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La réussite sportive,
Publié dans El Watan le 02 - 08 - 2007

La réussite sportive ne dépendrait plus essentiellement d'une science de l'entraînement, mais aussi d'un environnement socioculturel qui lui est favorable. En effet, bien que les succès sportifs sollicitent, de la part des sujets, des capacités physiques et psychologiques souvent extrêmes celles-ci exigent à leur tour un montage minutieux et précis exigeant l'intervention, en cours d'apprentissage, d'une multitude de facteurs à la fois moteurs (faits d'habiletés motrices spécifiques), cérébraux (où interviennent certaines propriétés psychiques) et culturels où le type d'institution (école, association, club, fédération etc.), responsable de ce vaste assemblage, exerce un rôle fondamental dans leurs formations et leurs développements. Ce montage de la réussite sportive doit être échafaudé et structuré minutieusement afin d'aboutir, après plusieurs années de pratique et d'efforts, à la production de l'excellence sportive. Dans cette construction, «l'élément culturel» avec ses valeurs, ses normes, ses croyances, ses coutumes, ses représentations et ses mythes stéréotypés exerce le corps et modélise le succès dans certains sports plus que dans d'autres, en leur apportant, notamment, une empreinte et un habillement particuliers. En effet, de plus en plus, la réussite sportive nous révèle une sorte de «fidélité à une lignée culturelle», parce qu'elle a toujours un contenu de signification, une prouesse à réaliser, un but à atteindre. On le constate, fortement, avec l'apparition des nouvelles pratiques sportives liées, le plus souvent, à des évolutions culturelles particulières et à des aires géographiques précises. Les réussites obtenues dans les jeux sportifs par certaines nations, expriment bien, aujourd'hui, cette évolution et cette tendance de la «culture sportive», dite moderne. C'est ainsi que dans les sports sollicitant la qualité physique «force» (l'haltérophilie, etc.) les succès sont remportés, régulièrement, par des pays comme la Turquie, l'Iran, la Bulgarie, la Grèce, etc. Ces résultats nous révèlent une sorte de balkanisation des sports de force. En athlétisme – sport qui renferme plusieurs épreuves (course, saut, lancer) –, on assiste, là aussi, à une forme de spécialisation des savoir-faire sportifs par épreuve et par pays. Les succès remportés dans les «courses» à pied de demi-fond et de fond, austères et laborieuses (comme le 3000 m, le 5000 et le 10000 m), reviennent périodiquement à des pays africains comme le Kenya, l'Ethiopie, etc. Les courses de vitesse, sollicitant force et puissance, restent la chasse gardée des noirs américains. Quant aux «lancers» (Javelot, disque, marteau, poids), exigeant force, technique et précision, ils appartiennent le plus souvent à des athlètes d'Europe du Nord et des Etats-Unis. Comme on peut le constater, et dans une même discipline sportive (l'athlétisme), on assiste à une stricte spécialisation des savoir-faire sportifs, et ce, selon le «type culturel» prédominant dans telle ou telle partie du monde. Dans la gymnastique artistique (forme de sport et de danse à la fois), activité sportive proche de l'art et dans laquelle la tradition culturelle encourage la valeur esthétique, on remarque une absence totale du continent africain. Faut-il convenir, ici, que l'Afrique n'est pas en mesure de produire le beau et le gracieux ? Il en est de même pour le tir à l'arc, où la réussite sportive semble s'identifier à un mode de pratique purement asiatique. On dit, que pour le tireur à l'arc asiatique, la cible qu'il vise n'est pas de ce monde. On peut continuer, de la sorte, à passer en revue toute la panoplie des sports dits olympiques pour découvrir, en fin de compte, que la réussite sportive tend de plus en plus à s'exprimer et à se spécialiser au travers de la maîtrise d'un ensemble de savoir-faire sportifs spécifiques, ayant comme soubassement des textures et des colorations culturelles particulièrement persistantes. Comme le «goût gastronomique», il existerait un «goût de la réussite sportive», entretenu au travers d'une acculturation et d'un conditionnement massif, savamment dispensés par des institutions spécialisées, et ce, en référence au lieu où une pratique sportive prend naissance, se développe et s'enracine (L. Boltanski ; P. Bourdieu). Il est, en effet, merveilleux de constater, pour ne prendre l'exemple que des «lancers» en athlétisme (où l'Algérie est totalement absente !), comment la main, simple organe au départ, va peu à peu se spécialiser dans des savoir-faire issus d'outils aussi anodins que le disque, le poids ou le javelot pour se transformer en fin d'apprentissage en une véritable organisation cérébrale, c'est-à-dire en un mode d'emploi conscient et original du corps. A l'issue de ce bref constat, on semble s'acheminer, à l'aube du troisième millénaire, vers deux formes bien distinctes de réussites sportives reflétant des corps, qui sont exercés de façon distincte et très spéciale : l'une purement physique, faisant appel à ce que M. Nédoncelle désigne sous le nom de «tactilo-musculaire» (le plus bête de nos sens), l'autre beaucoup plus «cérébrale» et technologique. En somme, deux formes de réussites sportives qui nous renvoient à deux visions du monde, deux conceptions de l'homme, deux philosophies de l'éducation et deux formes d'investissements dans le corps.
