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1ere partie
Publié dans El Watan le 01 - 09 - 2007

La cité des 500 Logements est située à la périphérie ouest de la ville de Tlemcen, près du pôle universitaire Abou Bakr Belkaïd d'lmama. Elle relève de la circonscription du Grand Tlemcen.
La construction de cet ensemble d'immeubles fut, croit-on savoir, financée par le ministère de l'Enseignement supérieur ; sa «gestion» est confiée à l'OPGI, à l'instar de toutes les «habitations bon marché» (telles que livrées, la dénomination HBM leur est adéquate, HLM étant carrément trompeuse).
Destinés initialement aux enseignants et travailleurs de l'université, des lycées… nombre de ces habitations ont fini par être occupées par d'autres catégories, les plus chanceux (ou, pour une large opinion, les moins caves), ceux que les lois scélérates qui font des appartements de véritables caveaux ne concernent pas, ont fui ces lieux pour d'autres un peu moins frustrants, dont la vertu essentielle est souvent d'être seulement un peu moins enclavés. Dans nos polémiques, nous surnommons ce groupe de bâtiments la cité «sans visa», allusion faite à l'émission télévisée éponyme de Samir Chaâbna qui raconte la réussite des Algériens qui résident à l'étranger et qui vivent, à quelques moyens près, les conditions enviables de leurs hôtes. Car ironiquement, dans cette cité des 500 Logements gîtent des enseignants, des maîtres de conférences dont certains ont «réussi» à publier leurs travaux dans des revues scientifiques de renom, y compris américaines (si tant est que les revues scientifiques de la première puissance mondiale représentent une référence à mentionner). Sauf que leurs conditions de vie, dans cette pouillerie, reflètent celles de vauriens qui ont tout raté.
Et ce sont leurs voitures, déjà rudoyées par l'état désastreux des voies de la cité, qui sont sauvagement saccagées (1)
Ce qui nous amène à nous interroger sur le bien-fondé des sempiternelles et incantatoires invites aux compétences algériennes résidantes à l'étranger à rentrer «servir» leur pays.
Vu les conditions qui les attendent, ne s'agirait-il pas là de plaisanteries ? De plaisanteries de mauvais aloi, cela s'entend.
Quant aux solennelles déclarations sur le budget qu'alloue le gouvernement au ministère de l'Enseignement supérieur, en particulier à la recherche scientifique, représentant pompeusement tant de pourcent du PIB (pour cette année 2007 c'est 1%), nous savons de quoi il retourne en pratique. Les pages «débats» et «opinions» de nos quotidiens nationaux dédiées à cette question et le bon travail d'investigation des journalistes montrent amplement comment les décideurs appréhendent l'idée de recherche.
Tant et si bien que discuter que «l'argent destiné à celle-ci ne lui est pas en vérité consacré, mais qu'il est voué au tourisme…, à la confection de laboratoires stériles, rudimentaires dans leur fonctionnement et une assignation à d'autres fins, puisque ce qui en ressort de concret ce sont pratiquement des manipulations d'expériences abouties racontées par la vulgarisation scientifique via Internet…», c'est carrément entretenir un discours tautologique. (Non, il n'existe pas de contradiction lorsque nous nous prévalons de publications d'Algériens dans des revues de renom, ici il s'agit de recherche fondamentale dans souvent des cas, du ressort du mérite exclusif de quelques chercheurs, parfois isolés, hélas). (2) Le budget alloué à l'université, à la recherche, ne sert pas à promouvoir le savoir, la formation, l'amélioration du cadre et des conditions de vie et de travail des universitaires, corps enseignant, étudiants et travailleurs. Il est géré comme l'est celui qu'affecte le ministère de l'Habitat ? à ces gouffres du Trésor public que sont les OPGI (dont l'inutilité n'est plus à prouver) et qui sont à l'origine de toutes les pouilleries où sont déplacées les familles, quasiment parquée.(3)
En l'absence d'une véritable ambiance intellectuelle, la diaspora universitaire algérienne est-elle prête à rentrer définitivement au bercail ? Maintenant qu'elle commence à réussir à l'étranger (avec la bénédiction de la mondialisation), ne devrait-elle pas plutôt se fixer comme objectif le passage du flambeau à la prochaine génération pour se perpétuer en mieux ? Certes, la fuite de nos cerveaux ne répond pas aux espoirs de ces humbles gens qui ont accepté énormément de sacrifices dans l'anonymat pour «aider» à leur émergence et qui espèrent un petit geste en retour : leur contribution à la sortie du pays de sa situation insoutenable de précarité et d'injustice flagrante (en comparaison de l'appareil judiciaire du «Makhzen du Grand Maghreb» en devenir, le monde de Kafka, réel, n'en serait qu'une de ses entrées).(4) Ce qui, pour les consciences qui s'y trouvent confrontées, représente un terrible dilemme ! Alors, décerner les causes de son échec à se libérer du carcan qui l'empêche de mener à bien sa noble mission dans son milieu d'origine et tâcher de s'enquérir des issues pour y remédier devient forcément pour notre élite un impératif éthique inéluctable. Mais d'abord, quelle est la nature vraie de ce maudit carcan qui les englue ? Dans sa chronique du Soir d'Algérie du lundi 4 juin 2007, Mme Leïla Aslaoui note judicieusement que les assassins de Abane Ramdane étaient «ceux qui avaient décidé déjà en 1957 que leurs pires ennemies étaient l'intelligence et sa sœur jumelle la capacité de penser».
