Les quais d'embarquement de la gare routière d'El Khroub sont quasi déserts ; de tous les bus assurant les liaisons inter wilayas, seulement ceux en partance pour la wilaya de Guelma sont garés, en attente de passagers. Quant aux cars desservant les localités limitrophes, ils sont présents dès le matin, assurant une navette fluide vers Aïn Abid, Ouled Rahmoun, El Gourzi, Bounouara, Benbadis et Sigus, dans la wilaya de Oum El Bouaghi. Egalement, les quelques voitures stationnées sur la voie réservée aux taxis sont celles assurant les destinations vers quelques localités et wilayas voisines. Les usagers, essentiellement ceux désirant se rendre dans les wilayas de Batna, Khenchela, Souk Ahras, Oum El Bouaghi, Alger, Annaba, Oran, Bechar, Ghardaïa, et voulant éviter les déplacements lassants à Constantine, crient leur ras-le-bol de ne pas trouver de transport. L'ouverture de cette infrastructure en août 2007, qui avait pour objectif de mettre fin aux stations précaires installées aux extrémités de la ville, devait apporter plus de confort aux voyageurs, notamment avec un plan de transport urbain, interurbain et inter wilayas. Cet ouvrage qui a pourtant coûté la bagatelle de 150 MDA (millions) à la commune d'El Khroub, et a connu des atermoiements, des griefs à l'entreprise en charge des travaux et surtout de multiples déboires, particulièrement financiers, ne semble pas répondre aux besoins des usagers. Est-ce un problème de manque de bus ou bien d'inexistence de lignes, alors qu'il a été prévu d'accueillir 160 bus et 200 taxis ? En tout état de cause, les voyageurs que nous avons rencontrés sur place évoquent les deux problèmes. Certains, accompagnés de leurs familles, disent avoir « enduré des heures d'attente fastidieuses allant jusqu'à une heure du matin, sans avoir pu trouver le moindre bus ». Qualité de service, dites-vous ? Quelle serait l'amélioration la plus importante à apporter ? « L'offre de transport », répond tout de go Omar, un jeune homme résidant depuis quelque temps à El Khroub avec son épouse et ses deux filles. « Je ne doute nullement de la qualité des services, mais le point noir de cette gare est l'absence d'itinéraires vers certaines wilayas de l'Est, comme Tébessa où se trouve toute ma famille », dit-il. Omar et d'autres voyageurs affirment que les bus venant de Constantine en direction des wilayas de Souk Ahras, Oum El Bouaghi, Khenchela, et Tébessa ne rentrent pas en gare pour embarquer les passagers qui attendent impatiemment durant des heures. « Ils embarquent et font descendre les voyageurs sur l'autoroute, sans tenir compte des dangers encourus », lancent-ils avec amertume. Cette anomalie a été confirmée par le gérant, Smaïl Sebbakhi, qui avait déjà soulevé ce problème dans une correspondance adressée à la sûreté de la daïra le 26 janvier passé en demandant l'application de l'instruction du wali ; celui-ci a ordonné, lors d'une rencontre tenue au mois de Ramadhan écoulé avec les autorités concernées, l'installation d'un barrage routier à l'entrée de la gare, sur le tronçon reliant cette infrastructure à la cité Massinissa. Une façon de forcer les conducteurs à respecter la réglementation. Mais, contre toute attente, l'on apprend que des usagers ont brutalement trouvé la mort au moment où ils traversaient l'autoroute dans la précipitation, dans la crainte qu'ils étaient de manquer l'autobus. Une catastrophe évitée suite à des étincelles électriques De divers dysfonctionnements ont été constatés dans cette infrastructure nouvellement construite. Les services de l'APC et ceux de l'ADE ont été avisés sur les problèmes prévalant actuellement, dont certains nécessitent une intervention rapide. Il s'agit d'abord, selon Smaïl Sebbakhi, d'un problème crucial lié à l'étanchéité, caractérisé par les traces d'humidité apparaissant sur les murs, ayant failli causer, l'hiver passé, une catastrophe, évitée de justesse. En effet, des étincelles d'électricité se sont déclenchées d'où on ne sait où, mais en présence d'humidité... Les voyageurs qui attendaient leur bus ont été saisis de panique. Parce ce qu'il est important que la gare routière ait une exploitation de qualité, le gérant évoque, dans une correspondance adressée au P/APC, en date du 13 avril 2009, les fissures sur la majorité des murs, ainsi qu'au niveau des escaliers de secours, l'absence d'eau depuis le mois de mars 2008 et d'abribus, la non-installation de compteur pour chaque commerçant, etc. L'on saura que certains de ces derniers ont déjà plié bagage. Samail Sebbakhi dit avoir dépensé près de 4 milliards de centimes pour effectuer plusieurs travaux de réfection. Il appelle, par ailleurs, les autorités communales à honorer leurs engagements en entamant le suivi et le contrôle dont est privée la gare routière depuis sa mise en service.