Réussite sportive et éthique de la production (le Modèle Weberien) :
C'est à l'occasion des Jeux olympiques d'Helsinki, que certains auteurs ont souligné la difficulté d'appréhender le phénomène sportif au travers de ses multiples facettes. C'est alors qu'ils ont commencé à étudier l'influence de variables comme l'économie, la démographie et le climat sur la réussite sportive. Ils se sont vite aperçus que même lorsqu'un certain niveau de développement économique est atteint, celui-ci ne suffit pas toujours à expliquer le succès sportif d'une nation. D'autres variables explicatives interviendraient dans la réussite sportive. Certes, les conditions économiques constituent une base nécessaire, mais à partir d'un minimum, ce sont les facteurs idéologiques qui jouent un rôle décisif. Dans cette perspective, le sociologue finlandais P. Seppanen va faire appel à l'idéologie de M. Weber, se rapportant à l'éthique du protestantisme, pour tenter d'expliquer ce qui pousse un individu à s'engager avec énergie et persistance dans telle ou telle activité. En effet, pour M. Weber, le fidèle est béni des dieux lorsqu'il réussit. L'athlète en sautant plus haut, en lançant plus loin et en courant plus vite, est en quelque sorte le fond de l'entendement divin. Il y aurait, dans le monde, des «modes de vies communautaires», des «types culturels» (mouvement par lequel des forces sociales se matérialisent dans des formes sociales) qui se trouvent, par pur hasard, préadaptés à certaines activités humaines et institutions sociales qui les génèrent. C'est dans cette perspective que Seppanen va tenter de trouver au niveau de la pratique sportive de haut niveau une relation entre l'ethos religieux et la réussite. A la même période, G. Lüschen (1973), en étudiant l'élite sportive allemande, a constaté une surreprésentation des protestants au niveau de la pratique des «sports individuels» et dans lesquels, les athlètes protestants réussissent mieux que les athlètes catholiques.
L'activité sportive de haute performance se présente, pour cette population, comme une «forme d'expression» et «d'accomplissement de soi» où la réussite sanctionne la forme pure du «mérite individuel» et sert grandement à le manifester. La réussite (la volonté de vaincre, de gagner) représente pour cette population, à la fois, une «attitude laborieuse» librement consentie et une «revendication personnelle». Fort de ce constat, Seppanen va tenter de mettre au jour une éventuelle relation entre le contexte religieux et la réussite sportive. Pour cet auteur, les valeurs religieuses constituent le fondement d'une superstructure sociale, et «l'esprit de réussite» peut être expliqué à partir de «l'ethos religieux». Pour mieux étayer sa thèse, il fait référence aux deux dimensions de l'orientation religieuse formulées par M. Weber. La première oppose la «résignation» (mysticisme) à la «conquête» (ascétisme); la seconde, «l'engagement» dans le monde au «détachement» de ce monde. En comptabilisant les succès obtenus, et ce, depuis la création des Jeux olympiques, par des athlètes de différentes religions (catholique, protestante, orthodoxe, musulmane, juive, bouddhiste), il conclut à la suprématie des pays où la religion dominante présente une orientation ascétique (conquête et domination), tournée vers le monde d'ici-bas (l'engagement). Parmi les religions de ce type, le protestantisme présente, selon cet auteur, le coefficient de réussite le plus élevé. L'éthique protestante créerait donc, pour cet auteur, un «champ psychologique incitatif» à la réussite, en faisant coïncider harmonieusement les «valeurs culturelles» et les « valeurs sportives». On assiste, là, à la dynamique et à l'expression de deux systèmes d'actions (le culturel et le sportif) qui interfèrent dans une «pratique sociale» avec une sorte d'harmonie préétablie, nous révélant un «style de vie» générateur d'un certain rapport de l'homme avec la réalité et le monde. A. Guttmann (1984), en développant l'hypothèse de la genèse des sports, comme une forme de la rationalisation des pratiques sociales, et en synthétisant les travaux de Seppanen, de G. Lüschen et de H. Lenk, arrive aux mêmes conclusions en montrant la place prépondérante des protestants dans le sport de haut niveau. Il a constaté que 7,6% de la population, que comprend la population mondiale, donnent 54,5% des médaillés olympiques. Pour tous ces auteurs, la réussite sportive est analysée dans une perspective théologique où l'individu est étudié au travers sa religiosité, régie par une «éthique de la production». Ils ont tenté de donner une explication de la réussite sportive à travers cette «couche profonde» de la vie de l'individu (son éthique) par laquelle il devient, souvent, le plus engagé dans ses décisions de choix, d'efforts, de risque et de reconnaissance de la responsabilité personnelle. Dans le registre philosophique, c'est Kierkegaard qui a le mieux formulé cette théorie de la personnalité basée sur les catégories de «l'engagement» et du «risque personnel»
