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L'huile d'olive, le pétrole de la Kabylie
Publié dans El Watan le 11 - 11 - 2007

C' est une exploitation agricole dont l'exemple se rencontre rarement dans le nord du pays. D'une superficie d'environ 300 ha, elle ne cesse de s'agrandir au fil des acquisitions de nouvelles parcelles. Plus de 270 employés, qui vont de l'ouvrier jusqu'à l'ingénieur en passant par le gardien, y travaillent à l'année pour soigner et entretenir une population de plus de 22 000 oliviers dont 80% sont de jeunes plants dont l'âge ne dépasse pas les 5 ans. A cause de la jeunesse de ces arbres récemment plantés, on commence à peine à produire mais le résultat force déjà l'admiration. Malgré l'accident climatique de l'année passée, la dernière récolte a été assez appréciable et elle a donné une huile d'olive de première qualité qui a aussitôt pris le chemin de l'exportation. Parallèlement, on a également produit de l'olive de table qui s'est vendue localement. Ce n'est qu'un début et dans quelques années, lorsque les arbres seront en pleine maturité, le marché mondial de l'huile d'olive risque de voir débarquer un géant bien décidé à prendre sa place. L'exploitation appartient à Laïd Ibrahim, propriétaire et fondateur de la marque Ifri qui produit de l'eau minérale, des sodas et des eaux fruitées. Nous sommes à Ighzer Amokrane, dans une région où l'olivier a toujours été roi. Pour rappel, la wilaya de Béjaïa possède un quart du parc à huile d'olive du pays avec près de 5 millions d'oliviers en production.
La haute Soummam, notamment le triangle Tazmalt-Seddouk-Sidi Aïch détient 65% de ce parc oléicole. Il y a de cela 5 ou 6 ans, Laïd Ibrahim, que tout le monde ici appelle Da L'hadj, s'est lancé à corps perdu dans l'oléiculture en se portant acquéreur d'oliveraies et de terrains plus ou moins abandonnés. A contre-courant de cette tendance imbécile qui voit de plus en plus d'oliveraies se transformer en plateforme à parpaings et ou en garages bétonnés. C'est ainsi qu'au fil des mois et des années, les parcelles sont venues s'ajouter les unes aux autres pour former une vaste oliveraie. Aussitôt acquis, le terrain est mis en valeur. Terrassement, nettoyage, taille, greffe, forage, irrigation, des brigades d'ouvriers se mettent au chevet des arbres malades et abandonnés. Au bout de quelques mois, le verger offre un tout autre visage. Il resplendit. Les oliviers reverdissent. Les oiseaux reviennent. La vie revient. Quand on visite l'exploitation, il suffit d'un seul coup d'œil pour reconnaître ce qui appartient à Da L'hadj. Si la parcelle est bien entretenue, elle est à lui. Si les arbres se meurent, c'est que le terrain, pour une raison ou pour une autre, n'a pas encore été acquis.
«Le travail de la terre est la base de tout»
La visite de l'exploitation nous montre partout des oliveraies impeccablement entretenues. Il n'y a pas que des oliviers, il y a également quelques vergers d'agrumes et de néfliers. Brahim, un chef d'équipe qui a sous ses ordres 34 ouvriers occupés à désherber une orangeraie de 3 ha, nous confie volontiers son sentiment : «Le travail de la terre, c'est la base de tout». Plantés en 1991 mais vite abandonnés par leur ancien propriétaire, ces orangers qui produisent principalement de la Washington Navel revivent depuis qu'ils ont changé de main. Un peu plus loin, une autre équipe d'ouvriers prépare l'olivaison. L'ingénieur scrute attentivement les fruits pour pouvoir déterminer le moment crucial de la cueillette. Le meilleur moment est, semble-t-il, lorsque les olives sont dites tournoyantes et qu'elles arborent une belle couleur rouge bordeaux qui tire vers le violet. C'est le moment où le taux des antioxydants est le plus élevé dans le fruit. Si la récolte est précoce, elle assure une huile moins acide et qui se conserve longtemps. Si la récolte est tardive, le rendement est plus élevé mais la qualité est moindre. La récolte se fait exclusivement à la main. Le gaulage est proscrit. Les olives sont récoltées à la main et des filets elles atterrissent directement dans des caisses ajourées et non dans des sacs comme cela se fait chez le particulier. S'ensuit instantanément la trituration. Pas de stockage d'olives pour éviter l'oxydation et la fermentation du produit. «Ce sont les moisissures qui donnent aux huiles le goût du rance et du lié», nous apprend Madjid Medjkoune, l'ingénieur agronome en charge de l'exploitation. L'huile obtenue est directement mise dans des cuves inoxydables pour subir une décantation gravitaire. Pour le moment, l'exportation se fait en vrac en attendant l'acquisition d'une infrastructure de conditionnement conjointe à l'huilerie intégrée que l'entreprise projette d'acquérir dans un avenir assez proche. Une infrastructure qui pourrait bien relancer l'oléiculture dans la région étant donné que l'entreprise, loin de se contenter de sa propre production, envisage de recourir à l'achat d'olives chez les producteurs qui respectent un cahier des charges préalablement établi pour assurer la qualité du fruit. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est au moment où la consommation mondiale d'huile d'olive explose que l'Algérie choisit de tourner le dos à l'oléiculture laissant le champ libre aux voisins tunisiens et marocains. «L'atout principal que nous possédons est l'achemlal, un produit du terroir. C'est une variété locale qui produit une huile d'excellente qualité. Il faut au préalable le labéliser en lui assurant d'abord une stabilité», nous explique Madjid Medjkoune.
