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La fête de Ianaïr : Les rites et la mémoire
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2010


La mythologie romaine
Saturne est un dieu ancien de la mythologie romaine. Il est la divinité des semailles, de la vigne, de la fertilité et de l'abondance. Il préside aux travaux agricoles. Janus est une divinité aussi ancienne que Saturne. Il est le dieu de tous les commencements, dont celui du jour, du mois et de l'année. Il est le gardien des portes (Janus en latin signifie le «gardien des portes», de januae, portes) et celui des transitions. Il est prince légendaire du Latium (l'Italie primitive). Saturne est chassé du ciel par son fils Jupiter. Janus l'accueille et lui donne un asile digne de son rang divin. En remerciements, Saturne le dote des facultés exceptionnelles dont celle de garder la mémoire du passé et de voir l'avenir. A eux deux, ils apportent aux hommes la paix, la fertilité et l'abondance, l'âge d'or. Leurs deux noms sont associés à cette époque mythique.
Durant l'Antiquité romaine, Janus est couramment figuré sur les pièces de monnaie sous l'aspect d'un homme barbu dont la tête porte deux visages opposés, regardant l'un vers l'avant, l'autre vers l'arrière : le passé et l'avenir. Ses attributs sont la clé et le bâton du portier. L'histoire : Romulus, fondateur de Rome avec son frère Remus (750 avant Jésus Christ), ne trouve pas de gens pour peupler son royaume. II accueille des esclaves évadés et des hors-la-loi auxquels les tribus voisines refusent de donner leurs filles en mariage. Parmi ces tribus, les Sabins, alors l'une des plus puissantes. Romulus utilise un stratagème : il invite Sabins et Sabines à des jeux au grand cirque, enlève les jeunes filles pendant le spectacle et les donne en femmes à ses compagnons.
Une guerre s'ensuit. Elle ne prend fin que le jour où les Sabines s'interposent entre les combattants en offrant aux lances et aux piques les bébés qu'elles avaient eus avec leurs ravisseurs. Les deux peuples se réconcilient et fusionnent. Numa : inventeur du mois de janvier, (Ianaïr) et de février : Romulus, qui avait assassiné son frère Remus, assure la royauté sur les deux peuples fédérés. En 714/715 avant Jésus Christ, les sénateurs romains l'assassinent, laissent croire au peuple que des vents célestes l'avaient appelé auprès des dieux et offrent sa couronne à Numa Pompilius, d'origine sabine. Numa modifie l'année romaine qui comptait 304 jours et commençait en mars. II lui ajoute deux mois, celui de januarius (janvier) ou mois de Janus et celui de februarius (février) ou mois des februum (les purifications). Il institue des fêtes spéciales en l'honneur de janvier. Il déplace au 15 février les fêtes de Lupercales qui se tenaient habituellement le 15 mars (de Luperca, nom de la louve qui avait allaité Remus et Romulus).
En se référant au mythe sacré de Janus et de Luperca, Numa le Sabin entendait assurer aux Romains (ses hôtes) qu'il se liait à eux par les mêmes devoirs moraux que ceux qui avaient lié Janus et Saturne et qu'il faisait siennes les traditions mystiques relatives à l'origine de Rome. Janus étant le dieu des Commencements et de la Mémoire, il est aussi celui qui se souvient du passé et surmonte son amertume pour construire un meilleur avenir. L'iconographie représente le mois de janvier sous l'image d'un sénateur romain jetant de l'encens dans le feu d'un autel ; à son côté se dresse un coq pour certifier que le sacrifice a été fait au début du premier matin de l'année nouvelle. II est aussi représenté par un Janus à deux têtes ; ailleurs, il porte des ailes, symbole du temps chez les Romains. Qu'un sénateur romain encense janvier est la preuve de la haute importance de ce mois et du rituel qui lui était consacré.
Les finales latines tombent dans le langage parlé dès le 1er siècle après J. C. januarius se prononce très tôt Ianaïar ou Anaïr dans la langue populaire. Numa étant l'inventeur du mois de januarius, on relierait à tort notre Ianaïr à une autre époque ou un autre personnage. Les idées reçues étant extrêmement difficiles à contredire par la logique et l'évidence, il faut souligner qu'avant le couronnement de Numa, janvier n'existait pas comme mois de l'année. La légende qui dédie Ianaïar à une victoire remportée sur le Pharaon Ramsès (elle ne dit pas lequel) est une flatteuse invention. L'événement est situé à des dates différentes d'une région à l'autre de l'Algérie et d'un «sachant» à l'autre. Les écarts dépassent les 1000 ans entre Tlemcen et Tizi Ouzou, un temps plus long que les règnes réunis des 3 Ramsès et de Sethi 1er, soit 140 ans (1291 – 1153).