L'orientation de toutes ces recherches s'inscrit, aussi, dans une longue tradition de la pensée pédagogique allemande, issue de l'aufklarung (une vision optimiste du progrès humain : le philanthropisme), représentée par des auteurs comme Basedow, Campe, Salzmann, Trapp, Gutsmuth, Villaume, Schleichermacher, Frobel, Herbart etc. Pour ce courant pédagogique, la «réussite» est interprétée comme une «simple potentialité», qu'il revient au pédagogue d'actualiser. Elle n'est pas dirigée par l'homme lui-même, ses règles ont été une fois pour toutes établies dans sa nature. Pour tous ces auteurs, la réussite est un cadeau de la providence, une grâce, un hasard de la vie, une liberté pure. Dans la civilisation islamique, aussi, l'athlète comme le musicien et le poète sont toujours visités, dans leurs activités, par la même inspiration divine. Celui qui apprenait à monter à cheval, à tirer à l'arc et à nager était nommé «le parfait» (M. al-kamil).
Réussite sportive et besoin d'accomplissement de soi
Si pour expliquer les réussites sportives, remportées par un certain nombre de nations, des sociologues ont utilisé la thèse de M. Weber concernant les rapports entre les traits de la mentalité puritaine et l'esprit de réussite, certains psychologues vont faire appel aux travaux de Mc. Clelland portant sur les «motivations d'accomplissement» et qui poussent les hommes et les femmes, au cours de leur existence, à s'engager significativement dans certaines activités, à exploiter certaines situations et à modéliser leur destin selon un idéal transcendantal. Pour déceler toutes ces «motivations d'accomplissement», Mc. Clelland va utiliser une technique qui consiste à demander aux sujets, que l'on veut observer, de raconter des petites histoires à partir d'images qu'on leur présente et à mesurer la fréquence avec laquelle apparaissent certains thèmes. Grâce à cette méthode, il remarque que plusieurs intérêts profonds apparaissent fréquemment. Parmi ceux-ci, le «besoin d'accomplissement» s'avère être un facteur causal prépondérant du développement du succès. Winterbottom a montré, lui aussi, que les enfants dont le «besoin d'accomplissement» est élevé proviennent de familles, au sein desquelles les mères insistent précocement sur des valeurs comme la «confiance en soi» et la «maîtrise de soi». Ce sont des «valeurs culturelles», fortement médiatisées par des «attitudes éducatives familiales». Pour Mc. Clelland, le «besoin d'accomplissement de soi» est un facteur causal prépondérant de développement du succès. Le sujet semble donner le meilleur de lui-même, lorsque les notions d'épreuve, de victoire ou de record rentrent en ligne de compte. De leur côté, les ethnologues n'ont pas manqué de nous fournir une multitude d'exemples qui nous montrent, que ce «besoin d'accomplissement de soi» (cette expansion de l'être) est partout présent chez plusieurs populations, dites primitives. C'est ainsi que chez les Manus, «l'homme idéal est celui qui n'a pas de loisirs, qui travaille sans cesse; l'admiration des gens se porte sur ceux des leurs qui réussissent, par leurs efforts, à accumuler le plus de biens, à produire les meilleurs canots» (M. Mead). Chez les Yoruba, «les paresseux sont critiqués et insultés … » ou encore «lorsqu'un homme ne travaille pas, son enfant, dit-on, tombe malade, à cause de la paresse de son père». Pour toutes ces populations, dites primitives, la réussite s'identifie au travail. La «paresse corporelle» est identifiée à une sorte de «paresse morale». Il y aurait, donc, au sein des sociétés traditionnelles et modernes des «motifs culturels» qui poussent les corps à s'exercer à un ensemble «d'activités» ou de «passivités» à être «compétitifs» ou «non-compétitifs». L'homme façonne un «type de réussite», selon les «motifs culturels» de son époque : moraux, esthétiques, religieux etc.