D'où les ignares sans scrupules tiennent-ils ce legs de cruauté envers les gens de savoir, que d'aucuns voudraient absolument voir écrit dans notre ADN ?
Des penseurs et chercheurs intéressés par cette sorte de «dérèglement» n'hésitent pas à le traduire comme aboutissement des manipulations» des indigènes – que nous serions toujours – par l'administration coloniale et que certains continuent d'agréer encore malheureusement dans leurs habitudes.
Depuis l'invasion de notre pays par les troupes barbares de Napoléon III, les hommes de savoir algériens sont systématiquement réduits au silence(5). Même une fois l'autonomie proclamée, les centres de décision leur seront prohibitifs. Et si la menée est propre à tout colonialisme, il n'en demeure pas moins que la France est championne dans cette perversion, à telle enseigne qu'à ce jour, c'est une de ses remarquables spécificités. (6) En citant ses Bonaparte, Napoléon – et autres Lyautey (7) — nous ne l'incriminons aucunement gratuitement. Ces personnages négatifs sont responsables de la conduite nuisible dont nous parle Mme Leïla Aslaoui, la preuve étant apportée qu'effectivement la vilénie a existé et commencé chez eux, qu'ils sont les précurseurs de la sordide cuisine.
Dans son excellent ouvrage La révolution des savants, le mathématicien Denis Guedj raconte superbement l'épopée emblématique de ses compatriotes savants Lazare Carnot, le marquis de Condorcet, Jean Sylvain Bailly, Claude Chappe et bien d'autres…, comment ces hommes de science ont rendu possible le succès militaire de leur pays sur les Etats européens (l'Autriche, la Prusse, les monarchies coalisées…) qui lui livrèrent combat à cause justement de cette révolution instaurant la toute première République française ? Magnifiquement accompagnée de la naissance de citoyens et de lois affranchissant résolument les esclaves des colonies.
Or, celui qui fut l'artisan de la victoire, celui qui devait à juste titre occuper la place prépondérante de Bonaparte, cet homme-là ne dut son salut qu'à un obscur député (qui) le lave de tout soupçon en prononçant ses paroles : «Oserez-vous porter la main sur celui qui a organisé la victoire dans les armées de la République ?»(8) Il s'agit de Lazare Carnot, le stratège, mathématicien, physicien… (9)
Autant les savants révolutionnaires français hissèrent glorieusement leur pays au rang des défenseurs des libertés, autant Bonaparte et ses lieutenants l'ont-ils honteusement ramené à sa dimension d'hydre impérialiste.
Dès lors, il n'est pas fortuit que dirigé par des individus retournés contre leurs illustres émancipateurs, le pays de Marianne renoua avec ses pratiques de pillard.
Son destin tout tracé, à l'opposé de sa légendaire révolution des savants, se confond dans celui de l'empire insatiable, vivant des biens des pays soumis, de la sueur et du sang des opprimés. La France souillera les jalons, à peine posés, de défenseur des libertés.
