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Salim Bachi. Ecrivain
Publié dans El Watan le 07 - 06 - 2007

Depuis quand n'êtes-vous pas revenu en Algérie ? Une émotion particulière ? Une appréciation des changements ?
Je ne suis pas venu depuis 1999 où j'avais séjourné à Annaba. Mais, Alger, cela remonte à 1997. Dix ans finalement ! Une partie de ma famille y vit. Sinon, mes souvenirs de cette ville sont liés à des courts séjours espacés dans le temps. Dans les années 1990, il fallait venir ici pour le visa et le souvenir qui m'est resté est celui de la queue devant le consulat de France ! Que dire, sinon, c'est un peu brusque : je viens juste d'arriver et je n'ai pas vu grand-chose encore.
Avez-vous une idée de votre lectorat algérien ?
Franchement, non. En France, je sais que j'ai, en moyenne, 3000 ou 4000 lecteurs par livre. Justement, c'est l'intérêt de les publier aux éditions Barzakh, en espérant avoir un lectorat en Algérie. Sinon, je suis bien incapable de savoir quel est mon lectorat actuel ici. Je ne dispose pas d'informations. Pour l'instant, j'espère être lu et c'est déjà important pour un écrivain ! En fait, quand j'écris, je ne m'interroge jamais sur les gens qui me liront. Je n'écris pas en fonction d'un public attendu. Bien entendu, après, je rencontre mes lecteurs lors des dédicaces, des salons littéraires, etc. Il y a aussi ce qui m'est retourné par le biais de la presse. Mais, même ainsi, je suis incapable de savoir qui ils sont vraiment.
Votre écriture a souvent été qualifiée de lyrique, voire de théâtrale, et là, plutôt shakespearienne. Vous vous dites fasciné par le rythme des mots, la scansion, etc. Quand vous écrivez, vous relisez-vous à haute voix ?
Quand j'ai écrit mon premier roman Le Chien d'Ulysse, j'avais besoin de relire à haute voix pour m'assurer que les phrases et le rythme tenaient. Maintenant, je ne le fais plus. Je relis, certes, mais je n'ai plus besoin de le faire à haute voix. C'est plus un rythme intérieur, surtout dans Tuez-les tous qui est un livre très rythmé, en français, du moins, car, je ne sais pas ce que ça donne dans la traduction en arabe.
Parlons de ce roman qui se passe dans la tête d'un des kamikazes du 11 septembre. Comment l'avez-vous construit ? En travaillant sur documentation ou à partir d'une pure émotion d'un ressenti ?
Au départ, je voulais écrire sur le 11 septembre. Je trouvais que c'était important de le faire en tant qu'écrivain. Ensuite, j'ai commencé à prendre des notes sur ce qui s'était passé ce jour-là, à New-York, et le livre a vraiment démarré à partir de ces quelques notes. Puis, j'ai suivi le personnage et j'ai écrit très vite, en trois semaines ou un mois. C'est le livre que j'ai écrit le plus vite. En fait, ça a été une émotion et, d'une certaine manière, un cri de colère, quelque chose à la limite de la littérature vraiment mais qui, je l'espère, reste de la littérature.
En tout cas, cela semble avoir été pris comme ça. Il n'y pas eu de polémique, ni dans le public ni dans la critique, mais plutôt de la compréhension…
Oui, et j'en suis content car je craignais, au début, que cela ne soit pas le cas. Cela dit, la réception non plus n'a pas été extravagante. Il y a eu aussi, à mon avis, une certaine distance du public, une timidité de la critique. Mais je le comprends, ce n'est pas un livre facile.
Le sujet ne l'est pas non plus. Dans La Kahena , le patrimoine littéraire algérien vous a servi en quelque sorte de décor littéraire. Etait-ce un besoin d'enracinement par rapport à une filiation culturelle ou, disons, un acte spontané coulant de source ?
Un peu des deux, en fait, car, ce qui ressort de ce livre, c'est qu'il y a une tradition algérienne littéraire et qu'elle est encore vivante. Il s'agissait, par ailleurs, d'écrivains qui ont écrit dans les années 1940 et 1950 jusqu'à 1960, et je parlais de cette période dans le roman. Il y a aussi Le Grain magique de Taos Amrouche qui remontait à plus tard encore par ses sources. Comme je ne connaissais pas ces périodes, j'ai voulu les reconstruire à partir de ces écrivains, Dib, Feraoun, Kateb Yacine à propos du 8 mai 1945, par exemple, et même Camus pour mon personnage, le colon Louis Bergagna. C'était aussi pour moi une bonne manière de parler de ce patrimoine très riche, de ces contes kabyles, de la littérature moderne algérienne. Donc, il y a eu vraiment un travail d'enracinement de ce livre dans la littérature algérienne et, en même temps, un hommage à ces écrivains.
Dans les générations suivantes d'écrivains algériens, vers où se portent vos attentions de lecteur ?
Je lis ce que font les autres, c'est sûr. J'essaie de lire les jeunes auteurs comme Sofiane Hadjadj. ou alors Malek Chebel et Yasmina Khadra. Pour me tenir au courant… Je ne lis pas tous leurs livres, je le précise, mais c'est important pour moi de savoir ce qu'ils font et de me situer, ainsi, par rapport aux autres d'un point de vue littéraire.
