme est peu loquace, préférant le silence aux feux de la rampe. Le chanteur de chaâbi, le plus populaire et le plus doué de sa génération, est aujourd'hui considéré dans le milieu musical comme une véritable énigme. Complètement retiré du circuit commercial et médiatique depuis quelques années, Amar Ezzahi laisse ses nombreux admirateurs sur leur faim. Sans doute, décèlera-t-on, ce trait de caractère dans l'une de ses premières chansons.
«Ô lune, je n'ai pas besoin que tu te poses dans mes bras Je n'ai pas besoin que les étoiles me gratifient d'une danse nadawia» Une complainte comme il en a tant chanté.
Seul avec sa solitude
C'est que l'homme a horreur des mondanités et du superflu. Modeste, simple et généreux, il a fait du chaâbi sa raison de vivre. Sa renommée, il la doit à son immense talent qu'il met à la disposition des humbles gens comme lui. S'il refuse de se produire devant le grand public, il trouve en revanche un immense plaisir dans les réunions familiales intimes, car, dit-il, «chanter devant un petit parterre d'amis et de connaissances vaut toutes les sensations du monde». Amar Ezzahi, de son vrai nom Amar Aït Zaï, n'a pas beaucoup d'enregistrements, sa seule cassette remonte à l'année 1982 sous le titre Ya rab el ibad. Ses admirateurs sont obligés de puiser dans des enregistrements personnels, à partir des fêtes familiales que Amar a animées dans les années 1970 ou dans des disques 33 et 45 tours qu'il a enregistrés.Ya djanel leshab et Ya El adra sont deux titres phares qui le propulseront parmi les meilleurs chanteurs de sa génération. Abderahmane Kobbi en est un, qui a débuté pratiquement à la même période que Amar. Il en garde un souvenir vivace.
«Amar est à mes yeux un grand chanteur qui a énormément apporté à la musique algérienne, particulièrement au chaâbi. Il l'a enrichi et rendu plus populaire. J'ai d'excellents rapports avec lui. On se rencontre souvent dans des concerts ou en privé. C'est un ami avant d'être un musicien, dont j'apprécie le style et la manière d'interpréter les qacidate». Interprète type du «blues» algérois, Amar puise sa force dans l'improvisation. Il peut changer de mode avec une facilité déconcertante. Orphelin de mère et de père, Ezzahi a longtemps vécu avec sa seule tante. Celle-ci est décédée il y a quelques années, créant un vide dans la vie de Amar qui a ainsi retrouvé très vite cette solitude qu'il l'a toujours poursuivie et qui a fait de lui un être presque introverti. Le chaâbi, ce compagon inséparable, l'a-t-il sauvé et soulagé ? Probablement. Car Amar a quitté si vite l'enfance. Au contact de la musique, il sut qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait, un moyen d'exprimer ses émotions, un univers à découvrir qui le protégerait de tout. De la peur, de la solitude, de la tristesse. Jeune donc, il vouait une grande admiration à Boudjemaâ El Ankis, qu'il a d'ailleurs imité à ses débuts. L'élève et le maître se sont par la suite côtoyés, appréciés. El Ankis ne tarit pas d'éloges sur son cadet. «Amar est un artiste que j'estime beaucoup. C'est un frère pour moi et le meilleur interprète que je préfère écouter. Son travail est bien fait. Dieu l'a doté d'une très belle voix. C'est un perfectionniste dans l'âme, mais qui reste très modeste malgré son talent inestimable», reconnaît aujourd'hui le grand maître du chaâbi qui a animé plusieurs fêtes et mariages aux côtés d'Ezzahi. «Quand je lui parle et le conseille sur telle ou telle chose, il m'écoute attentivement. Dans ce cadre, je lui ai demandé à maintes reprises d'enregistrer ses concerts et d'accorder des entretiens à la presse pour que ses œuvres soient plus connues ainsi que son héritage par les générations futures, mais il a toujours refusé de le faire. Allez savoir pourquoi ? Lorsqu'on essaie de s'expliquer cette attitude et cette fuite des projecteurs, il nous dit qu'il veut rester discret et que c'est un secret.» Amimar a toujours été du côté des humbles, des «zaouali» comme il se définit lui-même. Il a ainsi animé sans compter des fêtes gratuitement pour les petites gens aux revenus modestes.