Réussite sportive et vision morale du monde (le modèle sportif)
Si pour certains sociologues et psychologues des éléments culturels, comme «l'ethos religieux» ou le «besoin d'accomplissement de soi», contribuent à donner un sens à la réussite, pour les philosophes une certaine «vision morale du monde» peut encourager, à son tour, l'éclosion d'une «forme de succès». Pour L. Ferry, depuis l'Antiquité, le sport est traversé par des tensions, provenant essentiellement des grandes «visions morales du monde», et qui ont pour conséquence de donner trois philosophies et trois définitions différentes du sport.
La première tension que traverse le sport exprime une «éthique aristocratique», qui repose sur le principe qu'il y aurait au départ des bons et des mauvais sujets par nature. L'idée est que les meilleurs (l'élite) le sont, toujours, par nature et non par mérite.
L'aristocrate est celui qui ne travaille pas et le sport ne peut être un travail ; il est un simple exercice libérateur des potentialités inscrites, au départ, chez le sujet. La réussite est un «don» de la nature. Elle met, en relief, ce qui existe déjà au départ : les potentialités, la puissance, la vertu. Dans ce cadre, la réussite ressemble à un simple «jaillissement» venu d'ailleurs, et non à une construction humaine.
La deuxième tension donne lieu, au XVIIIe siècle, à une «éthique méritocratique» consistant à dire qu'il n'y a pas de bons et de mauvais sujets par nature. Ce que l'on va juger chez les sujets, dorénavant, c'est l'effort, la volonté, le mérite. On se classe, selon une hiérarchie de valeurs, sur la base de l'objectivité visible : le résultat. On accède à l'élite par son travail et sa compétence à la faveur d'une épreuve, d'un examen ou d'un concours. Le sport est alors défini, davantage, comme un travail que comme un exercice, comme dépassement de soi que comme réalisation de soi. Il ne s'agit plus, ici, d'un élitisme de nature, mais d'un «élitisme de culture».
La troisième tension a donné lieu à une «éthique de l'authenticité» qui sous-entend que toutes les cultures se valent et qu'il ne saurait y avoir de hiérarchisation des cultures. Une culture est toujours autre, mais jamais moindre. Toutes les pratiques sociales se valent du moment qu'elles sont authentiques et qu'elles sont véritablement vécues. Ici, le sport va devenir non pas un travail, qui ne fait que mobiliser certaines composantes de la personne humaine, mais un simple moyen pour l'individu d'épanouir sa personnalité entière et «d'être soi-même».
Aujourd'hui, il s'agit de concilier toutes ces tensions, que traverse le sport moderne, par un «modèle sportif» (une philosophie du sport) qui respecterait les valeurs démocratiques. C'est le seul modèle où on a la chance de voir se reconstituer, sous nos yeux, une «élite sportive» authentique. C'est aussi le seul modèle où l'individu a le plus d'occasions d'exprimer et d'exploiter pleinement ses potentialités. Un modèle avec des obligations et des évaluations sur mesure qui sollicite de la part du sujet, voulant jouer sa vie selon le style de la compétition, une perpétuelle adaptation dans un «cadre de possibilités, dans lequel des êtres réels s'efforcent de trouver une place ou plutôt de se modeler, eux-mêmes, de telle sorte qu'ils aient une place» (R. Ruyer).
