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"Il est inconcevable qu'un chantier comme celui de l'autoroute ne soit pas suivi par des archéologues "
Abderrahmane Khelifa, historien archéologue
Publié dans El Watan le 24 - 04 - 2009

Toutes les pièces archéologiques saisies par les services de sécurité ne sont que la partie émergée d'un trafic de biens culturels de grande ampleur. Sites sans surveillance, archéologues concentrés à Alger, lois non appliquées… Pour Abderrahmane Khelifa, historien archéologue, ancien directeur du patrimoine, l'Algérie ne sait pas se protéger contre les pillages et les dégradations.
Le mois du patrimoine est axé cette année sur le thème de la sécurisation des biens culturels. Le pillage archéologique est-il plus pratiqué en Algérie que dans les autres pays ?
Je crois que tous les pays du Maghreb connaissent des déperditions. Le problème, c'est que l'Algérie a, par exemple dans sa région est – Madore, Hippone, Djamila… – des richesses inestimables, des sites qui ont marqué l'histoire du bassin méditerranéen, mais pour lesquels il n'existe aucune structure administrative de protection. Autrement dit, n'importe qui peut aller sur le site, faire des fouilles clandestines. Les Marocains et les Tunisiens ont des circonscriptions archéologiques. Même les Libyens, parents pauvres du Maghreb, il y a encore vingt ans, se sont bien rattrapés. En Algérie, ces circonscriptions archéologiques ont été remplacées par les directions de la culture. Résultat : les archéologues sont désormais chapeautés par des personnes qui ne sont pas archéologues.
Entre les lois, les opérations de restauration et d'entretien des sites archéologiques classés, ou les créations de musées, on a pourtant l'impression que le ministère de la Culture s'implique dans la protection du patrimoine…
On peut voir les choses sous cet angle-là. Mais les responsables eux-mêmes se rendent compte que les textes ont apporté l'inverse de ce qu'on voulait. Il a par exemple été décidé de restructurer – pour ne pas dire casser – l'Agence nationale d'archéologie, qui était le bras droit du ministère sur le territoire. Celle-ci s'est retrouvée scindée entre l'Office de gestion des biens culturels et le Centre national de recherche archéologique. Faire cela, c'est méconnaître le domaine du patrimoine ! L'architecte et l'archéologue travaillent de concert : il ne peut pas y avoir d'un côté quelqu'un qui ramène de l'argent et de l'autre celui qui mène les recherches. Cela ne pourra pas marcher. Aujourd'hui, tous les archéologues sont concentrés à Alger. Pouvez-vous imaginer qu'un site majeur, comme Hippone, avec 70 ha de vestiges, n'a pas un seul archéologue ? Il se trouve pourtant à la frontière avec la Tunisie. Ceux qui veulent piller peuvent le faire en toute impunité faute de personnel nécessaire.
Ceci dit, il n'est pas facile de mailler un territoire aussi grand…
Pourtant, des années 1970 jusque dans les années 1985, on arrivait à couvrir tout le territoire. De plus, les sites majeurs (autres que la vallée du M'zab et les deux Tassili) se trouvent dans la frange nord du pays, sur 380 000 km2. Le ministère est en train de créer une structure pour gérer le parc de l'Atlas, qui englobe sept wilayas. Qui va surveiller une aussi grande région ?
Est-ce un problème de formation ?
La surveillance n'exige pas de formation. A l'époque coloniale, l'Algérie avait des gardiens de site. Cinquante ans après, l'Algérie devrait passer à une autre étape et créer des agences de site avec un archéologue et des gardiens. D'autant qu'à l'université d'Alger, nous avons un institut d'archéologie d'où sortent des dizaines d'archéologues. Ce n'est donc pas un problème de formation mais un problème de poste budgétaire : on ne sait pas les recruter ni les affecter de manière rationnelle sur l'ensemble du territoire. Ceci dit, l'Etat est riche et il faut profiter de cet argent pour continuer à former. On ne devrait pas dépendre des experts étrangers pour reconstituer une mosaïque ou traduire des inscriptions en latin.
Il faudrait peut-être aussi sensibiliser la population…
La société civile se rend compte de la richesse de son patrimoine. Je reçois des courriers de dizaines d'associations qui veulent avoir des renseignements sur leur région. El Mouwahidiya de Nedroma, Minerve de Tébessa, Les amis du Tassili… ces associations ne demandent qu'à s'impliquer davantage, mais encore faudrait-il qu'elles aient les moyens de le faire. Le ministère de la Culture pourrait leur attribuer une aide ne serait-ce que pour financer la parution de revues. Il y a aussi un problème de mobilisation des ressources : si on n'explique pas l'importance des remparts de Tébessa ou d'un site comme celui de Timgad, ils seront dégradés. C'est comme cela que dans les Aurès, un sarcophage peut se transformer en mangeoire pour les bêtes !
On a l'impression qu'il y a, d'un côté, les lois, et de l'autre, la réalité des entrepreneurs…
Oui. Il est inconcevable qu'un projet comme celui de l'autoroute Est-Ouest, qui court sur 1200 km et passe sur la zone la plus riche en vestiges du pays, ne soit pas suivi par des archéologues. La loi prévoit pourtant des fouilles, une protection, une surveillance... mais ce n'est pas fait. On a aujourd'hui la certitude que l'asphalte passe sur des sites archéologiques. Personne ne s'en inquiète, ni au niveau de ministère, ni des wilayas ou encore de l'Agence d'archéologie.
On lit régulièrement dans la presse que la gendarmerie, les douanes, les garde-côtes… ont récupéré 500 pièces par-ci, 1000 autres par-là. Est-ce représentatif du trafic à l'échelle nationale ?
Non, ce n'est que la partie visible de l'iceberg. Nous avons des réserves archéologiques immenses. Tout le pays est truffé de vestiges et c'est une chance que n'ont pas beaucoup de pays. Mais le patrimoine a besoin qu'on s'occupe de lui. Il a traversé les siècles et est l'émanation physique de notre mémoire. Si cette mémoire venait à disparaître, il ne faudrait s'en prendre qu'à nous-mêmes….
Bio express
1980-1982. Directeur des musées, de l'archéologie et des monuments et sites historiques au ministère de l'Information et de la Culture. 1989-1994. Directeur de l'Agence nationale d'archéologie et de protection des monuments et sites historiques. 1999-2001. Directeur du patrimoine culturel au ministère de la Communication et de la Culture. 1996-2001. Coordinateur pour l'Algérie des projets euroméditerranéens Méda I et Méda II sur le patrimoine. Abderrahmane Khelifa a aussi enseigné à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger et à l'Ecole des beaux-arts et a publié Histoire d'Alger et Honaïne, ancien port du royaume de Tlemcen, aux éditions Dalimen, et prépare actuellement un livre sur l'histoire de Constantine.


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