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Les Iraniens à cœur ouvert
Publié dans El Watan le 26 - 06 - 2009

C'est une contestation comme l'Iran n'en a pas connu depuis trente ans. Durement réprimée, elle a aujourd'hui largement perdu de son ampleur. Au-delà du contexte politique, nous avons voulu donner la parole aux Iraniens. Pour savoir comment, au cœur de la révolte dans leur pays, ou déchirés par l'exil, ils vivent l'espoir du changement.
Les ministres des Affaires étrangères du G8 se retrouvaient hier soir à Trieste (Italie) pour une réunion largement dominée par la crise iranienne qui devrait déboucher sur une condamnation ferme du régime de Téhéran. « Nous adopterons une position particulièrement dure et claire devant le monde » sur ce qui se passe en Iran, a affirmé, en arrivant à Trieste, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, dont le pays préside le G8. Il s'est dit convaincu que la Russie « apportera son soutien » à cette position. « Un texte est à l'étude et il n'y a pas que des gens qui sont partisans de condamner, mais il y a aussi une nécessité de produire à Trieste un texte ferme, nous le ferons », a-t-il déclaré avant de quitter Paris. La Russie a jusqu'à présent adopté une ligne beaucoup moins dure que les Occidentaux sur la crise iranienne qu'elle considère comme « une affaire intérieure ». « La valeur de la vie est plus importante que d'éventuels accords bilatéraux avec l'Iran et je crois que la Russie n'aura pas de difficulté à appuyer une position commune », a cependant estimé M. Frattini. Au moins 17 Iraniens ont été tués et plusieurs centaines arrêtés depuis le début des troubles qui ont suivi la réélection contestée du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Le ministre italien a également souhaité une position commune de l'Union européenne sur l'accueil par les ambassades des « personnes en fuite et qui ont besoin de soins médicaux » à la suite de la répression en Iran. Le chef de la contestation, Mir Hossein Moussavi, s'est dit hier la cible de pressions du pouvoir pour renoncer à sa demande d'annulation de la présidentielle remportée par Mahmoud Ahmadinejad, mais a renouvelé son appel à poursuivre les manifestations dans le calme. M. Ahmadinejad, pour sa part, a demandé au président américain Barack Obama de ne plus s'ingérer dans les affaires iraniennes et traité d' « attardés politiques » « la bande qui dirige les gouvernements de Grande-Bretagne et d'autres pays européens » ayant critiqué le pouvoir en Iran.
Behi Djanati Ataï. Actrice. Paris : Où est mon vote ?
« Nous sommes toujours en contact avec l'Iran, grâce aux mails surtout. Le téléphone fonctionne moyennement. Les résultats des élections sont une mascarade. Il faut cesser cette mauvaise comédie, annuler ces élections et en faire de nouvelles avec des observateurs internationaux. Je suis révoltée par ce qui se passe en Iran, par l'ampleur de la répression. En tant qu'actrice et citoyenne, je me mets à la place des gens. Je suis une éponge. Dès l'annonce des résultats, avec des amis, on a lancé le Comité international contre la répression des citoyens iraniens. Nous avons une démarche citoyenne et non partisane. Aujourd'hui, nous avons rejoint Where is my vote ? Nous continuerons le combat jusqu'au bout pour la démocratie. » Son site : www.whereismyvote-paris.blogspot.com.
Rafah S. Téhéran : On n'arrêtera pas de protester
« La réponse à toute cette tuerie, à tous ces morts, sera encore plus de morts. On n'arrêtera pas de protester. J'ai vu une petite sœur agoniser, ces "kesafat" (saletés) doivent s'en aller pour qu'on puisse respirer. »
Qumars F. Belgique : Moussavi surfe sur la vague réformiste
« La tournure que prennent aujourd'hui les protestations suite auxdits « votes faussés » de la campagne présidentielle iranienne a été analysée ou rapprochée à plus d'un égard à la révolution de 1979. Or, il est autant fallacieux de rapprocher les positions d'un Moussavi de celles de Mosadegh à l'époque que de croire que les débats en cours visent à un quelconque changement de régime. Le passé de ce Moussavi est loin d'être inspiré par la réforme et le soutien à la liberté d'expression. Mais le climat de changement est porteur et il « surfe » sur la vague réformiste. Le soutien inattendu et quelque peu interrogateur de l'ex-président Mohamad Khatami n'y est évidemment pas étranger. Cette question de l'organisation truquée des élections a eu un mérite non négligeable : celui d'ouvrir la porte aux contestations. Depuis l'instauration du régime, aucune manifestation publique contre les atteintes aux droits humains n'a été tolérée. Ou si peu. Aucune manifestation claire de la population téhéranaise n'a été autant médiatisée. Cette population, dite ''élite'', qui se compose, comme on l'appelle de la foule ''Gucci'', avide de liberté à l'occidentale mais également d'intellectuels et de meneurs —souvent les même que lors de la révolution, d'ailleurs—, c'est ainsi qu'un Mohsen Makhmalbaf, réalisateur et activiste de gauche, a récemment déclaré que "le régime avait menti depuis la révolution et qu'il était temps de donner le pouvoir au peuple de décider pour lui-même", vise clairement un changement de régime. Mais pour les autorités, ce n'est pas de cela dont il est question. Pour la majorité rurale de la population iranienne non plus, d'ailleurs… »
Marjane Satrapi. Auteure, réalisatrice de Persopolis. Paris : Demain sera trop tard