Réussite sportive et usages sociaux du corps (la culture corporelle)
Un autre élément culturel, susceptible de façonner la réussite sportive, a trait aux «usages sociaux du corps» qui sont toujours générateurs et organisateurs dans chaque culture : de certaines pratiques sportives stylisées (exemple du canoë, de l'escalade, de la lutte, du karaté etc.). Car les usages sociaux du corps (les techniques du corps, selon l'expression de Mauss), qui caractérisent certaines activités sportives d'un «lieu donné», peuvent ne pas ressembler, et même s'opposer, à celles qui sont en vigueur ailleurs». Toute pratique sportive est influencée par la société qui l'enfante, et par la conception que celle-ci se fait de son corps. En effet, on sait que par «sa culture corporelle une communauté exprime son interprétation de la vie et du monde» (Huizinga). Dans le cadre des pratiques sportives, «l'acteur social rencontre un champ de pratique organisé. Il s'oriente alors en fonction d'un rapport au corps que lui ont inculqué sa culture, sa classe d'origine, son rapport au corps qui fait partie d'un tout, le système des goûts» (Bourdieu). C'est pour cela que le geste sportif spécialisé est toujours le produit d'une époque. Les savoirs, les savoir-faire et les compétences, qui participent à sa fabrication, restent marqués par le sceau d'une culture corporelle donnée.
C'est ainsi, que les «modèles sportifs» en consommant différemment les signes, les symboles et les mythes de l'universalisme sportif, tendent à s'installer différemment au sein de chaque culture. Dans les pays en voie de développement, ces modèles sportifs ne reposent, souvent, sur aucune «typologie des activités sportives» adaptée à un style de vie, à un environnement, à une histoire. Ce sont, la plupart du temps, des «typologies mimées» qui ne se soucient guère d'intégrer dans leur confection «l'habitus physique local» (ce qui implique la référence non seulement à la dimension personnelle du corps, mais aussi à sa dimension sociale), comme indicateur promotionnel du «besoin d'accomplissement», dans certaines activités sportives. Certes, la population a toujours vocation à pratiquer le sport, mais les discriminations concernant l'âge, le sexe, le niveau socioéconomique, l'accès aux installations, les coûts des équipements, etc. sont telles, qu'une simple poignée d'individus peut s'adonner à cette activité. Par ailleurs, le rapport au corps, à peine encouragé, ne prédispose pas à la forme d'usage du corps, que nécessite la participation au sport moderne. C'est ainsi que certains sports ne peuvent toujours pas être pratiqués par les femmes, parce qu'ils n'ont pas fait, tout simplement, l'objet d'une “enculturation” et d'un apprentissage dans les institutions d'éducation et de formation. Or, et de tout temps, «un sport est adopté lorsqu'il ne contredit pas le rapport au corps dans tout ce qu'il a de plus profond et de plus profondément inconscient, c'est-à-dire le schéma corporel en tant qu'il est le dépositaire de toute une vision du monde social, de toute une philosophie de la personne et du corps propre» (Bourdieu).
C'est pour toutes ces raisons qu'une «culture sportive authentique» devrait être attentive à ce que les valeurs que véhicule le sport moderne ne viennent pas tarir «l'habitus physique local». Car une «culture sportive authentique» d'un lieu donné a, avant tout, pour mission de diffuser des «formes de sensibilités corporelles», des «formes de conscience» et des «émotions» par lesquelles on se sent vivre les uns avec les autres. Ce processus d'”enculturation”, de la «sensibilité sportive», ne peut avoir lieu que dans des cultures, où la maîtrise de soi est généralisée à tous les domaines de l'expérience humaine (N. Elias).
Dans une étude comparative, sur trois sports de combat en préhension (lutte, judo et aïkido), et qui visait à cerner «l'habitus physique» d'une population de sportifs de haut niveau, le sociologue J. Clément montre que le corps dans les sports de combat tend à épouser différentes attitudes : contact rugueux des corps dans la lutte, préhension médiatisée par le kimono pour le judo et grande distanciation entre les adversaires pour l'aïkido. La pratique de chacun de ces sports nous fait découvrir un style d'affrontement particulier, et donc une certaine façon d'engager son corps dans le combat. Il ressort que la conception combative, que chaque acteur développe dans chacun de ces sports, trouve son prolongement dans la conception qu'a le sujet dans son combat politique et social quotidien. Cette étude tente de cerner l'habitus physique d'une population d'athlètes, dans sa forme productrice de conduites sociales et de choix culturels, conçu comme un «système de dispositions organiques ou mentales et des schémas inconscients de pensée, de perception et d'action» (Boltanski).
