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Texas : Chasse à l'immigré sur le net
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2009

Cela fait plus d'une semaine que je surveille sur mon ordinateur la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, guettant le passage d'un « illégal » à dénoncer... Le résultat est un fiasco total. C'est d'abord la couleur bleu vif qui accroche le regard de loin. Une couleur inhabituelle qui fait tache dans ces espaces immenses où dominent les ocres rouges.
Texas (Etats-Unis) : De notre correspondante
Cette région du sud du Texas, où le désert est traversé par le Rio Grande, attire des milliers de touristes américains qui viennent admirer la splendeur des paysages, faire du canoë ou observer les oiseaux dans le parc national du Big Bend. Les manuels d'histoire américains aiment dire que le Rio Grande « est la frontière naturelle avec le Mexique », oublieux du fait qu'il y a près d'un siècle et demi, les espaces au nord du fleuve étaient le Mexique. Les Mexicains ne l'appellent pas « la frontière naturelle avec les Etats-Unis » mais le Rio Bravo, et certains d'entre eux tentent occasionnellement de le traverser en catimini, histoire de renouer avec les temps bénis où l'on allait et venait librement de part et d'autre de ce fleuve magnifique. Cette région attire donc autant de touristes repus que de migrants mexicains ou sud-américains moins comblés par la vie. Plus on s'approche de la tache bleu vif, mieux on distingue un grand baril placé au sommet d'une colline sur lequel Agua Free (eau en espagnol, gratuit) a été écrit en très grandes lettres. Nous sommes bien au Texas, terre natale des « minutemen », les milices civiles qui pourchassent impitoyablement les immigrés mexicains. Et ce baril est une divine surprise.
Il a été placé là par des Texans qui sont l'exacte antithèse des minutemen, des bénévoles qui se donnent pour mission d'empêcher que les migrants périssent de soif en plein désert parce qu'ils tentent justement d'éviter et les Border Patrol (la police des frontières) et leurs supplétifs civils. Ces bénévoles font généralement partie d'associations, dont beaucoup se disent « motivées par la foi », qui lèvent des fonds dans le but de disséminer un maximum de points d'eau aux confins les plus reculés de ce désert. Le choix des lieux où sont placés les barils d'eau est décidé après recoupements d'informations recueillies auprès de la police des frontières ou des médias sur les endroits où des migrants ont été retrouvés morts. Au pied des barils, une trousse médicale est déposée ainsi que des barres énergétiques et, en hiver, des vêtements chauds aussi.
Human Border (frontière humaine), l'une de ces associations qui active dans l'Etat voisin de l'Arizona, fait contrôler de manière intensive par un réseau de 8000 bénévoles les points d'eau. Leur mission est de remplir les barils vides, vérifier que l'eau est encore propre et… réparer les dommages causés par les actes de vandalisme. « Les gens renversent les barils ou s'arrangent pour que toute l'eau s'en écoule ou écrivent dessus des choses pas très glorieuses », raconte Todd Shipman, l'un des bénévoles de Humane Border. Insultes, lettres de menaces pleuvent aussi, « notre organisation a été accusée d'aider et encourager les immigrés à traverser la frontière illégalement », ajoute le trésorier de Humane Border, Tim Holt. C'est ainsi que s'entrechoquent, pas seulement au Texas mais dans tout le sud des Etats-Unis, deux visions du monde, celle d'une « frontière humaine » et celle d'une « frontière sous contrôle rapproché ». Les tenants de la deuxième vision du monde s'appellent les minutemen, mais ils sont probablement aujourd'hui une espèce menacée d'extinction. Menacés d'extinction non pas parce que le nombre de racistes est en train de diminuer mais parce qu'un nouveau genre de patrouilleurs des frontières est encouragé par les plus hautes autorités texanes : les minutemen virtuels.