« Nous sommes ici pour demander à la communauté internationale de ne pas reconnaître la légitimité de Mahmoud Ahmadinejad comme président. Ce qui s'est passé en Iran n'est même pas une fraude, c'est un coup d'Etat. Reconnaître la légitimité de Ahmadinejad signifierait ne pas reconnaître la légitimité du peuple iranien. Nous avons besoin que vous souteniez le mouvement démocratique du peuple iranien qui veut vivre en paix, être capable de rêver et de définir sa place comme une grande nation au sein de la communauté internationale. La révolte a un visage, celui de Neda (l'étudiante tuée par les Bassiji). Toutes les mairies doivent afficher sa photo en guise de soutien. Le peuple nous demande de faire entendre sa voix. C'est un élan donné à la continuité. Les femmes iraniennes sont depuis trois ans dans un combat pour les droits universels. L'Occident reste insensible. Aucune raison, même celle d'Etat, ne peut justifier cette attitude. Les Iraniens sont fiers de ce qui se passe actuellement dans leur pays. Il y a un rapport de forces aujourd'hui en Iran. Nous en faisons partie. Il n'y a pas d'unité (autour du Guide), elle est fantasmée. Ne croyez pas les ''analystes scientifiques'' qui vous disent qu'il y a une unité autour d'Ahmadinejad. C'est complètement faux. Ce qui arrive aujourd'hui couve depuis une dizaine d'années. Ce sont essentiellement les femmes qui portent cette révolte. Le nombre de votes de M. Moussavi, 19 075 723 voix, de Karoubi 13 387 104, et de Mahmoud Ahmadinejad 5 698 000 votes : c'est tout. C'est 12% des voix, pas 62. C'est aujourd'hui qu'il faut aider les Iraniens. Demain sera trop tard. »
Parsa J. Téhéran : Les victimes, encore des jeunes
« Comme d'habitude d'ailleurs depuis le début de la révolution, les victimes de cette histoire sont encore les jeunes innocents qui se sont jetés devant les balles et qui ont donné leur vie ou qui subissent la prison. »
Mahdi Jahandar. Suisse : Sucer le sang des plus démunis
« En tant que jeune parmi d'autres, même si je suis triste pour les victimes de ces changements, je pense que la suite des événements amènera forcement un peu plus de liberté privée. Mais cela ne sera pas forcément la liberté d'expression. Et la famille corrompue, comme un mal nécessaire, va continuer à sucer le sang des plus démunis, au prix de la stabilité et de la réconciliation avec les autres pays qui ont des intérêts en Iran. Le pouvoir va donc partager les richesses, le grand marché et la main-d'œuvre bon marché du pays avec les grandes multinationales pour continuer à régner jusqu'à ce qu'une opposition assez forte le renverse. En attendant, il faut continuer à défendre un processus démocratique et une réforme depuis l'intérieur du pays. »
Spideh Ferkhoudeh. Journaliste à RFI : Dans les provinces, les habitants continuent de se révolter
« Il est très difficile d'avoir des informations d'Iran. Les manifestations continuent. Mercredi, il y a eu encore des morts. Je suis admirative des Iraniens qui continuent de se battre et qui sont loin d'être abattus moralement. Il y a un ras-le-bol général contre ce régime. La société civile aspire à vivre normalement. Les manifestations se sont un peu calmées à Téhéran à cause de la terrible répression, mais dans les provinces les habitants continuent de se révolter. Nous assistons à un cycle de révolte/répression. Aujourd'hui à Téhéran, il y a un grand déploiement des forces policières. Ces manifestations ont le mérite d'avoir discrédité le Guide, Ali Khamenei qui s'est posé en véritable patron d'Ahmadinejad. Depuis dimanche dernier, il devient miraculeux de se connecter à des sites iraniens locaux. Le monde entier avait les yeux braqués sur l'Iran. Les autorités iraniennes contrôlent désormais l'accès à ces réseaux grâce au système de surveillance sophistiqué que Nokia et Siemens avaient mis à leur disposition. Les images n'arrivent plus et les gens croient qu'il ne se passe plus rien. Mais ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'images que la révolte ne continue pas. »
Hesam R. Belgique : Rafsanjani est en train de couler
« La politique iranienne n'a jamais été facile à décoder. De nombreuses fausses pistes sont apparues et il est devenu difficile de trouver qui étaient les réels concurrents et quels étaient les enjeux politiques. Dans cette bataille, le soi-disant dirigeant suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a remporté une victoire certaine. L'éminence grise de la politique iranienne, Rafsanjani a, lui, subi une cuisante défaite. Compte tenu de l'importante marge (63%) avec laquelle Mahmoud Ahmadinejad a prétendument gagné avec le soutien sans faille de son mentor Khamenei, il est tentant de dire que comme l'énorme baleine du roman épique de Herman Melville, Moby Dick, Rafsanjani est en train de couler, profondément blessé par le harpon, dans l'oubli froid de la mer de la politique iranienne. Mais on ne peut jamais réellement l'affirmer. Si on doit laisser de côté la ''foule Gucci" largement inconséquente de Téhéran-nord, qui sans nul doute a donné pas mal de couleur, de verve et de joie à la campagne de Moussavi, le gros de sa plateforme politique comprenait des intérêts personnels puissants visant à s'emparer du pouvoir aux mains du régime dirigé par Khamenei. D'un côté, ces groupes d'intérêts s'opposaient sérieusement aux politiques économiques d'Ahmadinejad, qui menaçaient leur contrôle de secteurs clés tels le commerce extérieur, l'éducation privée et l'agriculture. » Le message de Khamenei à Rafsanjani est direct : accepter la défaite avec grâce et éviter plus de malversation. L'élection de vendredi permet à la maison du dirigeant suprême Khamenei de rester à l'évidence le centre névralgique du pouvoir. Ce sont les quartiers généraux de la présidence du pays, des forces armées d'Iran, spécialement des IRGC. C'est la source des trois branches du gouvernement et le point nodal des politique étrangère, sécuritaire et économique.
Adlène Meddi, Mélanie Matarese, Sarah Lou


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