Les chances qu'a donc un individu de pratiquer un sport va dépendre de l'affinité entre les caractéristiques de l'activité sportive et celles de son habitus physique, c'est-à-dire aux caractéristiques socioculturelles qui vont prédéterminer au choix d'un type d'activité sportive. On pense, d'ailleurs, qu'il existe dans la structure motrice de certains sports des caractéristiques qui les prédestinent à des cultures précises (exemple du base-ball aux Etats-Unis, du cricket en Angleterre, etc.) Un auteur, comme A. Nevis, pense que le jeu base-ball reflète le génie, le caractère et la pureté morale d'une «certaine Amérique». Comment expliquer, en effet, que ce sport n'arrive toujours pas à traverser l'Atlantique ? C'est bien, là, un exemple concret qui nous montre que la réussite dans un jeu sportif engage profondément « … Ie joueur, l'équipe et la société dans une action, dans une création motrice porteuse d'un sens souvent inconscient et difficile à déchiffrer» (P. Parlebas)
Réussite sportive et pédagogie
Tous les éléments culturels que nous venons de passer en revue peuvent influencer différemment, selon les pays, les époques et les idéologies, la réussite dans certains sports et pas dans d'autres. Il faut, donc, dans le choix et la mise en œuvre d'une «typologie des activités sportives», prendre impérativement en compte la «culture corporelle locale» ; ce qui facilite la construction d'un «modèle sportif» cohérent, susceptible d'encourager les «motivations d'accomplissement» dans certaines formes de pratique sportive et pas dans d'autres. De même que l'on doit être attentif à ce que le «modèle sportif», retenu (dans ses principes et son organisation), puisse prendre en charge les expériences, les besoins et les aspirations de toute une population. Ceci ne peut se réaliser, sur le terrain, qu'en utilisant une «pédagogie émancipatrice», qui soit capable d'opérer une modernisation du système éducatif sportif, en tissant des relations très fortes entre pratiques et valeurs, savoirs et compétences, choix et orientations. Vu sous cet aspect, la «réussite sportive» ne serait alors qu'un simple «montage culturel», une production orientée, datée, généreusement humaine, exprimant un projet de l'homme total. C'est là une tâche noble, mais à coup sûr difficile à réaliser. Car l'histoire nous a montré qu'un «modèle sportif» mal inspiré peut engager une société dans un travers éducatif désastreux : celui du désordre et de la violence. Bien plus, il contribue à former la «personnalité d'un corps anarchique», forgée et élaborée au travers de jeux sportifs inadéquats, qui sont incapables d'ajuster le corps à un environnement culturel donné. En effet, dans les pays en voie de développement, l'institution sportive, chargée d'inscrire des «normes» sur le corps, est souvent incapable de procéder à un travail pédagogique ; celui d'ajuster les finalités de la culture sportive moderne à un environnement culturel donné.
La réussite sportive dans les 10es Jeux sportifs arabes de 2004
Après avoir mis en relief divers éléments culturels, soulevés par certaines théories explicatives susceptibles de fonder la réussite sportive, nous avons procédé à une analyse des médailles obtenues, par quatre nations (Algérie, Egypte, Maroc, Tunisie), dans les 10es Jeux sportifs arabes de 2004. Ceci est d'autant plus intéressant que ces jeux sportifs réunissent des pays qui se caractérisent, essentiellement, par un «soubassement culturel et civilisateur» commun : une certaine conception philosophique du monde et de l'homme.
Ce sont des pays d'une même «aire socioculturelle» qui participent activement, avec leur propre «culture corporelle», à la conquête d'un vaste «champ» de pratiques sportives, défini comme un «espace orienté par un intérêt commun pour le même objet, structuré sous forme d'un ensemble de positions et de relations dans lesquelles s'inscrivent des pratiques sportives» (J. Defrance, 2000). Nous avons retenu, comme critère d'étude, le nombre de médailles obtenues dans quatre catégories de sports olympiques : les sports individuels (athlétisme et natation), les sports par équipes (Volley-ball et basket-ball), les sports de combat (Boxe, judo et lutte) et un sport de force (haltérophilie). De la sorte, nous pensons cerner les «réussites sportives» qui s'avèrent être «culturellement spécifiques», et qui peuvent nous dévoiler les valeurs centrées sur des «dispositions corporelles», ayant des modes typiques de rapport au corps et au monde, avec des significations socioculturelles particulières. Cette approche permet, d'une part, de mieux appréhender le «système des différenciations culturelles multiples et subtiles qui fragmentent le monde des sports et l'univers de chaque sport, pour donner mille manières d'être sportif» (J. Defrance) et d'autre part, de prendre connaissance du «modèle» de la «structure sportive compétitive» mis en place par les quatre pays, pour asseoir une force et une puissance sportive.