Lanaïr en tête de l'année :
II est probable que du temps de Numa déjà, le mois de Ianaïar ait déjà été considéré comme le début d'une époque, sinon de l'année. Mois dédié à Janus, le dieu des Commencements, le maître des Transitions, des Portes, il était normal de le placer au début de tout cycle. Mais c'est avec Jules César que janvier trouvera officiellement sa place en tête du comput. En 46 avant Jésus Christ, en effet, le grand empereur romain, sur conseils de l'astronome grec Sosigène, reforme le calendrier. Il fixe à 365 le nombre des jours de l'année et institue une armée bissextile tous les 4 ans. Le jour supplémentaire était le 24 février (qui était donc double tous les 4 ans). Jules César fixe janvier comme 1er mois de l'année. Sans doute ne faisait-il qu'entériner une primauté déjà inscrite dans la sensibilité religieuse et la pratique.
Le calendrier connaîtra une nouvelle réforme en 1582 à l'initiative du pape Grégoire XIII qui garde, lui aussi, janvier au premier rang des mois de l'année. Le décalage de 12 jours du lanaïr berbère : Ianaïr est fêté uniformément le 12 janvier à travers le pays. Le décalage de 11 jours s'est produit le 2 septembre 1752. Cette année, en effet, l'Angleterre ayant décidé d'adopter le calendrier grégorien, les astronomes furent invités à vérifier leurs calculs. Ces derniers révélèrent que le temps sidéral avait pris 11 jours d'avance sur le calendrier usuel. On fit les ajustements voulus en décrétant que la journée qui suivait le 2 septembre 1752 (soit le 3 septembre) serait supprimée et remplacée par le 14 septembre 1752. La réforme ne nous a pas concernés. Notre Ianaïar est resté fixé à sa date primitive. II a donc accusé un décalage de 11 jours par rapport au 1er janvier, c'est-à-dire reporté au 12e jour de ce même mois de janvier. C'est la date fixe à laquelle nous le célébrons… depuis 1753.
Rappelons que les jours n'étaient pas comptés à partir de minuit, mais à leur lever. Le coq de la numismatique et de nos poulaillers sonne son commencement. Lanaïr dans le Chélifien (Dahra, Ouarsenis) : le drez ou tredek : C'est la nuit ou toutes les pièces de la maison et les dépendances sont purifiées avec l'encens et où chaque membre de la famille a droit à un poulet entier souvent farci. La farce traditionnelle était faite exclusivement de plantes aromatiques cueillies et séchées au long de l'année, en prévision de l'occasion (basilic, marrube, romarin, menthe…). Les plumes des volatiles sont précieusement gardées par les enfants afin qu'elles leur assurent la longévité jusqu'au prochain Ianaïar. Le lendemain, on attribue à chaque enfant de la famille, la propriété du poulet dont il se régalera l'année suivante. II a pour charge jusque-là, de le nourrir et le soigner. En accompagnement du poulet, la tradition prévoit le non moins obligatoire berkoukes (gros couscous). II est différent du couscous et cuit dans sa sauce, à la différence du premier, qui est passé à la vapeur.
Les grains trop volumineux résultant du roulage du berkoukes et de son criblage sont pétris en pâte avec laquelle on confectionne des petits godets. A chaque godet, la maîtresse de maison assigne le nom d'un mois de l'année. Les douze godets sont sortis dehors, et le matin, en fonction de l'humidité condensée sur chacun d'eux, on prédit la quantité de pluie qui tombera ou ne tombera pas au cours du mois correspondant. La nuit de Ianaïr est celle ou l'on procède au remplacement des trois pierres du foyer par de nouvelles. Cette même nuit de Ianaïr, on place le ou les derniers nés de la famille dans un grand panier en vannerie et on fait couler en pluie sur leur tête, les 13 fruits secs. C'est celle aussi où l'on mange le drez ou les tredek, deux mots désignant le même ensemble de 13 fruits secs. La tradition du drez ou tredek est, selon les uns, une copie des réveillons chrétiens où l'on mange treize fruits secs.
…La douche aux fruits secs des nouveaux-nés ressemble à un rituel baptismal… Mais les hypothèses restent ouvertes… Un fait est certain : dans les campagnes et les montagnes, le drez est parfaitement ignoré. Le drez berbère est bien évidemment le nombre treize. Il est concurremment employé avec son synonyme tredec. Tredek est en grec, le nombre tria kai deka, abrégé en tria deka, qui signifie… treize. On en dirait autant de Ianaïr qui se dit Ianouar(iou en grec. Des mignardises de langue postérieures à 1962 sont en passe de substituer à tredek le mot dekadek qui ne signifie rien. A Chlef, les plus de 60 ans ont toujours dit, et entendu dire, tredek pour les 13 fruits secs de Ianaïr.
Kouadri Mostefai Bouali : ex-enseignant au département des langues de
l'université de Chlef
N. B. :
– La symbolique des actes rituels de Ianaïr est éludée dans ce papier.
Le plus urgent et de remeubler nos mémoires de faits probants. Etape nécessaire… avant la démilitarisation des mystiques… et la possibilité de dire sans provoquer l'anathème.
– Les variantes culinaires des repas de Ianaïr sont nombreuses d'une région à une autre du pays. Certaines sont des dérives, des perversions franches de la tradition et de sa symbolique alimentaire. Les constantes demeurent le poulet aux herbes aromatiques et le berkoukes .


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