Ses fans le réclament
C'est sans doute parce qu'il est l'un des leurs, que Amar s'est paré de cette popularité que nul ne peut lui contester. Il l'a arrachée par son talent bien sûr, mais aussi par son acharnement à atteindre l'objectif qu'il s'était fixé. Il savait que pour entrer dans les univers musicaux si variés, il lui fallait des clefs et que seul un travail de tous les instants pouvait les lui donner. Amar a bossé durement en solo. Un peu perdu, il se laissait bercer par la musique de la mémoire. De ces instants magiques qui remontent à loin, Hadj El Ankis en garde encore des moment forts. «Il y a environ 40 ans, le cheikh Kebaili Mohamed a circoncis son fils. Il m'a invité pour lui animer la fête à notre Dame d'Afrique avec Omar Mekraza. Pendant le dîner, on m'a informé qu'un jeune allait chanter pour la première fois. C'était Amar Ezzahi que le grand public ne connaissait pas. Il a commencé par imiter ma voix. Je lui ai donné mon mandole pour chanter. C'était notre première rencontre, et le courant était bien passé entre nous. A le voir chanter avec un timbre de voix assez singulier, je savais qu'il allait percer dans le domaine artistique», avait prédit le disciple d'El Anka. C'est que le petit Amar a fait du chemin pour appartenir désormais à la lignée des grands maîtres qui se disputent l'héritage musical d'El Anka. D'ailleurs avec El Ankis et El Hachemi Guerrouabi, il reste l'un des derniers monuments du chaâbi. Mais Ammar, à l'inverse de ses collègues, n'aime pas la publicité sur sa personne. Il a ainsi une sainte horreur des salons officiels, préférant la discrétion aux paillettes des usines à rêves. Il pense que la presse n'a pas de raison à s'intéresser à lui. Ainsi, il refuse les interviews. Pour la petite histoire, un de nos confrères, enfant de son quartier, décida de lui consacrer un entretien. Cela se passait au milieu des années 1980. Notre confrère, sûr de lui, pensait revenir avec des exclusivités. Mal lui en pris, il fut éconduit poliment et prié d'aller voir ailleurs, «du côté de la télévision où les apprentis sorciers sont légion». Justement à propos de la petite lucarne, les rapports entre Ezzahi et les responsables de l'Unique ont été tout le temps exécrables, fruit d'un énorme malentendu toujours d'actualité. Pourtant, la TV a intérêt à inviter Ezzahi ne serait-ce que pour gonfler son audimat, car le chanteur est le seul, compte tenu de sa popularité, capable de remplir aujourd'hui le stade du 5 Juillet avec ses 80 000 spectateurs. C'est un phénomène de société qui n'a pas d'égal. Ses distances avec le public et la presse ne sont pas synonymes d'une quelconque animosité. Ses proches s'en défendent.
«Amar est un homme de cœur qui aime tout le monde, notamment les gens pauvres avec lesquels il partage ses sentiments et parfois tout ce qu'il possède. Ezzahi est un artiste très sensible, s'il refuse de communiquer avec la presse, ce n'est pas par susceptibilité, mais parce qu'il est convaincu qu'il n'a rien qui puisse justifier la médiatisation.»
Maître du blues algérois
Son dernier concert remonte à presque une décennie, lorsqu'il avait fait un tabac à la salle Ibn Khaldoun. Il avait signé son grand retour après une longue éclipse. Depuis, il s'est retiré jusqu'à ce que les enfants de son quartier lui organisent, au crépuscule de ce siècle, une fête en son honneur pour célébrer ses 59 ans. C'est avec son mandole qu'il s'exécuta et chanta avec les tripes les meilleurs morceaux du richissime patrimoine culturel algérois entre autres Youm el djamaâ et Djari ya djari. En 2002, le chanteur sera hospitalisé en urgence à l'hôpital de Baïnem pour une hyperglycémie. Il se rétablira, alors que l'ENTV – décidément son mauvais génie – l'avait annoncé dans un coma profond, ce qui avait mis ses fans dans tous leurs états. «C'est honteux pour la télévision de dire pareilles choses alors que Ammar Ezzahi est conscient et reprend progressivement ses forces», ont-il tempêté après le faux scoop de l'Unique. Aujourd'hui, Ezzahi a délibérément choisi une voie marginale qui prive le chaâbi d'une incontestable valeur, qu'il serait regrettable de perdre. Mais comment le sortir de sa solitude et l'entraîner dans la folle ambiance du «heddi», lui le houaoui, le zaouali… Pour Boudjemaâ El Ankis, ce n'est pas faute d'avoir essayé «Pendant les concerts qu'on animait ensemble, il y a toujours eu cette formidable ambiance qui s'est transformée en nostalgie. Avec un seul orchestre, on faisait un carton. Amar est humain, profondément humain.
Il animait des fêtes de mariage, parfois gratuitement et il ajoutait même parfois de sa poche des cadeaux pour les futurs mariés.
Beaucoup de jeunes tentent de l'imiter, mais ils n'arriveront jamais à l'égaler, car il est unique dans toute l'acception du terme.»
Parcours
De son vrai nom Amar Aït Zaï, né il y a 64 ans à La Casbah, Ezzahi se fera un chemin dans le chaâbi après la rencontre avec cheïkh Lahlou et Mohamed Brahimi dit cheïkh Kebaïli qui le conseillèrent tout en lui remettant des anciennes qacidate et lui proposèrent des rythmes.
La suite, il la fera avec Kaddour Bachtobji qui l'accompagnera durant près de deux décennies.
Il écoutera d'une oreille attentive les compositions de Mahboub Bati. Son dernier concert remonte à 1987 à la salle Ibn Khaldoun. Depuis, il s'est retiré de la scène artistique laissant ses nombreux fans dans l'expectative. Ce chanteur a été révélé en 1968 par les chansons Ya djahel leshab et Ya el adra. Il est l'auteur d'une seule K7 intitulée Yarab el ibad, véritable succès. D'autres chansons sont à son actif, comme Sali trache qelbi, Dik echemaâ et autre Mahajti b'dhya chemaâ… Absent de la radio et de la TV, Ezzahi est un artiste déçu, voire aigri. Au cours de cette dernière décennie, Ezzahi a dû partiellement remiser son mandole et sa voix, mais il continue bon an mal an à animer les fêtes familiales restreintes. Ses fans attendent de lui le cadeau tant espéré : qu'il se décide enfin à leur offrir un concert public.


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