Les médailles obtenues dans les sports individuels, athlétisme et natation, nous montrent l'importance accordée à la pratique de ces deux activités sportives, dans les quatre pays. L'Algérie occupe la deuxième place, suivie par l'Egypte et la Tunisie. Dans les quatre pays, la majorité des médailles est obtenue dans le noyau dur des sports traditionnels, c'est-à-dire deux sports où on court et où on nage dans un espace strictement balisé: le couloir. La pratique de ces deux activités sportives, renfermant des conditions d'égalité pure entre athlètes, nous révèle un «univers psychologique» où l'athlète semble surtout revendiquer son originalité et sa responsabilité personnelle dans «l'accomplissement de soi». En effet, dans les épreuves de «courses» (athlétisme et natation), les athlètes se dirigent tous, devant la distance à parcourir, vers le même but, mais chacun pour son «propre compte». Pas de coéquipiers, pas de partenaires. Il faut vaincre l'adversaire sans le «toucher», presque sans le «voir». On est reconnu qu'en agissant non pas «avec», mais «contre» l'autre. L'athlète semble parier «seule» sa vie : le gain suprême (le succès) ou la perte totale (l'échec) Il revendique une forme pure du «mérite individuel», et une «gratification» immédiate. C'est là, l'expression d'un style de pratique sportive «solitaire» avec tout ce que cela comporte comme «angoisse». L'athlète qui gagne, c'est celui qui a su s'assurer l'appui des «puissances invisibles». La réussite est d'autant plus légitime qu'elle peut se targuer de la complicité du «destin».
Dans les résultats obtenus dans les sports de combat (boxe, judo et lutte), le Maroc occupe la première place suivie par l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte. La pratique de ces trois activités sportives, équitablement étendue dans les quatre pays, nous fait découvrir un fort «goût» pour «l'affrontement», susceptible de donner une valeur précise et incontestable à la victoire du vainqueur, et que la «réalité sociale» refuse souvent. Dans la pratique des sports de combat, les sujets cherchent à affirmer une certaine virilité par le biais de «l'agressivité». L'efficacité combative, recherchée et développée dans chacune de ces disciplines sportives, trouve son prolongement dans la conception de «l'efficacité du combat social». L'attitude culturelle de «l'affrontement» révèle la présence du danger et de la menace permanente. Elle exprime une certaine «éthique» de la rencontre et de l'antagonisme, avec tous les traits d'un «combat mythologique entre le bien et le mal». On veut dévoiler au public une «justice intelligible». C'est ainsi que dans la pratique de la boxe, on recherche un combat sans merci et une victoire brutale. Il s'agit de rouer de coups l'adversaire, de le frapper au corps et à la tête : le mettre K.-O. !
Dans le sport de force, l'haltérophilie, la Tunisie obtient la première place, suivie respectivement par l'Egypte, l'Algérie et le Maroc. Pareillement aux sports de combat, qui se caractérisent par l'affrontement, les sports de force contribuent, eux, à orner le corps d'une «cuirasse musculaire» épaisse et efficace comme pour se protéger contre d'éventuels dangers imaginaires ou réels, et ce, afin de lutter contre une autorité non intériorisée ou de se mettre à l'abri d'un sur-moi trop pesant. Par la répétition de l'exercice musculaire intensif, «il s'agit de ressouder un morcellement du corps mis en péril dans son unité» (M. Klein). Le sport de force aurait comme objectif de rendre le corps plus vigoureux, en lui attribuant un certain pouvoir magique de résistance. Il aide l'individu à vivre une «existence masculine virile et dominatrice», sur la base d'une expérience à dimension sociale du corps où l'image collective joue un rôle déterminant. Dans les sports de force, on recherche, surtout, à «renforcer» et à «aiguiser» un certain pouvoir physique ou intellectuel. La cuirasse musculaire, dont on pare le corps, permet de renflouer l'angoisse née de ce dernier pour la convertir en une «angoisse justifiée» (H. Deutsch).
Les résultats obtenus dans les sports par équipes (volley-ball et basket-ball) font ressortir que des valeurs comme la sociabilité, la solidarité, la cohésion, la créativité, la liberté d'action, et où tout un système de règles prédomine, ne semblent pas bien ancrées au sein des «structures sportives compétitives» des quatre pays. On assiste, là, à une sorte de «tarissement », voire de « régression» de ces jeux. Comme si l'esprit de jeu, qui met « … en œuvre la vertu de la liberté, noue entre les hommes des ententes, des complicités en créant un lien interhumain, basé sur des règles et des valeurs», a cessé d'être, au sein ces sociétés, un des ressorts principaux pour l'éducation morale et le progrès intellectuel de l'individu. Ne dit-on pas que le destin des cultures se lit, également, dans les jeux ? En effet, ce que sollicitent les jeux d'équipes, c'est une «maîtrise de soi» et une «obéissance aux règles» qui transforment le jeu en instrument de culture. Les jeux d'équipes, c'est aussi des situations de communication et de coopération, de partage de tâches et de pouvoir. Leur univers est un univers de la «règle» et du «principe de la réalité».