Est-ce fini aujourd'hui ? (10)
(A suivre)
Notes de renvoi
1- Je ne dirais pas assez l'affiche de mésestime à notre égard, nous les victimes, de la part du procureur de la République. Dans ce même bureau j'avais déjà vu un procureur de la République se faire tout petit devant un voyou que la pègre défendait au téléphone (Incompétence, El Watan du mercredi 17 novembre 1999, rubrique : Courrier des lecteurs).
2 – Le classement de nos universités ne correspond pas à leur profil, le rang est le « cadeau » que quelques universitaires, qui sont les derniers à bénéficier des « prestations» de ces universités, ont pu offrir dignement et en toute abnégation. La descente aux enfers de l'université de Bab Ezzouar (sciences et technologie), montre à quel point ce fleuron national est déserté par l'élite qui a préféré l'exil ou la résignation.
3 – Les OPGI, organes parasites, envers des défunts Souks el fellah, ont des sièges plus «pimpants» que les hôtels de ville, pourtant échine des communes.
4 – Ayant perdu une griffe (annonce dans Le Quotidien dOran du 6 avril 2006), un policier de la 2e sûreté de Tlemcen me la restituait plus d'une année après sa perte. De ses propres dires, il l'avait conservée dans son bureau plusieurs mois : «Nous ne savions pas comment vous contacter», argua-t-il. Je répondis que c'est à la DDS qu'on s'adressait dans pareil cas (elle ne se situe qu'à quelques dizaines de mètres de chez eux). La perte du cachet ayant été signalée à ce niveau ainsi qu'à la CNAS. Plusieurs semaines après le même policier qui me rappelait me tint ces propos : «Le procureur veut pousser les investigations et demande votre déclaration de perte faite à la sûreté de daira de Mansourah. On ne m'a rien remis au commissariat», ai-je répondu. J'avais d'ailleurs demandé : «Vous ne me remettez rien ?» Et la réponse était : « Rien.» Je demandais au policier de la 2e si chez eux cela se passait différemment, s'ils remettaient une «trace» au déclarant ? Et il répondit catégorique oui. Je lui exhibais tout ce qui était en ma possession : la copie de la page du journal et des déclarations à la DDS et à la CNAS. Je retournais néanmoins à la 2e sûreté pour avoir un papier stipulant que j'avais fait ma déclaration. On me répondit qu'on ne remettait pas de papier dans pareil cas. Pourquoi donc le procureur le demandait (c'est le policier de la 2e qui l'affirmait) ? Je donnais mes coordonnées au policier du bureau concerné de la sûreté de la daïra de Mansourah le priant de communiquer à son collègue les «informations» sur cette déclaration — si nécessaire par la «voie interne». Le 21 août 2007, après un mois et demi, un policier me téléphone pour me dire qu'un collègue l'a chargé de me demander de lui ramener la «déclaration sur l'honneur» (je suppose qu'il s'agit d'un lapsus).
5 – Pour ne citer que les plus illustres : l'Emir Abdelkader, de grands cas de figure parmi les Ouléma, les médecins, les avocats et des noms comme Maurice Audin, le mathématicien dont le prix éponyme institué a été pour son inauguration décerné à un jeune professeur de l'université de Tlemcen (et qui a certainement compté dans le top 2007 des 100 universités africaines les plus performantes, Tlemcen se trouvant à la 39e place, la première du pays dans ce classement).
6 – France3, Jeudi 14 juin 2007. Dans l'émission «Ce soir ou jamais» de Frédéric Taddeï sur le G8 avec les invités Hubert Védrine, Laurent Cohen-Tanugi, Yves Lacoste, Bernard Cassen et Robin Renucci et, en live, Da Silva, Laurent Cohen-Tanugi n'a pas manqué de le faire remarquer.
7 – Nous citons ces trois pour des raisons qui apparaissent évidentes.
8 – Microsoft Encarta.
9 – N'est-ce pas que ce coup d'Etat du 18 brumaire an VIII rappelle étrangement un certain été 1963 à Alger ? Toutes proportions gardées. Pour un indigène sous la férule de la colonisation devenir pharmacien, médecin, avocat, maître d'école… c'est avoir, indéniablement, beaucoup de mérite.
10 – Quand Charles de Gaulle pronostique aux Français que «dans trente-deux ans les Algériens viendront leur manger dans la main», il ne fait aucun doute qu'il se donne les moyens pour voir juste. – Si le vainqueur de Diên Bién Phu conclut que : « Le colonisateur est un mauvais élève», c'est après l'avoir parfaitement analysé.


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