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Cette société raciste qui n'aime pas l'amour en couleurs
Publié dans El Watan le 26 - 06 - 2009

Nos traditions ne nous permettent pas de voir autre chose que le blanc ou le brun.» Maya, médecin généraliste à Alger, a rencontré son mari d'origine togolaise lors d'un voyage culturel à Genève en 2001. Ils vivent actuellement entre Alger et Paris pour des raisons professionnelles. Un bon compromis. Car pour eux, vivre à Alger aurait été invivable. Alors qu'Alger s'apprête à célébrer son identité africaine, comment se situe la société ? La galère vécue par les couples mixtes démontre que les Algériens se sentent Méditerranéens ou Maghrébins, mais sûrement pas Africains. «Je ne comprends toujours pas leur ressentiment à l'égard de mon époux. Même si, aujourd'hui, ils l'acceptent et que nos relations soient stables, il y a toujours dans l'air un malaise, un regard pesant lors des grandes réunions de famille», poursuit Maya. Issue d'une grande famille de l'Ouest, chez elle on ne se marie qu'avec l'accord du patriarche, et c'est lui qui décide quel homme la femme doit épouser. Alors, le jour où elle apprend à sa mère leur souhait de se marier, la mère, prise de panique, ameute les tantes et les cousines.
Pour elles, c'était «impossible, inconvenable». Sa mère la menace même de la marier de force avec un cousin pour «étouffer» le scandale. «Mariée et respectée dans ma profession, je suis considérée comme le mouton noir de la famille jusqu'à présent.» Le cas de Hassina est tout aussi poignant. Elle est mariée depuis cinq ans à un Sénégalais. «Notre vie est magnifique, mais ce n'était pas le cas au début. J'ai vécu l'enfer en Algérie. A côté, les regards indiscrets des voisines étaient amusants. Au contraire, les insultes gratuites lancées en plein visage par des voyous de quartier étaient désagréables. Je ne pouvais le supporter. Un jour, on est allés fêter l'Aïd chez mes parents. Quand un voisin est venu aider pour le sacrifice du mouton, mon mari s'est approché pour lui donner un coup de main. Soudain, on ne sait comment, le voisin a fait un pas en arrière en lâchant le couteau. Mon époux a poursuivi le rituel sans que rien ne le déstabilise. Mon père a raccompagné le voisin un peu blême. Quand il est revenu, il a appris à ma tante qu'il ne supportait pas les Noirs parce qu'ils véhiculent des maladies !» Et de poursuivre : «Même l'imam de mon quartier s'est opposé à notre union. Pourtant, Ahmed est musulman, en l'occurrence ça ne devait pas poser de problème…» Fazil Guetrane, sociologue, connaît bien le problème des couples mixtes. «En Algérie, l'individu qui emprunte la voie de la mixité est contraint de quitter son groupe d'origine.
Du moins, c'est ce qu'on voudrait lui faire croire. La vérité est qu'on ne se détache pas de la personne qu'on a été, on s'enrichit avec ce que l'autre nous offre.» Rencontrée dans un café de la banlieue algéroise, Lydia, traductrice dans une firme internationale et mère d'une petite fille, porte sur son visage les marques de son histoire. Elle s'est séparée de Jean, un homme d'affaires nigérian, en 2006. «J'ai cédé à la pression de la société. Je suis musulmane, il est chrétien. Pour ma famille, c'était un outrage. Mon oncle, qui était mon tuteur à l'époque, n'a même pas pris en considération le fait que Jean voulait se convertir pour moi. Il disait vouloir le faire même sans conviction. J'étais prête à accepter et à partir avec lui. Mais les derniers mois de notre relation, mon oncle m'a mariée de force avec un homme que je n'aime pas. Aujourd'hui, je regrette de ne pas avoir suivi Jean, le consentement d'une personne est une notion abstraite qui pèse lourd sur la conscience.» Ce douloureux dilemme est aussi vécu par les hommes. Pour Chafik, qui a également épousé une Noire, les difficultés sont apparues après le mariage. «Nadège est mon idéal féminin. On a trois enfants et nous vivons à Alger depuis une dizaine d'années. Je l'ai rencontrée à une réception, elle était belle, grande et éblouissait ses interlocuteurs. Un coup de foudre qui a conduit à une belle union. Je ne voyais pas qu'elle était Noire ou Congolaise. Je voyais juste la femme de ma vie», s'enthousiasme-t-il.
Fazil Guetrane voit dans cette compatibilité affective quelque chose d'extrêmement positif. «Le couple est une entité dynamique qui offre des possibilités infinies, encore plus lorsqu'il est mixte. Le fait d'aspirer à cette mixité témoigne d'une grande ouverture d'esprit.» Et d'ajouter : «La réussite des couples mixtes est due essentiellement à cette notion de partage et de différence, intelligemment répartis.» Mais la famille ne voit pas ce partage de la différence de la même manière. «Ce qui me blesse en ce moment, raconte Chafik, c'est que ma famille ne l'accepte pas, malgré ses efforts d'intégration. Mes tantes l'accusent même de sorcellerie, c'est abject ! Je ne pense pas que notre société soit prête à concevoir ce type d'union. Il faudra alors dépasser beaucoup de barrières et supprimer tous les clichés qu'on nous sert.» Omar est Malien. Il a épousé Malika en 1981. Tous les deux ont aujourd'hui deux fils et vivent dans une belle propriété à Blida. «Malika était étudiante lorsque je l'ai rencontrée. Sa gentillesse et son intelligence m'ont tout de suite séduit. Quand venaient les vacances, c'était un calvaire de se séparer. Au bout de quelques mois, j'ai décidé d'aller voir son père et d'officialiser les choses. Son père, très ouvert, ne s'est pas opposé à notre union. Sa seule condition était qu'on s'installe en Algérie. Pour moi, ce n'était pas un inconvénient.
Pour elle, j'ai appris l'arabe. Je reconnais que j'ai eu beaucoup de chance. Cela dit, Malika a beaucoup souffert des remarques de ses collègues masculins qui lui demandaient souvent pourquoi elle a épousé un Noir alors qu'il y a plein d'Algériens. Au Mali, on ne me pose pas cette question, au contraire Malika est traitée avec beaucoup d'égards.» Chahida a eu moins de chance. A 36 ans, elle est mère de deux adorables métisses mais séparée de son époux d'origine guinéenne. Fatigué de Batna, il l'a quittée pour partir en France. La honte et le chagrin l'ont conduite à une dépression, et le retour à la maison familiale n'a pas arrangé les choses. Ses deux frères, qui ne supportaient ni l'idée que leur sœur ait un mari guinéen, ni des enfants, lui ont «pourri l'existence». Elle a donc décidé de s'installer ailleurs. Avec l'aide d'amis, elle a trouvé un travail comme secrétaire et a pu louer un appartement. Aujourd'hui, ses enfants sont scolarisés, mais Chahida n'a plus de nouvelles du père. «Les amis de mon mari, étudiants à Batna, se sont mobilisés et m'ont tous aidée pour que je puisse avoir un endroit où vivre dignement avec mes enfants. C'était très difficile, confie Chahida, particulièrement éprouvée. Rejetée par ma famille, je me demande ce que j'aurais fait sans leur aide…»


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