En résumé, les médailles obtenues par les quatre pays dans les jeux sportifs arabes (2004) laissent nettement transparaître un ensemble de représentations collectives et de préjugés, en ce qui concerne la notion de réussite dans la «compétition de type musculaire» (l'agôn), qui a indéniablement une relation forte avec le statut et le symbolisme corporel. Les athlètes des quatre pays semblent mieux réussir dans les sports individuels où on court et on nage dans un «couloir» ou encore sur une surface strictement balisée de 4 m x 4 m (l'haltérophilie). On n'entrevoit la réussite sportive, que dans des espaces jalousement délimités par des «couloirs» (athlétisme et natation), des «cordes» (boxe) et des «tapis» (lutte, judo). Le corps est sous contrôle ! On a peur qu'il ne déborde ! D'où, l'image d'un modèle sportif compétitif «crispé», qui concourt à fabriquer, dans l'indifférence de la multitude, la figure d'un «héros sportif» solitaire, souffrant, vaniteux et égoïste, déconnecté de son environnement, et pour qui la réussite n'est que pure inspiration individuelle et non collective. C'est l'attitude d'un héros sportif, étroitement limitée dans son efficacité, qui fini dans l'endurcissement et l'amertume, dans le refoulement et l'orgueil. Cet «orgueil qui est le dégoût supérieur propre à tout homme qui a profondément souffert» (Nietzsche).
La «réussite» dans les sports par équipes qui contribue, généralement, à la formation de «l'homme collectif» et qui peut constituer un «îlot» de communication et de coopération, de loyauté et de perfection, est en panne. Les sports d'équipes, qui encouragent les enthousiasmes collectifs et où peuvent s'affirmer et se retremper les liens sociaux de l'humilité et de l'ouverture, ne sont nullement encouragés. L'esprit de jeu, qui est à la source des conventions fécondes et du développement des cultures, est absent. L'expressivité corporelle profonde est inexistante. On appréhende le collectif ! Ceci est le propre des cultures de peuples atomisés par des systèmes politiques, qui haïssent le collectif. C'est le propre, aussi, de cet «individualisme» enfoui dans un archétype de la culture arabe, et qui a presque toujours empêché la formation de l'œuvre collective. Comment, en effet, expliquer que les simples «courses de relais», qui ne sont rien d'autre qu'une simple addition d'une force à une autre force et d'un cœur à un autre cœur, restent absentes du paysage sportif arabe. Oui, comment expliquer que la transmission d'un simple bâtonnet (le «témoin») est-il si difficile à enseigner à une équipe de quatre athlètes ?
Caractériser les jeux sportifs d'une aire culturelle donnée, c'est un peu établir des liens avec la mentalité de celle-ci. Les traits culturels qui caractérisent les réussites, dans les jeux sportifs arabes, semblent exprimer la physionomie d'une «aire culturelle» incertaine de ses valeurs ; fonctionnant sur un mode de vie communautaire et un type culturel où semble prédominer, surtout, la volonté de gagner et non celle de jouer. Ce style de pratique sportive, enraciné dans la durée, révèle le visage et les valeurs qu'une communauté se donne d'elle-même et qu'elle souhaite donner aux autres: une communauté d'adversaires et non de partenaires. Les résultats obtenus par l'Algérie, aux Jeux sportifs arabes d'Amman (2007), viennent confirmer que l'institution sportive est en panne. Cette dernière n'a pas su créer un environnement favorable à l'éclosion du succès sportif. Bien au contraire, elle continue d'une façon éclairée, intelligente, presque méthodique, à instaurer un «mode de vie sportive» et un «climat psychologique» où les athlètes, les entraîneurs et les encadreurs ne veulent plus jouer, mais simplement gagner ? Aujourd'hui, le sport Algérien est un exemple stupéfiant de l'intégration culturelle réussie de l'affrontement (et donc de l'esprit de guerre 1) dans le jeu sportif.
L'auteur est Diplomsportlehrer
(Deutsche Sporthochschute köln, RFA), docteur d'Etat de psychologie du sport


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