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La prostitution à Bouira : Filles de joie… la joie de qui ?
Publié dans El Watan le 03 - 06 - 2009

À Bouira, comme partout dans le pays, le plus vieux métier de l'humanité, la prostitution, semble bien s'approprier, chaque jour, de nouveaux espaces, quand bien même clandestins. La dégradation des mœurs prend ainsi son envol avec néanmoins des proportions pour le moins inquiétantes.
Pourtant, pour le commun des citoyens de Bouira, capitale du Hamza, connue pour le conservatisme de ses habitants, parler de prostitution demeure un sujet équivoque, pour ne pas dire tabou. Peut-être des cas rares ? Qui sait ? Mais la plupart des personnes interrogées répondent par la négative, eux qui tentent généralement de dissimuler leur gène à la simple évocation du sujet. « Je ne pense pas qu'il y ait des endroits notoirement connus de débauche ; sauf qu'il se peut que les travestis ne le fassent discrètement. Cela peut se produire dans les endroits isolés et/où dans des hôtels qui puissent accorder quelques largesses à leurs clients », nous dira un citoyen rencontré à la place de la ville de Bouira. Dès les premières démarches que nous entreprîmes, l'enquête que nous avons engagée nous paraissait irréalisable. Mais, les échos que nous avons eu dans certains milieux, nous ont amené à ne pas lâcher prise. Le sujet mérite bien d'être traité. Que faire pour pouvoir enfin délier les langues et pouvoir percer le mystère ! Notre enquête nous emmène dans les différentes régions de la wilaya, les milieux défavorisés en premier chef, avant d'aller fouiner du côté des enseignes hôtelières et des zones touristiques réputées. Pour être sûrs de l'aboutissement de nos efforts, il faudra bien avoir une clef. Laquelle ? Un guide bien connu du milieu, mais surtout-pourquoi pas-une pro issue du milieu. Ainsi, nous faisons la connaissance de Lilia, un pseudo qu'elle a choisi elle-même pour éviter de décliner son vrai nom. Celle-ci se propose de nous accompagner lors de notre tournée dans le milieu.
« Trendif », au menu des pizzerias...
Lilia nous propose d'emblée, une virée au niveau des grands quartiers de la ville de Bouira. Les pizzerias : un lieu prisé des chercheurs de plaisirs. Selon le témoignage de notre guide, c'est là que les filles « de joie » se rencontrent et se passent le mot quant à d'éventuelles sorties « fructueuses » à négocier avec les « clients ». Pour notre interlocutrice « les pizzerias offrent un endroit discret et sécurisé où les vendeuses de charmes peuvent trouver preneurs sans s'exposer au danger. Là, on passe pour des couples légaux, et personne ne s'en fiche, y compris même les propriétaires des lieux qui ne cherchent plus à s'immiscer dans l'intimité des autres, parfois ils ne se rendent même pas compte du manège, dès lors que ce n'est là qu'un lieu de rencontre sans plus. Le reste c'est à l'extérieur », dira Lilia, faisant allusion aux services de sécurités qui, pour rappel procèdent des fois à des descentes et ferment, du coup, quelques pizzerias accusées d'avoir abrité un lieu de vente de boissons sans autorisation et pour avoir abrité un lieu de débauche. La même pratique de « trendif » (prise de rendez-vous) se fait aussi, selon certaines sources dans des endroits insoupçonnables : c'est le cas des hôpitaux, des cybercafés, salons de thé et autres… Le lendemain, nous primes rendez-vous avec notre guide de circonstance à la gare routière de la ville.
Lilia n'était pas seule ce jour-là. Elle se faisait accompagner par deux petites « belles plantes » dont l'âge ne dépasse pas les 25 ans. Asma et Saliha, sont les noms prêtés à ces filles lors de « l'exercice de leur métier ». Visiblement, ces dernières sont novices dans le métier, car si les silhouettes semblent bien se prêter au jeu, l'allure quant à elle trahit une certaine timidité visible dans leurs yeux. Celles-là tentent bien de cacher leur honte, et essayent de justifier leur sort par les problèmes qui les auraient poussées à se livrer à la prostitution. Seul moyen de survivre selon leurs propos, étant sans niveau d'instruction viable et encore moins de familles qui puissent les prendre en charge, ces filles sont convaincues qu'elle n'ont pas d'autre choix que celui-ci. Comme il fallait s'y attendre, leur destination était un salon de thé. C'est là où elles attendent leurs clients. En arrivant, nous avons demandé aux filles de nous laisser seuls, afin de pouvoir mieux observer le manège. En effet, nous n'avions pas tardé à nous apercevoir de l'ampleur de celui-ci. Des jeunes, des gens même âgés, commençaient à y affluer. La pizzeria semblait au fur et à mesure prendre des allures joyeuses. Là, les préliminaires semblent bien ne pas compter. On est bien à l'ère du direct !
Misère sociale
Un jeune, sans ménagement, demande à une jeune fille aux allures coquines, de le suivre tout simplement. La fille rétorque sans sourciller des yeux « oui, mais pas ici à Bouira. Je préfère un endroit discret. Mais, le prix, tu sais combien au moins ? 3000 DA si tu tiens à ce que je reste avec toi plus de trois heures ». Par la suite, notre guide nous explique que ce n'est là que les frais de la « passe », puisque l'on y adjoint ceux du taxi et de la bouf qui sont-évidemment-à la charge du client. Notre interlocutrice précise, comme pour se justifier, que « pour la plupart, nous ne sommes là que pour gagner quelques sous. C'est la misère qui nous a contraintes à vendre nos charmes. Il faut bien savoir, avant de nous condamner, qu'il y a des femmes qui font ça pour subvenir aux besoins de leurs enfants…. ». Drôle de réalité en fait ! Ainsi donc, l'attrait de l'argent demeure, sinon au moins dans une certaine mesure, la cause principale de la prolifération du phénomène dans cette ville où l'absence de maisons closes autorisées ouvre grandes ouvertes les portes devant ces amatrices du plus vieux métier. Celles-ci, pour la plupart, sans activités rentables, divorcées, avec ou sans enfants, et/ou pour d'autres raisons, se trouvent happées par le syndrome de la débauche.
Lorsque l'union sacrée est basée sur des raisons bassement matérialistes, le divorce est vite arrivé, nous expliquent les spécialistes en psychosociologie. « Certes, un couple ne peut pas vivre que de pain et d'eau fraîche, mais l'argent ne doit pas aussi être l'unique préoccupation des femmes », nous explique-t-on, puisque le regret vient souvent après. C'est le cas entre autres de cette fille rencontrée dans un bar à Bouira, et qui nous dira « j'ai fréquenté des gens de tout acabit, j'ai vendu ma chair pour quelques billets, mais qu'ai-je gagné ? Rien, sauf que j'ai passé 46 ans de ma vie pour rien ». « La vie est parsemée d'embûches et d'obstacles, et les plus riches peuvent devenir pauvres demain. Cela ne doit pas pourtant pousser les filles à divorcer, car elles avouent jurer de vivre avec leur mari pour le meilleur et pour le pire », dit un sexagénaire, perdu derrière sa bouteille, que nous avons rencontré dans le coin. En effet, les femmes sont, de nos jours, de plus en plus nombreuses à divorcer après seulement un bout de temps de mariage. Le nombre de divorces est en effet en nette croissance d'année en année dans notre pays, et à Bouira, dans les tribunaux, il ne se passe une audience sans que des affaires de divorce ne soient programmées. L'échec conjugal semble bien n'épargner personne. La débauche vient donc s'y incruster.


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