Une grande érudition apparaît dans vos livres. On vous devine grand lecteur. Vous êtes né en 1971, en Algérie, et vous avez fait l'école fondamentale qui n'est pas connue pour inciter à la lecture…
J'ai fait toutes mes études dans le système éducatif algérien, hormis la période du collège dans un établissement français, mais mon lycée et l'université étaient algériens et j'ai fini par une licence de lettres. Ma passion de la lecture est surtout redevable à ma famille. Il y avait des livres à la maison et j'ai commencé à lire comme ça, poussé par l'appel de cette présence. J'ai toujours lu depuis l'âge de 10-11 ans, beaucoup lu, en fait. Mais plus on écrit, moins on lit. Depuis que je fais moi-même des romans, j'en lis moins. C'est peut-être paradoxal, mais c'est ainsi. Auparavant, j'avais une découverte à entreprendre, l'envie d'apprendre à écrire à travers les livres des autres.
Par rapport à ces années tragiques en Algérie, vous avez tenu à vous démarquer de ce que vous qualifiez de «littérature de l'urgence». Mais, en même temps, vos romans sont en plein dans l'actualité. Entre urgence et actualité, où situez-vous la démarcation ?
Pour moi, c'est en fonction du travail littéraire que j'établis la délimitation ou démarcation. Est-ce que le livre, en dehors d'une actualité, est porteur d'une esthétique, d'un ouvrage littéraire ? S'il n'est pas riche littérairement et qu'il ne comporte surtout qu'un témoignage, c'est juste un témoignage mais pas un roman. Ce qui m'a toujours dérangé dans la notion de «littérature de l'urgence», c'est que, parfois, au nom du témoignage, on passait sur un travail littéraire qui n'était pas fait en réalité. J'estime que nous sommes tenus de parler de ce qui se passe parce que nous sommes plongés dans un contexte historique qui nous concerne. La littérature a sans doute affaire à des «états d'urgence», mais elle ne peut les traiter que par les voies de la littérature.
Il arrive que les écrivains entrent directement dans le champ politique.
On l'a vu avec Boudjedra pour Les Fils de la haine, Sansal avec Poste restante et, récemment, Khadra avec un pamphlet dans un journal espagnol. Qu'en pensez-vous ?
Je pense qu'ils agissent ainsi en tant que citoyens et que c'est remarquable. Il n'y pas de honte à cela. C'est important que des personnes qui écrivent et pensent interviennent dans le débat politique. A mon avis, ça ne gâche ni leur travail littéraire ni ne l'embellit, d'ailleurs.
C'est quelque chose qu'un écrivain fait à côté de son écriture. La politique, à mon sens, n'a rien à voir avec le travail littéraire. Mais, en tant que citoyen, on a le droit de dire ce que l'on pense d'une situation donnée. Est-ce que cela interfère sur l'écriture romanesque ou autre ?
Cela dépend des écritures, des auteurs. Mais les écrivains que vous venez de me citer sont quand même connus pour travailler sur le texte et pour porter la littérature en eux. Je trouve triste qu'on ne veuille pas écouter aussi une parole politique. Celle-ci est toujours discutable, bien sûr. Toute parole, toute littérature ou tout écrit est discutable. C'est là qu'il faut être capable d'accepter une parole donnée. Ce qui est triste, c'est qu'elle n'arrive pas à destination, qu'elle soit censurée ou que l'auteur aussi n'accepte pas la critique qui peut lui être retournée.
Après Les Douze contes de minuit, sur quel jour va se lever votre travail littéraire ?
En fait, le prochain est un petit livre sur Rome parce que, pendant un an, j'ai été pensionnaire de la villa Médicis et j'avais un contrat avec un éditeur pour écrire un livre sur l'histoire romaine qui doit sortir en 2008. Il traite de la République de Rome vue avec un peu de dérision par un Algérien, un descendant de Numidie et, d'une certaine manière, de Romain parce que (rires), la Numidie a aussi été Rome. Il ne faut pas oublier qu'il y a eu des empereurs romains d'origine berbère. C'est donc Rome vue du côté de l'Algérie.
C'est bien connu, tous les chemins y mènent, même les nôtres.
BIO-EXPRESS
Né en 1971 à Annaba, Salim Bachi a commencé à écrire depuis l'adolescence. Après une licence de lettres en Algérie, il se rend en France, en 1977, pour y poursuivre ses études. Il y demeure une année. En 1996, il s'installe à Paris. Son premier roman,
Le Chien d'Ulysse, publié en 2001 aux éditions Gallimard, a reçu un accueil élogieux de la critique et lui a valu la Bourse Goncourt du premier roman ainsi que la bourse du prince Pierre de Monaco et celle de la Découverte. En 2003, il publie la Kahena (Prix Tropiques 2004), puis, en 2006, Tuez-les tous, portant sur les attentats
du 11 septembre. Dans ces premiers romans, il a construit une ville imaginaire, Cyrtha, symbole évident de l'Algérie. En 2005, il publie aux éditions du Rocher Autoportrait avec Grenade, autofiction basée sur un séjour en Andalousie. Son recueil de nouvelles les Douze contes de minuit (Ed. Gallimard, 2007) achève le cycle de Cyrtha. Il est réédité quasi simultanément en Algérie par les éditions Barzakh qui ont déjà édité la traduction en arabe
de Tuez-les tous.


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