Pour espérer pénétrer le marché mondial de l'huile d'olive, il faut respecter les normes universelles de l'extra vierge, l'huile de référence : 0,8% d'acidité libre et une note égale ou supérieure à 6,5 au test organoleptique. «Pour résumer, disons que nous avons un jus de fruits à extraire au plus vite dans les meilleures conditions», conclut notre ingénieur. L'objectif déclaré de l'exploitation est de produire une huile d'olive de grande qualité.
Une huile dite extra vierge destinée aux marchés australien, nord-américain, asiatique et européen. «Notre but est d'arriver à la maîtrise complète du processus de production recommandé», nous explique l'ingénieur Madjid Medjkoune. Ce processus oléicole va du choix du sol et de la variété à planter jusqu'au produit fini. «On fait de l'agriculture raisonnée, on irrigue, on fertilise, on soigne, on taille, etc.», dit encore Madjid. Ces méthodes de travail rigoureuses ont fait dire au DSA, le directeur des services agricoles de Béjaïa, lors de sa visite, que l'exploitation est digne d'être une école pour les ingénieurs agronomes.
Du jamais vu ailleurs
Dans l'exploitation, on ne plante pas seulement. On transplante également en récupérant les oliviers dont les gens veulent se débarrasser quand ils terrassent pour construire. Vu le rythme de croissance économ ique et la démographie galopante dans la vallée de la Soummam, le déboisement prend des proportions gigantesques.
Contre une somme modique, l'entreprise fournit les engins de terrassement et récupère la terre et les oliviers. Du jamais vu ailleurs. Des oliviers centenaires appelés à finir dans la cheminée sont taillés et transplantés. Au bout de quelques mois, ils entament une nouvelle vie. «Pour le tracé de l'autoroute Est-Ouest, on a massacré des milliers d'oliviers», se désole Laïd Ibrahim. «Si on m'avait prévenu, j'aurais récupéré tous ces troncs. Il est plus rentable de replanter une vieille souche que de planter un jeune plant», ajoute-t-il. «Le fait de couper un olivier devrait normalement être soumis à autorisation. On ne doit pas dilapider impunément un patrimoine productif», ajoute avec justesse son conseiller. Pour protéger les terrains acquis des crues dévastatrices de la Soummam, Laïd Ibrahim a entamé la construction d'une gigantesque digue de plus de 3 km. Avec une base de plus de 20 m et une hauteur moyenne qui dépasse les 3 m, cet ouvrage colossal entamé en 2004 a nécessité la mobilisation de deux bulldozers, 34 tracteurs, plus de 30 camions et des rétrochargeurs pour l'acheminement des matières premières composées de terre, de roches et de gravats. Tout ce matériel a été presque entièrement réformé à l'issue de ces titanesques travaux qui ont duré près d'une année. La digue n'est pas pour autant achevée, il faut colmater les brèches causées par les crues. Lors de notre déplacement sur le terrain, deux bulldozers étaient en train de déplacer des tonnes de gravier pour renforcer l'ouvrage sous l'œil vigilant de Hocine, le chef des travaux. Ces travaux ont permis de récupérer 57 ha, mais si l'Etat, avec ses moyens, prenait en charge la canalisation de la Soummam, ce sont des milliers d'hectares de terre fertile qui seraient récupérés. Un vieux projet pour rendre la Soummam navigable existe, nous confie M. Lahlou. Si ce projet était relancé, il pourrait assurément booster le secteur de l'agriculture, du tourisme et des transports. Nous n'en sommes pas encore là. Sur les terrains récupérés sur le DPH, le domaine public hydraulique, et qui se montent à 52 ha, Laïd Ibrahim avoue avoir dépensé beaucoup d'argent. 9 milliards de centimes pour combler les crevasses laissées par les pilleurs de sable, nettoyer et ramener de la terre avant de planter. Aujourd'hui que cette terre revit, on lui demande de payer. «Contrairement aux EAC, moi j'ai tout fait sur fonds propres. J'ai toutes les factures et tous les justificatifs. Aujourd'hui, ce que je demande, est qu'on me régularise. Cette terre a besoin d'un statut. Si la loi n'a rien prévu à ce sujet qu'on m'applique alors le même statut que celui des EAC», dit-il. La mise en valeur de terrains perdus sur le lit majeur de l'Oued Soummam n'a pas encore rencontré une véritable politique de soutien et d'encouragement de la part des services compétents.


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