Traque virtuelle
En 2006, le gouverneur du Texas, Rick Perry, décide d'injecter deux millions de dollars d'argent du contribuable américain dans une expérience douteuse, appelée Virtual Border Watch (surveillance virtuelle des frontières). Des caméras équipées de vision nocturne plantées en des lieux connus pour être des points de passage des migrants alimentent en temps réel un site web appelé BlueServo. L'idée étant de transformer les internautes du Texas et d'ailleurs en des minutemen du net. Après plusieurs mois de retard de mise en marche du projet, le site est fin prêt et tous les « patriotes du monde » (entendre évidemment le monde occidental) sont exhortés par Rick Perry « à protéger le Texas de la menace d'un nouveau 11 septembre ». Dans un communiqué de presse mis en ligne sur le site BlueServo, le gouverneur du Texas fanfaronne : « Vingt-et- une caméras ont été utilisées dans la phase d'expérimentation, résultant en 27 940 119 visites et 2780 reports d'activités suspectes. » L'utilisation de « la technologie avancée est la clé de la protection de notre frontière et de notre nation », croit-il bon d'ajouter. Quelques médias américains ont rendu compte du projet BlueServo avec perplexité, allant jusqu'à interviewer des Australiens qui, à partir d'un bar en pleine brousse australienne, surveillent vaillamment les allées et venues des Mexicains assoiffés perdus dans le désert texan. « La protection des frontières doit demeurer l'affaire de la police des frontières, ces caméras sont une invitation aux extrémistes à participer à une chasse virtuelle à l'immigré », ont affirmé de leur côté les voix discordantes à ces mêmes médias.
Mais qu'en est-il de l'efficacité de ce projet ? Cela fait plus d'une semaine que je surveille la frontière texane à partir de mon ordinateur en Californie. Pour ce faire, rien de plus simple que d'ouvrir un compte sur BlueServo, un site pour le moins rudimentaire et pas très fonctionnel (en dépit des 2 millions de dollars) où l'on ne vous demande rien d'autre qu'une adresse email. Le paradis de l'anonymat. Une fois le compte ouvert, l'internaute peut avoir accès à une dizaine de caméras. Ensuite, bon courage ! Observer sérieusement les images de caméras plantées en plein désert relève de la démence. Regarder le vent souffler ou l'eau du Rio Grande s'écouler n'est pas une activité très excitante, et l'on finit par vouloir, pour casser la monotonie, « rapporter une activité suspecte » à tout prix. Livrer à la vindicte populaire la moindre ombre qui passe. Par ailleurs, les angles de prise de vue des caméras sont en général très larges, réduisant toute présence humaine à de minuscules taches sombres qui se meuvent et qui peuvent être des ranchers, des touristes, des officiers des Border Patrol… Enfin, si l'internaute n'a absolument aucune idée de l'endroit qu'il surveille, ne sait pas où se trouve la frontière, suppute qu'elle est du côté où se trouve l'œil de la caméra, il n'est pas difficile de deviner que les passeurs et les trafiquants ont vite fait eux de repérer les lieux où sont plantées les caméras pour les contourner. Résultat des courses : après une semaine d'intense surveillance (12 minutes de surveillance par jour est le maximum que j'ai pu accomplir) et de dangereuses identifications aux racistes et extrémistes de tous bords, j'ai repéré trois ombres inidentifiables à bord d'une barque n'allant ni d'un côté ni de l'autre du fleuve mais se tenant bien en son milieu, un paisible pêcheur, vraisemblablement un Américain, allant et venant de la rivière à son camion rouge. Fiasco total du point de vue des prises, le programme « Surveillance virtuelle des frontières du Texas » semble n'être en réalité destiné qu'à souder encore plus les Américains dans la peur de l'étranger.
Les Européens s'y mettent aussi
Un site européen de « patrouilleurs du net » basé en Allemagne a également vu le jour, The European Border Watch, s'inspirant directement de BlueServo et reprenant les déclarations du gouverneur du Texas. « Sois un patrouilleur du net, sauve ton pays » est le slogan du site qui a l'originalité et l'ambition de vouloir protéger tout le monde occidental et pas seulement l'Europe. Les internautes qui s'inscrivent sur le site peuvent surveiller des lieux aussi divers que variés, allant des frontières terrestres européennes, à leurs eaux maritimes en Atlantique et en Méditerranée, aux frontières du Texas et du Mexique, aux eaux qui séparent l'Australie de l'Indonésie, sans oublier le mur construit par Israël en Palestine ! La différence avec le programme texan est néanmoins de taille : le site de surveillance européen est une initiative privée, financée par des fonds privés.


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