La maison fondée en 1965 par l'Italo-Français d'Aix-en-Provence Emmanuel Ungaro se développera et se modernisera dans la tradition et la continuité. Aujourd'hui, l'empire Ungaro, où «le soleil ne se couche jamais», englobe 9 boutiques et au total une quinzaine d'enseignes qui vont de Paris à Pékin et Palm Beach, en passant par Beyrouth, Djeddah, Koweït et Dubaï. Nouveau défi pour Mounir Moufarrige, fondateur et ancien patron de France Luxury (Scherrer, Harel, Fath, Kahn) et du groupe Richemont où il avait tiré d'une profonde léthargie Montblanc pour en faire la petite merveille que l'on connaît, ranimé Chloé et emmené dans ses bagages Dunhill pour créer sous ce label une ligne d'accessoires de luxe. Dans le luxe tout est défi et innovation; affirme M. Moufarrige qui, partant du principe que la mode et les tendances sont temporelles, jouera la carte de la pérennité et du changement dans le respect des traditions et du style de la maison. Comme il le fait depuis quelque temps, avec Worth, haute lingerie, et Goyard, le malletier qui avait fondé sa maison en 1852 et que Mounir veut porter – pourquoi pas ? – au niveau de Vuitton. Dans le firmament de la mode et du luxe, il est des codes, dit-il, qu'il faut connaître et reconnaître, développer, moderniser et renforcer la maison qui à sa propre empreinte. À la question de savoir si la maison dont il vient de prendre les commandes aurait besoin de s'adapter au temps actuel, Moufarrige affirme que «le monde change et évolue très vite. Les griffes qui ne progressent pas reculent. J'avais certes fondé des groupes qui sont maintenant vendus, mais Ungaro s'additionne aujourd'hui à mes deux autres marques, c'est-à-dire Worth et Goyard (qui a déjà 9 magasins de par le monde).» Mounir Moufarrige rééditera-t-il avec ce dernier label son exploit de Montblanc ? On parle d'un prochain lancement qui fera date dans les annales du luxe mondial et du haut de gamme. Mounir Moufarrige a adopté une stratégie qui consiste à développer en même temps les volets habillement, accessoires et parfumerie avec un soin particulier au prêt-à-porter de luxe car, explique-t-il, Ungaro aime habiller les hommes et les femmes, ce qui ne va pas sans les parfumer et leur trouver les accessoires adéquats. Au Moyen-Orient et au Liban, les marchés qui intéresse Ungaro ont une belle image et une bonne place, mais Moufarrige estime qu'il y a encore beaucoup à faire avec les réseaux de distribution et les partenaires actuels.«Nous avons dans ces régions une clientèle élitiste dont la moyenne d'âge baisse à vue d'œil», ajoute Mounir, qui croit au principe de mettre les belles choses et le luxe à la portée de la nouvelle génération. «Les jeunes d'aujourd'hui, qui sont sélectifs, ambitieux et sont des gens de goût, n'ont pas nécessairement les moyens dont disposent leurs parents», explique-t-il. Le Liban et les Libanais, répond-il, ont toujours été une véritable vitrine du monde arabe malgré la terrible parenthèse de la guerre, ces trente années qui ne sont rien dans la vie d'un peuple. Pour Mounir Mouffarige, nos voisins du monde arabe, et en particulier ceux du Golfe, continuent de lorgner vers le Liban et les Libanais pour s'en inspirer, et les voir évoluer dans les habits et avec les produits des dernières tendances.