L'Opep ne devrait prendre aucune décision de nature à influer sur le marché du pétrole lors de la réunion qu'elle doit tenir aujourd'hui dans la capitale du Venezuela. Ni par une baisse, parce que cette dernière déstabiliserait davantage le marché, ni par une hausse, parce que l'Opep n'a pas réellement les moyens d'offrir plus de pétrole comme le demandent les raffineurs. De plus, on voit mal les pays producteurs refuser de vendre plus de pétrole avec les prix qui sont affichés sur les différents marchés, soit environ 70 dollars le baril. Dans une conjoncture marquée par une baisse des capacités additionnelles qui avaient pour habitude de soutenir le marché, les prix restent marqués par la peur d'une rupture des approvisionnements. Une baisse survenue au moment où la demande mondiale de pétrole se retrouve portée par une croissance économique mondiale très robuste grâce à la bonne santé de l'économie américaine qui reste la locomotive en la matière et l'apparition d'un nouveau marché important pour l'or noir qu'est l'économie chinoise. Or la baisse des capacités additionnelles couplée aux multiples tensions géopolitiques ont installé une psychose au sein du marché. Et depuis quelque temps plusieurs dirigeants de l'Opep ont appelé les «grands» de ce monde à contribuer à apaiser ces tensions géopolitiques. Le dernier en date est le secrétaire général de l'organisation qui s'exprimait mardi à Caracas. Le différend sur le nucléaire entre l'Iran et les pays occidentaux est le plus en vue actuellement aux côtés de la situation en Irak et en Palestine. La réunion d'aujourd'hui à Caracas pourrait se transformer en tribune dans ce sens-là. Sur un autre registre, la réunion pourrait endosser, d'une manière informelle, la proposition d'une nouvelle cible pour un prix moyen du baril de pétrole faite récemment par le président Hugo Chavez. La semaine passée, Chavez avait proposé à ce que l'Opep adopte un prix plancher de 50 dollars. Le Venezuela est l'auteur de l'ancienne fourchette 22-28 dollars le baril, suspendue depuis par l'Opep à cause de la montée en flèche des prix. Si l'Opep choisissait le statu quo concernant le plafond de production qui est de 28 mbj, elle pourrait, à la faveur de la tenue de la réunion à Caracas, lancer un appel aux grandes puissances pour qu'elles œuvrent à apaiser les tensions géopolitiques et se préparer à définir une nouvelle fourchette des prix étant entendu que le monde entier a reconnu la fin de l'époque d'un prix bas du pétrole.